Il est curieux de constater que l'adultère soit toujours illégal au Sénégal. L'adultère n'étant qu'un problème privé mettant en cause 3 personnes, il est révélateur de voir la justice pénaliser la chose.

Entre personnes consentantes, si elles ne le sont pas cela ne s'appelle plus adultère, cette pratique relève de la liberté individuelle.

Comme il appartient au conjoint de ne pas apprécier la chose et de demander le divorce.

Cette répression est un recours contre le délit d'atteinte au droit de propriété. Les femmes étant considérées comme la propriété des hommes, selon leur statut : leurs pères et frères et ensuite 1/2, 1/3 ou 1/4 de mari selon le nombre de co-épouses…

Ces hommes, "propriétaires" de leurs filles, soeurs ou épouses, se sentent en droit de contrôler, diriger celles-ci. Avec l'assentiment des autres hommes, qui bien sûr ne rompront pas cette solidarité de propriétaires. Logique de classe oblige.

Profondément phallocratique, notre société masculine défend classiquement ses abus par d'autres abus. Le fait que nombre de femmes soient d'accord avec cette dictature morale n'est pas une preuve du bien fondé de la chose. L'aliéné (au sens d'inférieur) défendant fréquemment son oppresseur y compris en participant lui-même à l'oppression.

Le jour où l'opprimé prend conscience de sa situation d'opprimé, l'oppression n'a plus longtemps à vivre. La plus grande victoire de la phallocratie c'est d'arriver à rendre complice les femmes de leur propre oppression par l'intermédiaire de l'éducation, des coutumes et de la pression morale.

La justification de la condamnation faite par les religions ne tient pas la route. La religion est une affaire privée et ses condamnations ne peuvent me concerner qu'en tant que croyant, pas en tant que citoyen. Tous les citoyens de ce pays ne sont pas croyants, même si peu osent le dire. La pression sociale étant suffisamment efficace pour dissuader un grand nombre de personnes de s'opposer à cette dictature morale.

Je fais parti des non croyants, ce qui ne veut pas dire que j'approuve l'adultère, mais ne pas approuver un acte n'implique pas obligatoirement le désir d'en faire un délit condamnable.

En réalité, si le nombre des adultères est si important et si on en parle autant chez nous, c'est qu'il y a un réel problème au niveau du mariage. Mariages arrangés, mariages forcés, mariages de très (très) jeunes filles…

Peut-être est-ce là qu'il faudrait regarder, dans les conditions des unions, dans les pressions, les enjeux et les stratégies… Mai c'est justement le coeur du problème et c'est pour cela que l'on n'ira pas y fouiner.