Le film de Michel Leclerc, adaptation assez libre, dit-on, du roman de Jonathan Coe est comme un zoom sur ce monde déshumanisé où le numérique tient une place importante. Monsieur Sim n’a manifestement pas eu la chance de naître sous une bonne étoile, toutes ses expériences privées ou professionnelles sont vouées à l’échec. Il cumule les tares : divorce, licenciement, exclusion,etc. En plein sinistrose, il reste quand même avenant. Il n’hésite pas à engager la conversation avec le premier inconnu qu’il croise sur son chemin. Pour se défouler de son mutisme forcé, il gratifie immanquablement son interlocuteur d’un monologue fleuve qui n’intéresse malheureusement que sa propre personne. 

Bien que peu entreprenant, Monsieur Sim sera sollicité par une prometteuse entreprise pour promouvoir la vente de brosses  à dents à la pointe de la technologie. A bord de sa Peugeot de fonction flambant neuve, Monsieur Sim va sillonner la région Provence Alpes Côte d’Azur en compagnie de la voix chaude de son GPS. Et voilà que s’emballent d’improbables péripéties notamment à coups de flash back tenant en haleine le spectateur.  Dans une désolation de paysages tout en harmonie avec le moral du voyageur. Providence ou hasard, notre héros semblable à un pantin désarticulé  s’en retournera sur les traces de son adolescence, de ses premières amours, comme sur celles de son père. 

A la clé de ce périple aux confins de son passé, Monsieur Sim,  va se trouver en possession de lettres, de manuscrits, de confidences. Tout comme dans un jeu de piste, ce trésor déniché finira par le révéler à lui-même ! En plus d’être tirée par les cheveux, la bizarrerie dogmatique de la fin du film laisse pantois. Il y est question de dépendance entre génétique et orientation sexuelle. Tout ce qui a trait aux sollicitations sociales ou culturelles ne fait pas le poids face à l’inéluctabilité du déterminisme. De quoi apporter de l’eau au moulin des tenants de ces théories dans l’air du temps.

Le film mérite quand même le détour. Casting excellent, du plus secondaire rôle jusqu-à celui de Jean-Pierre Bacri qui, pour notre plus grand plaisir, squattera l’écran pendant toute la durée du film ! Quant au malaise parfois occasionné par la redondance de certaines scènes, il est vite contrebalancé par tout le reste, les dialogues,  l’humour de ces multiples séquences assez cocasses… Humour  né de l’îvresse du désespoir a quelque chose de de tragique. Et pour camper ce rôle tragi-comique qui mieux que JP Bacri…

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