Il fut un temps où relever le courrier me paraissait impossible. Tous les matins, l’angoisse me tenaillait. La boule au ventre me suivait durant toute la journée. Je ne savais pas ce qui m’attendait dans ma boîte à lettres. Mais, c’était rarement de bonnes nouvelles. A l’époque, je croulais sous les dettes. Je ne pouvais quasiment plus me nourrir. J’étais immature et j’ai fais pas mal d’erreur dans ma vie, dont celui de céder aux crédits faciles. A ce moment-là, j’avais encore un travail…
Mais, la vie est remplie de mauvaises surprises. Un jour, j’ai perdu mon emploi et la spirale a commencé. Les dettes continuaient à être prélevées alors que mes rentrées d’argent s’amenuisaient de plus en plus. Rapidement, je ne pouvais plus faire face. Je ne voyais plus le bout du tunnel et je me suis enfoncée dans la précarité. Les charges courantes ne pouvaient plus être payées. Encore moins le loyer. J’ai commencé ma descente aux enfers.
A chaque fois que j’emmenais les enfants à l’école, j’avais peur de ne plus pouvoir leur donner un toit à leur retour. Les huissiers semblaient me guetter à chaque coin de rue. Ils me harcelaient au téléphone à longueur de journée, me rendant de plus en plus folle. Démoralisée, j’ai fini par ne plus décrocher ni répondre aux coups de sonnette. J’ai voulu partir, m’enfuir avec mes petits mais où pourrais-je aller ? Qui voudrait d’une femme à la dérive ?
Et puis, un jour, c’est arrivé…Ils sont venus m’expulser et je n’ai rien pu faire pour sauver les apparences. Les voisins étaient là à m’épier comme des vautours. Je ne voulais pas de leurs regards remplis de pitié. J’étais dans cette situation par ma faute… J’ai gâché la vie de mes enfants. Je ne suis pas une bonne mère. Que vont-ils devenir ????
Avec la flambée des prix, nous assistons à une recrudescence de ces cas désespérés. La précarité et le surendettement semblent condamner une grande partie de la population française. Triste constat. Cette histoire est arrivée à une connaissance de ma belle-soeur. Depuis, courageusement, elle essaie de remonter la pente mais ce n’est pas évident tous les jours.