Après avoir passé une quinzaine de jours avec son équipe dans la prison des Baumettes à Marseille, Jean-Marie Delarue, contrôleur général des centres d‘enfermement, y dénonce dans un rapport, les déplorables conditions de détention.
Interpellant la Garde des Sceaux, la ministre de la santé, ce haut responsable y est allé fort en lançant une procédure d’urgence devant le tribunal administratif de Marseille pour mettre un terme dans les plus brefs délais, aux "atteintes graves et illégales infligées aux détenus".
Révulsé par ce lieu macabre jonché d’ordures, où 1800 détenus dégradés, humiliés, cohabitent de nuit comme de jour avec rats et cafards, où coupures d’eau, de chauffage, de courant sont monnaie courante, le contrôleur se prend à rêver d‘une touche d‘humanité.
Il ne veut plus qu’on accepte de tolérer, qu’à défaut de robinet dans une cellule, certains détenus en arrivent à puiser l’eau dans les toilettes.
Ne plus tolérer ouïr des souffrances odieuses dans l’enceinte de prisons insalubres où règlements de comptes, viols et toute une ribambelle d’horreurs règnent sans partage.
Ne plus tolérer de voir jeter dans des cachots des profils incompatibles, où se croisent pêle-mêle auteurs de délits de tous les acabits.
Ne plus tolérer que l’incarcération continue de se confondre avec un passage en enfer où sévit une épidémie de maltraitance à haut pouvoir de nuisance, fragilisant tous ceux atteints de déficit de leur système de défense.
Repenser la méthode de la mise sous écrous de manière à ne pas en faire un élevage intensif de délinquants récidivistes avec une nette tendance à la hausse de la dangerosité lors de la sortie de prison, réduisant de ce fait à néant toute capacité de réinsertion.
Vingt deux ans déjà que la sonnette d’alarme avait été tirée auprès des pouvoirs publics sans que survienne la moindre avancée dans quelque domaine que ce soit dans l’établissement pénitentiaire des Baumettes : surpopulation carcérale, baisse de crédits, vétusté, encadrement insuffisant, etc.
L’Observatoire International des prisons, l’OIP, a déposé ce jeudi un autre référé qui sera examiné dans trois semaines, réclamant la fermeture de trois bâtiments des Baumettes, en attendant la réalisation de travaux.
Christiane Taubira quant à elle, attend toujours les retombées lentes à émerger, de la circulaire de politique pénale sur les peines alternatives comme moyens de désengorgement des prisons. La reconstruction de trois nouveaux lieux de détention aussi est prévue…
Même si en renversant ainsi la table, Jean-Marie Delarue ne parviendra pas véritablement à toutes ses fins, il aura incontestablement rendu un énorme service à ces détenus, en mettant la lumière sur leur calvaire.
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Un milieu qui reste méconnu