Christine Lagarde vient donc d’être désignée par consensus à la tête du FMI, sans même qu’un vote formel ait été nécessaire.

Je lui adresse mes félicitations d’usage en lui souhaitant (en nous souhaitant, pour éviter que notre pays soit une seconde fois éclaboussé) que le 10 juillet prochain, cinq jours après son investiture, la Cour de justice de la République décide de classer sans suite sa mise en cause dans l’affaire d’arbitrage privé dont a bénéficié Bernard Tapie à son instigation.

 

Mais un espoir n’est pas une certitude et si les juges n’auront pas à répondre à la première des deux questions que l’intéressée posait dans l’interview donnée aux chaînes de télévision le soir de cette mise en cause, ils ont toutes les raisons de se sentir concernés par la seconde. Pour mémoire, ces deux questions étaient : « Est-ce que j’ai une tête à être copine avec Bernard Tapie ? » (à laquelle la réponse est évidemment négative) et « Est-ce que j’ai une tête à céder à des ordres ? » (à laquelle la réponse est fatalement positive dans la mesure où ces ordres émanaient tout droit de l’Elysée). Donc, wait and see et si elle obtient gain de cause, champagne ; Moët-Hennessy.

On dit également qu’un de ses premiers rendez-vous, sitôt rejoint le territoire américain serait pour rencontrer son prédécesseur, ce qui démontre s’il en était besoin que le risque ne lui fait pas peur.

Là où les choses n’ont pas besoin d’un coup de pouce pour devenir cocasses, c’est lorsqu’il s’agit de la désignation de son successeur à la tête de Bercy, un ministère qu’elle quitte tête haute, attitude qui commençait de se faire rare dans ce gouvernement inénarrable (raison pour laquelle ce billet n’est pas titré La relève de l’hagarde). Baroin nous fait son Borloo : « Si ce n’est pas moi, je démissionne » et Lemaire donne dans le Mirabeau : « Je suis à l’Agriculture par la volonté de Sarko et je n’en sortirai que pour Bercy, au premier étage ! ».

Espérons tout de même que la bactérie de Valenciennes n’infestera pas le maire de Troyes au point d’en faire un candidat supplémentaire à l’élection présidentielle, puisque la « logique » du parti majoritaire unique l’oblige à désigner son candidat en grandeur réelle, devant l’électorat tout entier. Pourtant Dominique Paillet (ex-porte-parole de ce même parti, mais ayant repris sa liberté depuis qu’il l’a quitté dans le sillage de son mentor) considère désormais les primaires (internes) comme un phénomène inéluctablement appelé à se généraliser.

Notons également, sans autre lien que le fait que c’est au même homme que les deux héroïnes ont eu droit aux honneurs de l’actualité le 28 juin, que le moins qu’on puisse dire est que Martine Aubry ne bénéficie pas de la reconnaissance du ventre. A peine venait-elle de se déclarer candidate (un vrai scoop, au demeurant, dont personne ne se doutait) que les tirs redoublaient de plus belle contre les 35 heures, véritable poumon de nos Argan modernes, responsable de tous les maux. Soit dit en passant, elle n’en fut que la mère-porteuse, ni plus, ni moins que Éric Woerth fut celui de la réforme des retraites.

Mais là où la classe dirigeante, entonnant le refrain de la classe possédante, manque singulièrement de la plus élémentaire reconnaissance, c’est lorsqu’elle oublie que longtemps avant que le Baron Ernest-Antoine Sellières porte le glaive contre cette mesure (« Les 35 heures sont une aberr-rration » répétait en boucle sa marionnette aux Guignols), il rêvait déjà, en osant à peine le dire à voix haute, de la souplesse que lui apporteraient le forfait-jours pour les cadres et l’annualisation du temps de travail pour tous les autres, deux aspirations devenues réalité depuis 2004.

PS : le temps que je rédige ce billet, les commentateurs dans ces colonnes ou sur les ondes auront sans aucun doute déjà renouvelé l’indignation dont ils nous faisaient part, il n’y a pas si longtemps, à propos du salaire du Directeur du FMI (indignation pas encore publiée au moment où j’entamais la rédaction)…