Depuis toujours, les élus se réclament d’une certaine légitimité en prétendant avoir la majorité des citoyens derrière eux. Or, il n’en est rien. La plupart du temps, du fait de l’abstention, ils n’ont pas plus de 50 % des inscrits.

En 2007, malgré une abstention de 16 % considérée comme faible, Nicolas Sarkozy n’a obtenu en réalité qu’un peu plus de 44 % des votes des Français. On peut affirmer que moins d’un Français sur deux lui faisait donc confiance. Il ne s’agit pas de contester sa victoire mais on peut se demander si le résultat aurait été le même si le vote avait été obligatoire comme en Belgique ou en Argentine. 

Quand on sait que ce sont les classes populaires les plus défavorisées qui constituent le plus gros du bataillon des abstentionnistes, on se dit qu’on écarte toute cette population du débat national. « Les politiciens ne s’intéressent pas à nous et ne connaissent pas nos problèmes ». C’est l’argument  habituel. Pourtant on peut objecter qu’effectivement, si on ne vote pas, les candidats n’essaieront pas de draguer un électorat qui ne lui rapporte rien. Si tout le monde vote, il faudra bien tenir compte de cette nouvelle donne. Pourquoi croyez-vous que le Parti socialiste néglige ce qui était auparavant son électorat privilégié pour se recentrer vers les classes moyennes ?

Pourquoi ne pas essayer le vote obligatoire ? Au nom d’une sacro-sainte liberté ? Les grands électeurs sont obligé s de voter aux élections sénatoriales, pourquoi pas les « petits » ? Celui qui ne veut vraiment pas voter a toujours la ressource de voter blanc ou nul. Je suis prêt à parier que beaucoup d’abstentionnistes potentiels, dans le secret de l’isoloir, se diraient : « Puisque je suis là, autant voter vraiment. »

Certains  prétendent que ce sont les partis extrêmes qui y gagneraient le plus. Tant pis, la démocratie réelle est à ce prix.