A l’occasion de cette sinistre affaire…
En suivant l’Affaire, chacun a pu apprendre le fonctionnement de la justice et des medias américains. Ce n’est pas sans intérêt, ni offrir des réflexions sur le système démocratique d’Outre-Atlantique.
Tout d’abord l’indépendance de la Justice qui permet de poursuivre n’importe qui sans avoir à en rendre compte à une autorité supérieure. Inimaginable en France, car le Parquet est aux ordres du ministère. Ce qui implique que cette affaire en France serait immédiatement politique.
Ensuite l’écoute du plaignant. Pour un tel sujet, en France, le temps n’est pas si loin où la Police accueillait avec suspicion (pour le moins) une telle plainte. Aux Usa, s’il s’avère que la plainte est malvenue, on risque la prison.
La vitesse de réaction de la justice est sans commune mesure avec la nôtre qui prend toujours son temps grâce à des délais en tous genres, jusque ce que le temps judiciaire n’ait plus de rapport avec celui de la vie courante. Plus de 20 ans pour Chirac par exemple.
Certes les moyens disponibles sont plus importants que les chiches nôtres.
Ensuite, la police conduit l’enquête à charge et le juge n’est là que pour décider au vu des preuves apportées par la police. Lorsque tout est en place, la défense est informée des griefs et seulement alors commencent ses choix pour sortir l’accusé de son problème. Et la défense a alors le droit d’enquêter, de contredire, de démonter l’accusation au profit de son client. Ce qui signifie qu’il vaut mieux avoir de l’argent pour se défendre en regard du coût des investigations à mener.
Il faut faire passer le présumé coupable en un plus ou moins innocent. Pas de juge d’instruction enquêtant à charge et à décharge.
On ne passe pas en procès pour autant. Car si l’on plaide coupable, on peut négocier avec le juge la peine que l’on va recevoir.
Il faut aussi savoir que les circonstances atténuantes n’existent pas. Non coupable, on risque au procès qui alors a lieu, au maximum des peines et à leur cumul. Pour Madoff, ce fut plus de 100 ans.
C’est pourquoi les commentaires français sous-tendent notre mode de fonctionnement.
Il en est de même pour la relation par les medias américains. Selon la constitution US, la liberté est totale. Donc toutes les enquêtes sur la vie privée, toutes les images des accusés d’une affaire sont permises. Préférons-nous les excès des tabloïds ou la collusion entre politique et medias qui frise l’omerta avant le lynchage ? Pour certains, les deux à la fois !
Il ne faut pas oublier que les USA ont une histoire brève et que leur culture est un mélange de puritanisme originel et de conquête brutale de l’espace.
Bonjour Jacques,
[quote]la défense a alors le droit d’enquêter, de contredire, de démonter l’accusation au profit de son client[/quote]
Me souvenant du film « [i][b]Kramer contre Kramer[/b][/i] », que je pense raisonnablement représentatif de la réalité des 10% seulement d’affaires qui vont au procès, la stratégie des avocats est moins de défendre leur client que de démolir son adversaire.
La conséquence en est que si avant le procès il y avait un curseur qui se plaçait quelque part entre un coupable et une victime, au sortir du prétoire, il y a deux traumatisés.
Le pire étant dans les cas de crimes avérés (les seuls où la vérité est en nuances de gris, plutôt qu’en noir et blanc), la victime en sort encore plus salie qu’elle n’y était entrée ; un comble !…
Très exact!