Plus que par le passé, le Vatican se doit de répondre à des dilemmes plus politiques que théologiques.  La foi en sort moins ébranlée que l’on ne pourrait le croire.

 

Le Vatican, un état à diriger.

Depuis l’élection du pape François, on attendait tous des signes démontrant un nouveau style de gouvernance de ce minuscule état. Bien évidemment, la place Saint Pierre reste un sanctuaire de la foi chrétienne et on se plait alors à imaginer les arcanes du pouvoir religieux. Que de livres écrits sur les secrets du Vatican et sur les bizarreries de son organisation, et que de fantasmes nourris aussi par des séries télévisées (Borgia n’est-elle pas une série très en vogue aujourd’hui ?). Je m’attèlerai, un jour prochain, à vous proposer une vision personnelle de cette gestion vaticane mais je tiens à souligner le rôle éminemment politique du Vatican et du successeur de Saint Pierre.

Reposant sur la foi et le dogme, le Vatican reste néanmoins et avant tout un état, que François se doit de gouverner. Les relations internationales sont alors scrutées à la loupe, puisqu’elles donnent le ton de la doctrine de l’Eglise. Bien évidemment, les journalistes et autres observateurs vous expliquent les portées des paroles du souverain pontife, comme si l’exégèse papale était instantanée et immédiate.

Il ne faut pas longtemps pour diffuser les paroles du pape lorsqu’il s’exprime sur la nécessité de protéger l’embryon. Le pape, sous couvert d’évoquer la protection juridique de l’embryon, entend bien amener les consciences à s’interroger et les opinions mondiales à prendre le problème de la vie à bras le corps. Le pape est alors dans son rôle de souligner les questions vers lesquelles les croyants doivent tendre.

Des difficultés à concilier politique et religion

Mais comme tous ses prédécesseurs, François doit aussi jouer le funambule. Ainsi, alors que le Vatican ne peut que condamner les affrontements qui ont éclaté devant la cathédrale Saint Marc du Caire en Egypte et ainsi protester contre les exactions faites contre les croyants, doit-il pour autant se tourner vers Tawadros II. Pape des coptes, ce patriarche orthodoxe, Tawadros II (Théodore) remplace depuis mars Chenouda III dont le pontificat dura plus de décennies.

La tentation de se rapprocher de Tawadros II, qui est depuis quelques jours en visite officielle à Rome, peut alors être grande pour François Ier, qui ne peut que se désoler de voir la montée en puissance de l’islamisme en Egypte. Les « Pères du Désert »,ces initiateurs du monachisme chrétien, sont-ils alors voués à l’oubli ?

Mais accepter ce rapprochement reviendrait aussi à minorer les oppositions doctrinales opposant les deux pontifes et depuis des siècles, ces divergences ont nourri l’opposition entre Rome et le Caire. Fondée bien avant l’Eglise Romaine, l’Eglise copte se considère ainsi comme l’ainée, alors que le Vatican entend bien (encore et toujours) se prévaloir de sa suprématie.

Pourtant le pape devra trancher et donner la voie à suivre ? Plus politique que religieux, le débat sera alors passionné sans pour autant qu’il soit passionnant.