Le Professeur Amsatou Sow Sidibé, Directrice de l’Institut des Droits de l’Homme et de la Paix (IDHP), initiatrice de la table ronde « Législatives 2007 : plaidoyer pour la consolidation de la démocratie au Sénégal », tenue mercredi à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, affirme « il n’est jamais trop tard pour bien faire et il faut arriver à une paix des cœurs et créer les conditions favorables pour que l’opposition, dans son ensemble, puisse participer aux prochaines élections législatives ». Pour elle, « il est acquis que tout le monde veut le dialogue » et il suffit de créer les modalités, dans le dialogue et l’entente, pour que la démocratie participative soit sauvée et que tous les acteurs politiques soient représentés au Parlement.
D'où elle a sorti cela que tout le monde veut le dialogue ? Alors que Wade a précisément fabriqué cette situation et refuse depuis tout dialogue…
Cette société civile est peut-être de bonnes intentions, mais l'enfer est pavé de bonnes intentions… Mais quand cette société civile parle, j'ai comme un malaise.
Je ne comprends pas ce qu'est la société civile.
A l'entendre, la société civile serait un sorte d'arbitre entre les politiques et… les politiques. Arbitre investi par quelle autorité ? Légitimée par qui ? Emanant d'où ?
La société civile se présente comme neutre, mais comment peut on être neutre ? Les membres de cette dite société civile ne sont-ils pas des citoyens, ne pensent-ils rien des dernières élections ? La neutralité est une attitude bien commode et bien hypocrite. Car enfin, la situation présente au Sénégal se résume à une question et une réponse :
Les élections ont-elles été transparentes et sincères ? Si oui l'opposition a tort et Wade a raison de ne pas remettre en cause le processus, si non l'opposition a raison, Wade a tort et il doit accepter le dialogue.
Toujours vouloir négocier, palabrer revient à ne jamais dire les choses. De quel droit, cette société civile s'arroge-t-elle le droit de s'immiscer dans le problème sans prendre position et en refusant de nommer la vérité ?
La société civile fonctionne sur un trucage intellectuel permanent. Elle prend une situation qui n'est pas née toute seule, en écarte la génèse, prend comme hypothèse que tout le monde est de bonne foi, met tout le monde au même niveau, voleur et volé et dit qu'entre gens de bonne compagnie on peut toujours trouver un terrain d'entente.
Et cela au mépris de toute réalité, de toute honnêteté intellectuelle. Difficile à mon avis de mettre dans le même panier le voleur et le volé, celui qui a raison et celui qui a tort, sans arrières pensées inavouables.
« Une Assemblée nationale où on noterait l’absence du tiers de la population, suscite des interrogations et ces législatives auraient pu être le deuxième tour réclamé par l’opposition » nous dit le Professeur Amsatou Sow Sidibé.
Ben oui ! Ca soulève des interrogations ! Et il faudrait bien s'y pencher sur ces interrogations chère Madame….
La deuxième partie de la phrase vaut son pesant d'or : législatives auraient pu être le deuxième tour des présidentielles ! Les législatives ne sont pas et ne peuvent pas être un deuxième tour présidentiel. Mais le plus génant c'est de ne pas se positionner sur la légitimité du deuxième tour demandé par l'opposition. Est-ce légitime ou non ? Et de passer sous silence les raisons du boycot et leur bien fondés, car enfin, cette décision n'est pas née de rien…
"L'idéologie" qui soutend le discours de la société civile est mise à nue dans les propos du président de l’Association sénégalaise des Nations Unies (ASNU), Babacar Kébé qui dit qu’« une tension dure depuis le 25 février et si elle perdure, cela pourrait nuire à la démocratie » et qui rajoute ensuite que le boycott "ne fait pas baisser la tension entre le pouvoir et l’opposition".
Tout est dit, il faut faire baisser la tension ! C'est la tension qui est grave… C'est prendre le symptome pour la maladie… Le faible doit accepter le diktat du fort pour ne pas aggraver la tension… C'est celui qui se rebiffe le méchant !
Le jeu de la société civile est pour le moins trouble. Ce jeu est dommageable au processus de démocratisation de notre pays, processus à peine entamé quoiqu'en disent la société civile et les tenants du pouvoir.
En empéchant les tensions politiques d'arriver à maturité, la société civile corrompt et retarde le processus inéluctable de l'histoire vers la démocratie. L'opposition dont on parle n'est pas constituée de boutes feu et d'incendiaires inconscients, elle n'est pas non plus anarchiste, elle n'est pas anti-nationale ni anti-patriotique. Elle est constituée, cette opposition d'hommes responsables et prudents. La seule chose que l'on pourrait d'ailleurs lui reprocher c'est sa prudence exagérée.
Si l'on peut avoir peur de la guerre civile, ce n'est pas dans l'opposition qu'il faudrait en chercher les déclencheurs….