Qardhawi, la Femme et les carottes du régime
La dernière visite de l’Imam Qardhawi aurait pu passer inaperçue si elle n’avait revêtu un caractère officiel. En effet, Le tapis mauve que lui a déroulé le ministre de la culture et les Unes que lui ont consacré les médias ont suscité un vif débat dans la blogosphère. Les Laïques y on vu une menace contre les acquis progressistes amenés par Bourguiba tandis que les conservateurs se sont réjouis du retour à la normale de la Tunisie qui se réveille enfin de sa laïque léthargie made in occident. Un dialogue de sourd entre les uns et les autres a noyé toute possibilité d’entente sur la sempiternelle question de la laïcité et de l’Islam.
Sans vouloir me mettre au dessus de ce débat, sur lequel j’ai ma propre opinion, je voudrai rappeler encore une fois que Islam ou laïcité ne sont que les carottes qu’agite le régime au gré des circonstances et du public visé. Rappelez-vous que lors de la journée de la femme du 8 Mars dernier, notre gentil gouvernement, comme chaque année, récupère à son compte le code du statut personnel de Bourguiba et se félicite des progrès acquis en faveur des femmes. Quand on sait qu’une semaine plus tard, ce même régime n’a vu aucune contradiction à accueillir officiellement un des imams les plus rétrogrades en la matière on comprend combien ce que nos dirigeants jouent des symboles et les instrumentalisent à des fins populistes.
Stratégie des carottes et égarements idéologiques des citoyens
Le régime en mélangeant les genres entretient des clivages et empêche la société de débattre clairement de ses divergences. Sa stratégie consiste à acheter la paix sociale en usant de toutes les voix discordantes que peut produire le corps social. Il les récupèrera à son compte et les mettra en scène dans un simulacre de démocratie. Le vide politique que génère cette comédie fait de l’internet un exutoire des pulsions politiques. La blogosphère en particulier devient la tribune des différentes sensibilités et restitue d’une manière informelle le débat confisqué. Malheureusement cette voie d’expression a tendance à polariser les opinions et à renforcer les clivages. On y entend plus des laïcs dont l’islamophobie dépasse celle de l’extrême droite européenne ou alors des conservateurs dénonçant un complot hourdi par des présupposés agents occultes ?uvrant pour le compte d’occidentaux sionistes. Ces confrontations même anecdotiques montrent combien ce que l’absence d’un vrai débat démocratique (ou d’un conseil de Choura pour reprendre une terminologie traditionnelle) égare les citoyens et les éloigne des vraies questions qui concernent le pays. Parmi ces nombreuses questions une me parait prioritaire: la revendication urgente du droit au débat public, droit nécessaire sans lequel aucun débat constructif n’est possible. Voilà un point qui devrait malgré nos oppositions idéologiques constituer un socle commun pour amorcer un véritable progrès dans le pays. Au lieu de cela beaucoup de nos blogueurs se retranchent dans des clivages qui même s’ils existent, font diversion et permettent à Ammar, notre censeur national, de se réjouir de leurs querelles inutiles.
Totalitarisme post-moderne
En attendant l’avènement espéré d’une véritable démocratie, notre gentil régime continuera à jeter autant de carottes qu’il n’y aura de sensibilités politiques. Fûssent-elles libérales, socialistes, écologistes, progressistes ou conservatrices rien ne semble perturber son soucis de cohérence à part l’unique et seule ligne politique cohérente qu’il a toujours défendu: celle de son autopréservation…
Ainsi mes amis, vous qui redoutiez l’islamisation du régime ou vous qui avez peur de son occidentalisation, n’ayez crainte, il ne sera ni l’un ni l’autre, il sera l’un et l’autre. Il s’agit d’un totalitarisme post-moderne qui combine toutes les denrées possibles que lui offrira le marché idéologique. Sa couleur mauve, remarquez, exprime bien cette bâtardise…
Par « Z » – blog Debat Tunisie – 18 Mars 2008
Qardhawi, la Femme et les carottes du régime
La dernière visite de l’Imam Qardhawi aurait pu passer inaperçue si elle n’avait revêtu un caractère officiel. En effet, Le tapis mauve que lui a déroulé le ministre de la culture et les Unes que lui ont consacré les médias ont suscité un vif débat dans la blogosphère. Les Laïques y on vu une menace contre les acquis progressistes amenés par Bourguiba tandis que les conservateurs se sont réjouis du retour à la normale de la Tunisie qui se réveille enfin de sa laïque léthargie made in occident. Un dialogue de sourd entre les uns et les autres a noyé toute possibilité d’entente sur la sempiternelle question de la laïcité et de l’Islam.
Sans vouloir me mettre au dessus de ce débat, sur lequel j’ai ma propre opinion, je voudrai rappeler encore une fois que Islam ou laïcité ne sont que les carottes qu’agite le régime au gré des circonstances et du public visé. Rappelez-vous que lors de la journée de la femme du 8 Mars dernier, notre gentil gouvernement, comme chaque année, récupère à son compte le code du statut personnel de Bourguiba et se félicite des progrès acquis en faveur des femmes. Quand on sait qu’une semaine plus tard, ce même régime n’a vu aucune contradiction à accueillir officiellement un des imams les plus rétrogrades en la matière on comprend combien ce que nos dirigeants jouent des symboles et les instrumentalisent à des fins populistes.
Stratégie des carottes et égarements idéologiques des citoyens
Le régime en mélangeant les genres entretient des clivages et empêche la société de débattre clairement de ses divergences. Sa stratégie consiste à acheter la paix sociale en usant de toutes les voix discordantes que peut produire le corps social. Il les récupèrera à son compte et les mettra en scène dans un simulacre de démocratie. Le vide politique que génère cette comédie fait de l’internet un exutoire des pulsions politiques. La blogosphère en particulier devient la tribune des différentes sensibilités et restitue d’une manière informelle le débat confisqué. Malheureusement cette voie d’expression a tendance à polariser les opinions et à renforcer les clivages. On y entend plus des laïcs dont l’islamophobie dépasse celle de l’extrême droite européenne ou alors des conservateurs dénonçant un complot hourdi par des présupposés agents occultes ?uvrant pour le compte d’occidentaux sionistes. Ces confrontations même anecdotiques montrent combien ce que l’absence d’un vrai débat démocratique (ou d’un conseil de Choura pour reprendre une terminologie traditionnelle) égare les citoyens et les éloigne des vraies questions qui concernent le pays. Parmi ces nombreuses questions une me parait prioritaire: la revendication urgente du droit au débat public, droit nécessaire sans lequel aucun débat constructif n’est possible. Voilà un point qui devrait malgré nos oppositions idéologiques constituer un socle commun pour amorcer un véritable progrès dans le pays. Au lieu de cela beaucoup de nos blogueurs se retranchent dans des clivages qui même s’ils existent, font diversion et permettent à Ammar, notre censeur national, de se réjouir de leurs querelles inutiles.
Totalitarisme post-moderne
En attendant l’avènement espéré d’une véritable démocratie, notre gentil régime continuera à jeter autant de carottes qu’il n’y aura de sensibilités politiques. Fûssent-elles libérales, socialistes, écologistes, progressistes ou conservatrices rien ne semble perturber son soucis de cohérence à part l’unique et seule ligne politique cohérente qu’il a toujours défendu: celle de son autopréservation…
Ainsi mes amis, vous qui redoutiez l’islamisation du régime ou vous qui avez peur de son occidentalisation, n’ayez crainte, il ne sera ni l’un ni l’autre, il sera l’un et l’autre. Il s’agit d’un totalitarisme post-moderne qui combine toutes les denrées possibles que lui offrira le marché idéologique. Sa couleur mauve, remarquez, exprime bien cette bâtardise…
Par « Z » – blog Debat Tunisie – 18 Mars 2008
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