Aujourd’hui est une belle journée, ensoleillée, radieuse. Il est clair que Zina est déjà accoudée sur le rebord de sa terrasse. Zina est très curieuse, elle est au courant de tous les potins du quartier ; c’est parce qu’elle s’ennuie – intellectuellement ? Ce n’est pas tout ; car elle a bien des charges chez elle, et sa maison est toujours impeccable ; c’est donc qu’elle doit passer beaucoup de temps à son entretien. N’empêche qu’elle est au courant de tout. La curiosité, de toutes façons, est inhérente au caractère humain ; c’est d’elle qu’on s’instruit, parfois qu’on sème la zizanie, et parfois qu’on avance…. Ceci est un autre débat.

 

Il y a les nouvelles inédites, les insolites, les habituelles, et quelquefois on ressort même les anciennes anecdotes.

J’ai toc toqué chez Zina….. Un deuxième toctoc….. Sonnerie !

<!–[if !supportLists]–>-         <!–[endif]–>excuse-moi, j’étais dans la terrasse

<!–[if !supportLists]–>-         <!–[endif]–>ce n’est pas grave, je suis juste venue t’apporter les épices marocaines dont je t’ai parlé

<!–[if !supportLists]–>-         <!–[endif]–>hum ! rentre

<!–[if !supportLists]–>-         <!–[endif]–>j’ai partagé avec toi ce que ma sœur a bien voulu me donner, après son retour du Maroc

Soit dit en passant, les épices marocaines mentionnées sont excellentes, tant pour une bonne soupe (la fameuse Harira) que d’autres plats.

<!–[if !supportLists]–>-         <!–[endif]–>ça c’est le gingembre en poudre, ca c’est le carvi, et ça le kébèbe

<!–[if !supportLists]–>-         <!–[endif]–>mon Dieu comme ça sent bon ; ça n’a rien à voir avec ceux que l’on achète ici

<!–[if !supportLists]–>-         <!–[endif]–>ça dépend, parfois on trouve de bonnes choses, les Algérois sont spécialistes dans le mélange du ras-el-hanout

<!–[if !supportLists]–>-         <!–[endif]–>rentre ; on va prendre un café, en même temps j’ai quelque chose à te dire

La terrasse de Zina est très agréable ; c’est presque un petit jardin, et, qui plus est il domine un pan de la baie d’Alger, car Zina habite dans une vieille bâtisse  rénovée, située dans le quartier de Notre Dame d’Afrique, comportant deux étages, dont elle, occupe les deux premiers (dont le rez-de-chaussée) pendant que son frère et sa femme logent dans le deuxième ; ils maintiennent une entente parfaite, car l’accès aux demeures de chacun est indépendant ; ce qui était avant une habitation dégradée est devenue un petit bijou brillant de mille fleurs et arbustes feuillagés. Au départ la demeure a été construite par une famille pied-noir ; le deuxième étage a été adjoint par la suite, quand les familles algériennes sont devenues trop nombreuses pour un espace exigu. Le mari de Zina et son frère se sont entendus pour partager la demeure ainsi. La terrasse de Zina donne aussi sur plusieurs habitations échelonnées sur la pente ; elle fait parfois des signes aux voisines, quand elles étendent leur linge, ou prennent leur café dans la cour de leurs maisons. Presque toutes les maisons de ce quartier ont été réaménagées ; quelques-unes dévoilent un trésor d’arrangement ; avec des moyens modestes, les habitants ont su donner à leur quotidien un charme particulier. Vous allez simplement prendre un café chez une voisine, vous en ressortez les yeux pleins de bonheur d’une convivialité retrouvée, et d’un service impeccable; plateau argenté, agrémenté d’un joli napperon brodé, cafetière et tasses en porcelaine, gâteaux faits maison avec un parfum incomparable. Un vrai régal, un vrai moment de détente dans un milieu d’une propreté sans faute. C’est ainsi que dans la terrasse de Zina, où justement je m’apprêtais à déguster un excellent café au lait, agrémenté d’un cake délicieux :

<!–[if !supportLists]–>-         <!–[endif]–>tu te rappelles de Flèna

<!–[if !supportLists]–>-         <!–[endif]–>vaguement

<!–[if !supportLists]–>-         <!–[endif]–>si, la dame qui …………….

Zina me rapporta dans tous les détails une anecdote familiale riveraine, qu’il est inutile de rapporter, mais que je trouvai ahurissante de par la précision des faits, et l’intérêt qu’elle suscitait chez Zina ; je n’ai jamais osé le lui dire, mais franchement je trouvai parfois que sa curiosité dépassait les bornes, que c’était une intrusion par les commérages dans la vie privée des gens.

<!–[if !supportLists]–>-         <!–[endif]–>chacun a ses problèmes, lui dis-je en conclusion, nul n’est à l’abri de quoi que ce soit

Zina a bien compris que je réprouvais un peu cette curiosité presque indécente, de par l’immixtion perpétuelle dans la vie des voisins ou des gens du quartier. Mais enfin, elle n’est pas méchante ; il faut reconnaître que le fait de prêter l’oreille encourage les ‘’commérages’’, mais souvent on ne peut pas faire autrement que d’écouter poliment, et même parfois, faire semblant d’acquiescer.

La nature humaine est ainsi faite ; tant qu’il s’agit que de commérages, ça passe encore. Les malversations, il faut avoir le courage d’y couper court.