Ce commerce honteux et ignoble qui dura plus de 4 siècles aura vu déporté plus de 11 millions d’africains. Si jusqu’à maintenant aucune des puissances ayant contribué à la traite négrière n’a présenté des excuses, le Sénégal vient de leur envoyer un message fort. Un an après l’adoption par le gouvernement sénégalais d’une loi criminalisant cette pratique, le Sénégal  rend aujourd’hui hommage aux dignes fils de l’Afrique qui ont été déportés pour travailler dans les champs de coton et de canne à sucre dans les colonies européennes des Amériques et de l’Océan indien.

« Crime contre l’humanité » et « devoir de mémoire »

Pour la célébration de son 50è année d’indépendance, le Sénégal  a rendu hommage à la traite des noirs en déclarant l’esclavage et la traite négrière comme "crimes contre l’humanité", privilégiant un "devoir de mémoire" à destination des générations futures plutôt que d’exiger des réparations financières. Le projet de loi adopté mardi dernier par l’assemblée nationale fait du Sénégal le premier pays africain à se doter d’une telle législation. Cette loi s’est inspirée de la loi votée le 10 mai 2001 en France qu’avait présentée la députée d’origine guyanaise Christiane Taubira-Delannon.

"Pour l’instant, la loi ne prévoit pas de poursuites contre les révisionnistes", a déclaré à l’AFP le porte-parole du ministère de la Justice, Cheikh Bamba Niang. "Il s’agit d’une loi mémorielle, d’un devoir de mémoire. C’est une réponse juridique à un fait historique, même lointain, pour montrer l’ampleur de l’horreur et ses conséquences dramatiques sur l’Afrique", a-t-il ajouté

Le Sénégal a été le pays africain le plus touché par ce commerce des esclaves noirs. Outre le commerce des esclaves il a notamment été touché par les razzias des arabes sur les peuples de la rive du fleuve Sénégal.

Il était donc question d’insister sur le devoir de mémoire et des compensations financières car la dignité noire a été bafouée et ceci ce n’est pas l’argent qui pourra le réparer. Pour citer Abdoulaye Wade : «  lorsqu’on indemnise, on efface. On peut pardonner et commémorer mais pas effacer car la dignité n’a pas de prix". Dès à présent, le programme scolaire sénégalais va avoir une modification non  moindre pour insister et faire comprendre aux enfants ce qui s’est réellement passé afin d’en tirer des conséquences de la traite négrière sur l’évolution de l’Afrique aujourd’hui.

Gorée et sa célèbre maison des esclaves.

L’île des Gorée est un lieu à la fois symbolique et touristique.  C’est dans cette île que les esclaves étaient stockés comme des marchandises avant leur départ pour l’Amérique. L’île de Gorée tout comme sa célèbre et très touristique "Maison des esclaves" sont inscrites depuis 1978 sur la liste du patrimoine mondial de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco).C’est un lieu très prisé des touristes qui visitent le Sénégal

De nombreuses organisations ont salué cette loi sénégalaise. C’est le cas de l’association française DiversCité, qui dans un communiqué  a tenu à saluer "cette décision historique qui réhabilite la mémoire des Africains déportés et brise l’oubli de cette tragédie par l’Afrique".

L’avenir de l’Afrique est en partie lié à son histoire, autant la traite négrière que la colonisation et le néocolonialisme actuel. Ce devoir de mémoire n’est donc pas un souhait mais une obligation. Elle doit savoir par où elle est passée durant ces siècles les plus sombres de son histoire.

Source AFP et jeune Afrique.