le conflit sino-indien.

 

A l’extérieur le conflit sino-indien dégénère en guerre. L’Inde des Britaniques à Néhru est un facteur clé du conflit sino-tibetain. Le Tibet situé sur les hauts plateaux hymalayens séparent la Chine de l’Inde. Le conflit les oppose en 1962 pour le contrôle de ces territoires. La guerre est déclenchée par la Chine, dirigée par Mao Zedong, le 10 octobre 1962. Elle surprend le gouvernement Indien, dirigé par Jawaharlal Nehru, qui avait, dans les années 1950, tenté de se rapprocher de la république populaire de Chine. Ces hauts plateaux pouvaient constituer des territoires indépendants entre ces deux grands États Asiatiques, et la Chine annexa pendant cette guerre l’Aksai Chin au Cachemire.

Avant 1919 les relations entre l’Inde et le Chine n’étaient que de vagues relations économiques. Mais à partir de la deuxième moitié du XIXème siècle, lorsque les britanniques colonisèrent le sous-continent et que les puissances occidentales commencèrent à s’intéresser à l’Asie, la situation changea. Au début du XXème siècle la Chine ne jouait presque aucun rôle politique dans la région et restait centrée sur ses problèmes intérieurs. Le 27 avril 1906, la Chine reconnut l’autorité de l’Inde sur le Tibet en signant avec les Anglais, et à l’insu des Tibétains, une convention ratifiant le Traité de Lhassa. La conférence de Simla, s’ouvrit le 6 octobre 1913 sous l’égide de Sir McMahon. Les exigences de la Chine et du Tibet pour le tracé de leurs frontières se révélèrent absolument inconciliables,
* La Chine souhaitait intégrer à son territoire les espaces Tibétains conquis par les troupes du général Zhao Erfang en 1908,
* Tandis que les Tibétains souhaitaient que leur indépendance soit reconnue et que les territoires conquis par les troupes Chinoises lui soient rendus.

Ne trouvant aucun compromis acceptable, les plénipotentiaires Chinois et Tibétains demandèrent à Sir McMahon de trouver une solution à cet épineux problème frontalier. Le 11 mars 1914, McMahon leur soumit un tracé frontalier que le représentant Chinois parapha le 27 avril. Or sur le terrain cette nouvelle définition des frontières resta lettre morte. C’est pourquoi le 10 août 1918, un nouvel accord, l’Accord de Chamdo, fut signé sous l’entremise de l’Inde britannique. Les signataires, le général Liu Canjing et le commandant des forces Tibétaines aux frontières Chamba Deba, fixèrent une ligne de cessez-le-feu derrière laquelle les troupes Chinoises durent se retirer. Le rôle joué par les Anglais lors de la Conférence de Simla et quelques années plus tard lors de la signature de l’Accord de Chamdo fut un facteur décisif dans l’évolution géopolitique de la région. C’est pendant cette même période que se développèrent en Inde les mouvements nationalistes. Les années vingt virent l’arrivée de deux grands hommes sur la scène politique indienne, Gandhi et Nehru, qui allaient guider l’Inde sur le chemin de l’indépendance.

Sûrement plus par opposition au pouvoir colonisateur que par réalisme politique, les hommes politiques Indiens considéraient toute frontière entre l’Inde et la Chine comme inutile, comme étant une conception occidentale inadaptée au contexte asiatique. Après l’indépendance, proclamée le 15 août 1947, l’Etat Indien fit de l’amitié sino-indienne le pilier de sa politique étrangère. L’entrée au Tibet des troupes Chinoises en 1950 mit un terme à cet idéalisme pan-asiatique Indien.

Le 07 octobre 1950 l’armée Chinoise entra au Tibet et ce n’est que 18 jours plus tard que les autorités Indiennes furent informées. Dès qu’il l’apprit, l’ensemble du monde politique Indien fit part de son profond étonnement au gouvernement Chinois, comme l’atteste ce message envoyé le lendemain au gouvernement Chinois, «On nous avait constamment assuré que le souhait du gouvernement Chinois était de régler la question Tibétaine par des moyens pacifiques et des négociations. Ordonner l’envoi de troupes Chinoises au Tibet nous apparaît étonnant et regrettable». Cependant, si elle ne manqua pas d’exprimer son désaccord, l’Inde ne condamna pas fermement cette «libération pacifique» du Tibet par la Chine. Plusieurs raisons expliquent cela. L’Inde nouvellement indépendante voulu se démarquer clairement des positions prises précédemment par les colons, et ne voulu donc pas s’immiscer trop fortement dans une affaire que les Chinois considéraient comme intérieure. A cela s’ajoute la politique régionale menée par Nehru qui souhaitait protéger l’alliance sino-indienne comme représentante des États du monde décolonisé. Et enfin, au niveau intérieur, l’Inde était secouée par des troubles liés notamment à l’adoption d’une nouvelle Constitution qui mettrait définitivement fin à la colonisation et instaureraient pour la première fois dans l’histoire de l’Inde des élections au suffrage universel.Toutes ces raisons peuvent expliquer l’absence de condamnation de la Chine par l’Inde.

En novembre 1950, suite à une plainte déposée par une délégation Tibétaine alors présente en Inde, l’Assemblée Générale de l’ONU fut saisie de l’affaire. Cette plainte qualifiait l’entrée des troupes Chinoises au Tibet «d’agression caractérisée». Or lorsque cette question fut présentée en session plénière, les anciens colons britanniques et l’Inde furent les deux forces majeures qui empêchèrent toute condamnation de la Chine, «que la question Tibétaine serait résolue par des moyens pacifiques».

Si la déclaration Indienne devant l’Assemblée Générale de l’ONU en novembre 1950 fut décisive, c’est parce que la communauté internationale reconnaissait au sous-continent un monopole de fait sur les affaires Tibétaines, lié à la longue domination Britannique en Inde.

Pékin et New Delhi signèrent le 29 avril 1954 l’Accord entre la République de l’Inde et la République populaire de Chine sur le commerce et les relations entre la région Tibétaine de Chine et l’Inde. En signant cet accord, l’Inde reconnut la souveraineté Chinoise sur le Tibet et accepta de voir son influence dans cette région grandement diminuée.

La question du tracé des frontières ne fut pas abordé dans l’Accord, mais les autorités Indiennes ne semblaient pas inquiètes, confiantes envers la déclaration faite par Zhou Enlai, ministre des affaires étrangères Chinois, lors de la Conférence de Bandung en 1955, voir le premier dossier. 1959 fut une année de contestation au Tibet. Les révoltes contre l’occupant Chinois se multiplièrent à Lhassa, les habitants de la capitale marquant ainsi leur soutien à la guérilla menée par les guerriers Khampas contre les troupes Chinoises dans l’Est du Tibet.

C’est dans ce contexte explosif que le Dalaï Lama fuit pour l’Inde, la nuit du 16 mars 1959. Accueilli par Nehru dès son arrivée au pied des montagnes Himalayennes en territoire indien, il se vit accorder l’asile politique, avec l’approbation de l’ensemble de la classe politique Indienne et de l’opinion publique. Or cet accueil fait au Dalaï Lama ne fut pas du goût des Chinois et les incidents frontaliers entre troupes Indiennes et Chinoises se multiplièrent alors, augmentant la tension entre les deux pays.

En octobre 1959, neuf soldats Indiens furent tués dans les environs de Kongka, et dix autres faits prisonniers par les Chinois. Afin d’essayer de résoudre le conflit, Nehru invita le ministre des affaires étrangères Chinois Zhou Enlai à New Dehli. Mais l’issue de ce sommet, le 25 avril 1960, n’apporta aucune proposition nouvelle. Une deuxième rencontre entre les deux ministres eu lieu entre juin et septembre 1960 à Pékin, mais sans plus de résultats. L’Inde et la Chine continuèrent donc d’amasser des soldats aux frontières, faisant du Tibet un des principaux lieu du conflit.

Le 20 octobre 1962, ce sont les troupes Chinoises qui lancèrent l’offensive sur les troupes Indiennes et quatre jours plus tard, le gouvernement Chinois proposa le repli des troupes Indiennes et Chinoises vingt kilomètres en deçà de la ligne MacMahon. Cette proposition fut rejetée par les autorités Indiennes et les combats continuèrent jusqu’au 22 novembre, date à laquelle Pékin proclama unilatéralement un cessez-le-feu le 20 novembre 1962 sur la base des propositions du 24 octobre, ce qui signifiait que les troupes Chinoises devaient se replier mais conservaient une avancée territoriale significative dans l’Aksai Chin au Cachemire qui est aujurd’hui toujours revendiqué par l’Inde, tandis que l’Arunachal Pradesh est revendiqué par la Chine. La Chine avait donc gagné, l’armée Indienne s’étant montrée incapable de résister aux assauts de l’Armée Populaire de Libération et de comprendre les tenants de la diplomatie Chinoise.

Le conflit frontalier de 1962 entre l’Inde et la Chine eu des conséquences importantes sur le Tibet, entraînant une militarisation sans précédent de cette région de l’Himalaya. On peut considérer le Tibet comme le talon d’Achille de la Chine, et la forte présence militaire sur les hauts plateaux en est une preuve. Selon le gouvernement Indien, le nombre de militaires Chinois présents au Tibet seraient de 300 000, tandis que le gouvernement Tibétain en exil avance un chiffre plus modeste de 180 000 hommes. Les autorités Chinoises réfutent bien sûr ces chiffres, déclarant n’avoir au Tibet qu’un dispositif de 40 400 soldats. Mais une chose est sûre, c’est que ce dispositif militaire est tourné vers le sud, et notamment vers l’Inde, faisant du Tibet une marche militaire Chinoise face à l’Asie du sud. Cependant, la présence massive de troupes Chinoises à proximité de la frontière sino-indienne ne semble pas représenter une menace immédiate pour l’Inde, les deux pays ayant ces derniers temps multiplié les tentatives de dialogue. Tous ces données sont tirées de la référence «l’Inde des britanniques à Nehru».

La suite sera la révolution culturelle bouleverse la Chine.