Lulu a 15 ans, se croit moche et se bat avec les garçons. Lulu est en colère partout, tout le temps. Elle voudrait bien savoir ce qui se trame dans la tête de sa mère, âme errante et lunatique de la grande maison familiale. Pourquoi est-elle si triste, si absente aux autres et à elle-même, absorbée par ses soucis de ventre ? Lulu décide de lui redonner le sourire en allant quérir l’aide de Jacques, le grand amour de ses 20 ans. L’homme est un original  qui soigne les animaux du zoo.

Carine Tardieu signe un premier film singulier avec dans le rôle de Lulu, une débutante prometteuse, Chloé Coulloud.

Les premières scènes ouvrent le bal. Un bulldozer de charme, Lulu, butée et rageuse, se coltine avec son entourage, avec les poings de préférence quand elle est attirée par un garçon. Plutôt les coups que les baisers. On dirait qu’elle les cherche les coups, Lulu parce que pour elle, rien n’est pire que cette indifférence, cette torpeur maladive dans lequel baigne sa mère qui se complait à évoquer les tracas de son transit (la honte !).

 

Elle découvre un jour en visionnant un vieux film datant d’avant sa naissance sa mère riant aux éclats avec un jeune homme. Le couple s’aime c’est évident. Lulu s’en va donc chercher le grand amour de sa mère là où il est, à savoir au zoo où il s’occupe des animaux en cage. Elle provoque la rencontre entre sa mère et lui. La magie opère. L’un et l’autre s’aiment toujours. Seulement la bonne fée Lulu n’avait pas pu imaginer qu’elle organisait les derniers moments de bonheur de sa mère, réellement malade.

 

Au fur et à mesure que l’on plonge dans la « tête de maman », le passé ressurgit sous les traits souriants d’un homme, Jacques et avec lui les regrets éternels, le temps enfui qui ne se rattrape pas, la mort qui rôde. La mère en apparition fantomatique dans le jardin embrasse enfin sa fille. Comme une ultime cérémonie des adieux, un message d’amour d’une mère à sa fille. C’est bouleversant. La mère de Lucile n’a repris goût à la vie que lorsqu’elle est sur le point de la perdre. Karin Viard est époustouflante de vérité.

 

Entre le début et la fin du film quel grand écart ! Quel changement de registre ! Commencé sur le ton de la comédie enjouée, la réalisatrice nous emporte dans le drame pur. J’ai été déconcertée, engloutie sous un flot d’émotions contraires comme si j’avais vu deux films en un. Je m’identifie au mari trompé, Pascal Elbé qui accepte tout de sa femme, qu’elle ne l’ait pas écouté ni regardé pendant toutes ces années, qu’elle soit dépressive ou  très malade, ne change rien pour lui. Il l’aura aimée sans retour, résigné aux (mauvais) coups du sort.

Je devrai moi aussi m’en tenir au bon casting et à la présence revigorante d’une ado pleine d’énergie pour chasser le spleen de fin.