Grand lecteur devant l’éternel et amateur de littérature érotique, je suis perplexe quant au succès mondial retentissant de la trilogie d’EL James, « Cinquante nuances de Grey ». Pour l’avoir lu, je ne peux que constater la maigre qualité des quelques 1500 pages et quelques de cette œuvre qui offrait l’avantage de remettre au goût du jour un genre de littérature légèrement sous-exploité ces dernières années.

Pour moi, le succès de 50 nuances de Grey tient au fait qu’il s’agit là d’un habile mélange entre la littérature chère aux femmes trentenaires et quarantenaires actives dont « Le journal de Bridget Jones » et « le diable s’habille en Prada » en constitue les œuvres plus emblématiques et un esprit un peu adolescent et fleur bleue plein de mièvrerie que l’on retrouve cette fois dans des best-sellers tels que la saga Twilight.

J’imagine que mes propos soulèveront sans aucun doute des réactions et que mes comparaisons ne susciteront pas une unanimité absolue mais c’est l’impression que j’ai lu en lisant les trois volumes de la trilogie.

Pour ceux qui veulent vraiment gouter à la véritable littérature érotique et apprécier à la fois le style littéraire incontestable de son auteur et s’offrir un voyage immersif pour le moins passionnant, je vous conseille à la place «La vie sexuelle de Catherine M. » de Catherine Millet. .

Si vous avez trouvé les cinquante nuances un peu cru, c’est sans comparaison avec ce roman qui est un véritable témoignage de son auteur, sans concession et sans qu’elle nous épargne le moindre détail.

Catherine Millet est une célèbre critique d’art dont la réputation dans ce domaine était déjà faite avant la parution de son ouvrage. C’est donc une démarche aussi courageuse que casse-gueule auquel s’est livré Catherine Millet en déballant sa vie intime aux yeux de tous. Et quelle vie ?

Catherine Millet a, dès le début de sa vie sexuelle, versé dans l’échangisme, les partouzes et les pratiques intimes les plus extrêmes. La multiplication des partenaires, les occasions perpétuelles d’expériences nouvelles ont étayé sa vie. Elle nous raconte donc, avec un luxe de détails crus et sans concession, la vie qu’elle a mené des années durant et l’approche très personnelle qu’elle a de la sexualité.

Le livre aurait pu être un grand déballage sordide et racoleur de descriptions de scènes pornographiques mais là ou le talent littéraire de l’auteur surpasse le matériau d’origine, c’est dans les qualités littéraires et l’introspection qu’elle fait de sa vie et de la sexualité qu’elle pratique.

Au terme de la lecture de ce roman, on est tour à tour saisi par un certain nombre de sentiments. Nous avons tout d’abord envie d’en connaître un peu plus sur ce milieu aussi fascinant que méconnu du libertinage, avec ses codes et ses règles. On se pose des questions sur sa propre sexualité en se demandant si elle correspond vraiment à nos attentes.

Bref, pour tous les curieux n’ayant aucun tabou en terme de sexe, la vie sexuelle de Catherine M. constitue un ouvrage extrêmement passionnant et constitue pour moi, bien loin devant les cinquante nuances de Grey, un chef d’œuvre de la littérature érotique.