Tout le monde connaît cette redoutable maladie mentale. Aujourd’hui, le grand public est très informé sur ce trouble. Pourtant, la schizophrénie continue d’effrayer. A tel point que quand ce terrible diagnostic s’abat sur nous ou l’un de nos proches, tout s’effondre.

 Ils ont de tout temps fait couler beaucoup d’encre, les schizophrènes. Le cinéma les a largement mis en scène, jouant de leur côté inquiétant. La schizophrénie, terme crée par Bleuer, signifie cerveau coupé. Cette image représente le clivage s’opérant dans l’esprit de ces malades. 

Ce clivage se traduit par une personnalité très morcellée, mais non multiple, comme le veut un ancien mythe. Cette pathologie touche environ 1 % de la population adulte, ce qui est énorme. On se les représente facilement le visage dément,  tourmentés de délires et d’ hallucinations terrifiantes. Ils traînent une réputation de dangerosité et sont souvent associés aux crimes. Or, il faut savoir que les personnes atteintes par cette psychose sont particulièrement vulnérables et très souvent victimes d’agressions. Leur fragilité fait d’eux des proies faciles. La violence peut cependant faire partie de leurs symptômes, en période de crise et en l’absence d’un traitement adapté. Certains faits divers atroces comme l’assassinat des infirmières de Pau ont semé la terreur auprès de la population. Si les meurtriers étaient effectivement des patients schizophrènes, il s’avère que le taux de criminalité chez les malades diffère très peu de celui de la population non atteinte. Ainsi une étude réalisée par le Dr Forel de l’université d’Oxford et le Dr Langstrom de l’université de médecine suédoise Karalinska Institutet, montre que les actes criminels sont imputables à 5% à la population générale contre 8 % aux schizophrènes. De plus, on retrouve une très forte proportion de toxicomanes chez les malades mentaux, ce qui est facteur aggravant de criminalité.

La plupart des individus préfère se croire totalement "immunisée" contre cette folie très dérangeante. or, le diagnostic de schizophrénie est posé de plus en plus fréquemment et sans plus de tabou par les psychiatres.

On parle d’ailleurs de schizophrénies, au pluriel, parce que ce trouble regroupe de multiples formes. Certains dysfonctionnements dans la chimie cérébrale qui pourraient expliquer cette pathologie ont été identifiés. De ce fait, la médecine possède une meilleure réponse thérapeutique. Les psychiatres n’hésitent plus "annoncer la couleur", à communiquer avec leurs patients.

Ainsi, il n’est pas rare qu’une personne qui était à mille lieues de s’imaginer schizophrène, reparte de sa consultation avec cette étiquette plombante et une prescription de neuroleptiques. En réalité, la schizophrénie, véhiculée par l’imagerie populaire, peut-être largement déformée ! La maladie se manifestant parfois de manière très discrête n’a souvent rien à voir avec la spectaculaire folie des films à sensation. Elle peut se présenter comme une dépression tenace, une "envie de rien", un repli sur soi, le sentiment d’être persécuté, une intense dévalorisation ou une impression de vide existentiel, un émoussement des émotions etc… Autant de symptômes qui ne sont pas si rares que cela. Pas la peine de se prendre pour Napoléon ou d’avoir vu des petits hommes verts ! C’est la durée des troubles dans le temps et leur caractère chronique qui orientent alors le diagnostic.

 

Malheureusement, lorsque un patient est ainsi "étiqueté" et malgré la bienveillance et les explications des professionnels de santé, c’est le drame pour lui et sa famille. La honte peut-être au rendez-vous pour le malade accompagnée par un sentiments d’incurabilité. La culpabilité peut accabler les parents d’un adolescent.Certains se cachent, se coupent de leurs relations amicales, dissimulent leurs médicaments. D’autres, s’ils sont hospitalisés, déclarent être partis en "maison de repos", le mot de psychiatrie étant imprononçable.

 

Pourtant, aujourd’hui on est malade et non pas fou. De nombreux forums permettent aux schizophrènes d’échanger autour de leur existence, leur traitement etc… Les capacités intellectuelles sont le plus souvent intactes et parfois même, remarquables. C’est en parlant le plus possible de ce trouble qu’on le destigmatisera et que l’on fera tomber les idées reçues. Il est grand temps que le rejet social, la solitude, l’isolement, la desocialisation et la marginalisation soient évités à toutes ces personnes qui ont la capacité s’adapter pour peu qu’elles soient bien soignées.