C’en est trop, je m’insurge, m’indigne. Lors d’une simple commission dans un super marché pour acquérir quelques fournitures scolaires, je le vois partout. L’effigie rougeâtre trônant fièrement sur des produits destinés à des enfants, des ados. Qui arboreront ce visage avec hauteur. Pensant qu’ils transmettent la pensée révolutionnaire d’Ernesto l’argentin. Pensant qu’ils appellent l’humanité au respect et à la liberté.

Le che. Bourreau du XXème. Fou insensé, encensé.

 

Si le symbole était respecté. Que ceux qui le portent respectaient ses idéaux marxistes et staliniens. Prônant la violence et la haine pour aboutir à ses résultats. Exaltant des foules pour qu’ils acceptent de troquer une dictature pourrie contre un gouvernement totalitaire.

Mais non, aujourd’hui Guevara, « L’homme », n’est que le symbole d’être cool. Il tient la jambe à Bob Marley. Je ne doute pas que dans quelques années, il aura –de son vivant- contribué à créer le reggæ. On voit en Guevara le personnage branché, libre, révolté. Si tu aimes le Che, alors tu as un esprit qui sort du système. Tu es un r3b3l.

Oublié sa pensée révolutionnaire, anti-impérialiste et sa volonté d’imposer un monde communiste. Oubliés ses connivences avec L’URSS. Oublié ses massacres gratuits de chrétiens dans les prisons cubaines. Oubliés ses tribunaux sommaires ou il accusait de crimes de guerre des personnes qui en avaient fait autant si ce n’est moins que lui. Mais l’histoire appartient au vainqueur. Et il en faisait partie à ce moment là. Il était du mouvement du 26 juillet victorieux.

Savez vous seulement pourquoi ? Pourquoi cet image de personnage détendu et décidé. Ce romantisme nonchalant qui lui colle à la peau. C’est parce qu’il a échoué. Echoué en Bolivie. Son exécution a fait de lui un martyr. S’il avait réussi en Amérique du sud, ou en Afrique. Il en aurait été autrement. « L’homme » serait comparé à Staline. On le verrait comme un psychopathe funeste. On le verrait sans masque.  

Certes, cet homme n’est pas un démon. Certes, il a défait une dictature à cuba. Supprimé Batista qui n’était rien d’autre qu’un dangereux assassin au pouvoir. Mais Guevara n’est rien d’autre qu’un leader d’une révolution ratée. Comme Marat ou Robespierre l’étaient chez nous. Et comme eux, il mérite l’oubli. Décider de la vie et de la mort de personnes ne partageant pas notre opinion est un abus de pouvoir. C’est une hérésie par rapport à l’humanité que chacun est censé porté en soi. Il s’agit tout bonnement d’une question de tolérance et d’éthique. Vénérer un homme qui a encouragé des exécutions publiques, et en a effectué plusieurs lui-même est une inconscience. Il s’agit de créer un précédent. Justifier la violence pour arriver à ses fins. Justifier le mal pour en supprimer un autre sans être sûr que la gangrène s’arrêtera. C’est une question d’éthique. Devrions nous élever Napoléon au rang de Héros national alors qu’il ne vaut pas mieux qu’un certain Hitler. L’histoire est remplie de tels hommes. Guevara est l’un des seuls qui soit adulé. Parce que son image désintéressée a occulté le reste de sa personnalité. Et sa volonté d’exemplarité a éludé sa quête violente.

 

Qui plus est. Autre question d’éthique, ici par rapport aux personnes acquérant les objets de mon courroux. Guevara était anti-capitaliste. Communiste. Acheter des produits à son effigie pour perpétrer son souvenir et augmenter la cagnotte des multinationales n’est il pas contraire à son souvenir ? 

Comme quoi, adepte ou non du Personnage. Se pourvoir d’effigies de Che Guevara est chose insensée.