Déjà, lors de sa parution, en 2010, le livre de Paul Verhoeven (réalisateur de Basic Instinct), Jésus de Nazareth, avait fait couler beaucoup d’encre. L’auteur le porterait en script avec Roger Avery avant d’en tourner quelques scènes comme… le viol de Marie, épouse Joseph, par un soldat romain. Selon Dan Gainor, du Culture & Media Institute, le censeur habituel d’Hollywood, il s’agit là d’une nouvelle tentative de « rationaliser une culture prônant l’immoralité. ». Pique-nique Golgotha en vue pour Civitas et les fondamentalistes catholiques de la Fraternité Saint-Pie-X.

Le Jésus de Nazareth de Paul Verhoeven sera sans doute moins bidonnant que le fameux La Vie de Brian des Monty Python, où l’on voyait le militant indépendantiste juif Brian (Jésus) aux prises avec des fidèles d’autres sectes se cherchant un chef de file et bouter le Romain hors de Jérusalem…
Verhoeven est un ardent et zélé disciple d’un Jésus Christ laïc, idéaliste, épris d’humanité, de liberté, de fraternité, voire d’égalité. Ou, c’est selon, un fieffé blasphémateur.

Bref, il ne faut pas s’attendre à voir Marie, Madeleine, et quelques autres personnages féminins des testaments interprétées par d’aguichantes jeunes actrices issues du X. Mais après La Passion du Christ, La Dernière Tentation du Christ, et quelques autres films jugés sulfureux sur le thème, ce dernier projet en date risque fort d’être suivi avec une très vigilante attention, notamment par les fondamentalistes catholiques, l’Opus Dei, et même le Vatican.

Le dernier mini-scandale en date avait été provoqué, en avril dernier, par l’actrice Kate Upton (sœur Bernice) posant en nonne de Clovis Trouille mais, cette fois, seulement vêtue d’un bikini noir et d’un léger voile blanc…

Mais avec Verhoeven, comme avec les Monty Python, ce qui est plus gênant, c’est peut-être que son film appuiera là où cela fait plus mal. Comme par exemple la présumée rivalité entre les fidèles apôtres de Jésus et les tout aussi fidèles partisans de saint Jean-Baptiste. C’était dans un texte évangélique supposé original soigneusement occulté depuis. Il pourrait aussi mettre l’accent sur le fait que l’évangéliste Marc, qui n’avait pas la vocation du martyre, brossait tant qu’il le pouvait le pouvoir romain dans le sens du poil (mais il n’aurait pas échappé à une mise à mort à Alexandrie.
En fait, un peu tout le monde s’est créé un Jésus, non pas à l’image d’un dieu, mais à la sienne propre, au gré des circonstances. Et les évangiles, c’est un peu comme les contes « pour enfants », avec des versions parfois quelque peu contradictoires, édulcorées, et des réinterprétations plutôt parfois corsées.

Bah, on a bien survécu à des centaines, voire des milliers de fins du monde doctement annoncées. Alors, un Jésus de plus comme ceci, un autre comme cela, pourquoi pas ?

Dans la collection Points, Henri Guillemin, avec L’Affaire Jésus, campe un Christ très proche de celui de Verhoeven. Il en vaut peut-être un autre…