L’âge des ténèbres de Denys Arcand

Dernière montée des marches à Cannes pour le 60ème Festival, séance à 23H30, tenue de soirée et noeud papillon obligatoire, et c'est partie pour une descente dans l'Age des ténèbres du québécois Denys Arcand ( Le déclin de l'Empire américain, Les invasions barbares). En attendant sa sortie, en septembre 2007 en France, en voici un avant-goût.

Après les invasions et le déclin, il semblait logique que Denys Arcand s’attaque à l’Age des ténèbres, âge où les épidémies menacent, la famille est détruite, la morale inexistante, la démocratie en chute, âge où règnent les jeux vidéos, les dépressifs, les médias, ou encore les plats surgelés. Quel choix reste-t-il alors hormis celui de réinventer sa vie en la fantasmant? Marié à Diane Kruger, lauréat du prix Goncourt, leader politique … Jean-Marc Leblanc, fonctionnaire de province, est alors pris dans un engrenage terrible entre rêve et réalité…Très vite, le décalage entre les deux devient insoutenable et il va devoir bouleverser ses deux vies pour en sortir sain d’esprit. Parmi ces fantasmes, la belle Diane Kruger, qui une fois de plus s'illustre dans un film différent, et Emma De Caunes. On retrouve également Bernard Pivot ou Thierry Ardisson dans leurs propres rôles.

Une fois encore, Arcand signe un film décalé, entre le loufoque et le tragique, sur la condition humaine de notre société moderne. Cet homme, plus que banal, vit avec une femme carriériste indifférente et deux jeunes adolescentes types. Transparent, il connaît la galère des transports en commun et écoute toute la journée le malheur des autres. Un regard cinglant et lucide, des passages loufoques où l’humour noir et la dérision trônent, pour une satire sociale plus effrayante que comique.

Ce film, très attendu au Québec, a reçu un accueil plutôt froid à Cannes, ou, devrais-je dire, silencieux. Différents univers s’entrechoquent, ce qu’il est, ce qu’il rêve, ce qu’il devient. On passe du comique au dramatique, de l’introspection à un tournoi médiéval. Certains parleront de dispersion, d’enchaînements de scènes qui n’ont aucun lien entre elles, et pourtant je ne suis pas d’accord. Les ruptures de tons sont propres à Arcand, les dialogues sont mordants et, au final, le questionnement a bien lieu. Je pense que c’est un film à voir et à accueillir comme il se doit dès le 27 septembre dans les salles françaises.

2 réflexions sur « L’âge des ténèbres de Denys Arcand »

  1. belle critique
    bonsoir julie, je ne connais pas le film et pour cause mais votre sritique me donne envie de le visionner. Savez vous comment il a été reçu au québec ?

    merci

  2. paradoxe
    En fait ce qui est plutôt paradoxal et mal accueilli au Québec c’est que le film sort en septembre 2007 en France et en décembre 2007 au Québec. On ne peut donc que se fier aux avis cannois. dans l’ensemble le film ne fait pas le bruit des invasions barbares. Il séduit le public mais moins les professionnels. Certains gags font un flop. On parle d’un film bancale qui se cherche et aurait mérité quelques mois de plus pour murir… Moi je suis pas d’accord mais les goûts et les couleurs…

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