la chute de Ségolène et l’émergence d’Arnaud.

 

 

C’est incontestablement un succès plus de deux millions et demi de participants, mais quel bouleversement. Arnaud Montebourg poussé par la gauche proche du front de gauche reçoit l’adhésion de l’électorat populaire et ouvrier de Ségolène Royal, qui n’ayant pas le soutien socialiste s’écroule ne récoltant qu’à peine 7 % des voix. Mais aussi un manque de visibilité sur ses possibilités, nous ne sommes plus en 2007, et une obstination de croire qu’elle pouvait en dépit des sondages se maintenir en première ligne. Ses partisans idolâtres sont aussi responsables qu’elle lui faisant croire en ses chances. A cela si l’on ajoute que la percée de Montebourg qui a échappée à tous, même aux sondages, vous avez les ingrédients de la chute de Royal. En fait, elle récolte un score juste qui n’est pas déshonorant, ce qui l’est par contre c’est de ne pas être arrivée en tête dans son fief du Poitou, les socialistes l’ont repoussée.

 

 

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Est-ce une bonne chose pour les socialistes non. Le programme très avant-gardiste d’Arnaud a balayé Ségolène Royal, bien que n’ayant aucune réalité d’application trop en avance sur la pensée politique actuelle. Il était aisé pour lui de tenir un tel programme démondialisation, protectionnisme, mise sous tutelle des banques, avec un discours de gauche sur les difficultés d’existence des Français, sixième république….. Des propositions à la fois utopiques comment «démondialiser ?», on ne peut arrêter la marche du monde. Si certaines de ses propositions sont pragmatiques, elles ne sont pas différentes de celles des autres, autre que leur formulation, la mise sous tutelle des banques est dans le programme de tous. Il a su mêler l’illusion et le réel qui dans la situation actuelle est porteuse. Discours facile, démagogique, qui correspond bien à la gauche de la gauche anti européenne. Il est évident que cette classe ouvrière a été séduite par ce discours qui tranche de celui tenu par les politiques. Les deux vainqueurs ne peuvent les appliquer, par ce que trop révolutionnaires. Se serait s’engager à trop d’incertitudes dans cette Europe droitière, on ne peut être contre le monde entier. C’est donc sur des bases incertaines que cette primaire citoyenne a donné un résultat plein d’espoir à la gauche mais plaçant les socialistes pour la suite dans une position délicate. La gauche de la gauche, sous jacente dans cette primaire, adhérente aux thèses du Front de gauche soutenant Arnaud Montebourg, s’est emparée, au travers de lui, de ces élections en leur donnant une portée historique mais en compromettant la victoire des socialistes contre Sarkozy. Les deux vainqueurs se présentent ainsi avec le même handicap que celui qu’avait François Mitterrand avec une gauche forte compromettant leur victoire en 2012, la gauche ne peut gagner à elle seule. Cette «gauchardisation» socialiste fera que les deux impétrants seront contraints de s’y aventurer surtout Martine Aubry pour récolter les voix d’Arnaud afin de combler son retard, près de 8 points ce qui est beaucoup sur François Hollande.

 

Arnaud Montebourg le grand vainqueur «fugitif» devient ainsi l’arbitre de ce duel, il vendra cher son adhésion probablement à Martine Aubry plus à gauche, ne le voyant pas s’associer à François Hollande. Rappelez-vous ses propos, «le seul problème pour Ségolène Royal c’est compagnon» lors de l’élection de 2007 étant dans son équipe de campagne comme porte parole. Sacrifiera-t-il ses exigences pour donner un plus à l’un ou l’autre, je ne le pense pas. Si tel n’était pas le cas cela reviendrait à avoir sacrifié Ségolène Royal pour rien. Hollande devra aussi faire plus de gauche mettant en porte à faux l’électorat démocrate qui lui a donné l’avantage, son avance sur Martine Aubry étant juste suffisante pour l’emporter actuellement.

 

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Nous allons assister à un combat qui mettra à la quasi égalité au second tour Martine Aubry et François Hollande de sorte que la dynamique de cette primaire en tant que poussée du vainqueur vers la victoire en 2012 ne sera pas ce qui était espérée. Les socialistes n’auront pas le leader qu’ils attendent depuis François Mitterrand restant ballotés entre gauche et droite. Certes ce n’est pas terminé il restera après la décision du 16 octobre quelques mois pour ressouder les socialistes autour du vainqueur et pour gommer cette poussée à gauche afin d’ouvrir vers le centre, les écolos et le Front de gauche restant sur leur position, c’est à dire de division. Pendant ce temps Sarkozy travaillera à rassembler son camp.

 

3L’effondrement de Ségolène Royal porteuse d’idées nouvelles, et combattue jusqu’à sa mort politique que ce soit pour le poste de secrétaire générale entaché d’irrégularités, que ce soit lors de la présidentielle de 2007 ou les ténors ont ramés à l’envers et maintenant cette primaire faisant des socialistes les otages d’une gauche dure entamera leur crédit. La gauche fougueuse, désordonnée qui a besoin de rêver, l’a rejetée pour deux vainqueurs que rien ne différencie ou peu, et qui restent dans la tradition socialiste d’un vieux parti alors qu’elle pouvait par ses idées, son courage impulser une dynamique nouvelle et moderne.

 

L’avantage que Ségolène Royal offrait était d’être en marge de son parti, mais socialiste, laissant le dogmatisme aux autres ce qui offrait une large ouverture vers le centre.

 

Ces élections calquées sur celles qui eurent lieu aux États-Unis et en Italie, restent néanmoins différentes. En Italie il s’agissait d’une primaire de coalition de partis de centre gauche contre la droite de Berlusconienne. Elle récoltât près de 4 millions d’électeurs. Aux États-Unis c’est dans l’ordre des choses pour des deux partis majeurs. La primaire Italienne donna la victoire à Romano Prodi qui fut prise par Berlusconi à la suite d’élections anticipées dès avril 2008. Les primaires ne garantissent donc pas la victoire aux élections.

 

Les résultats de cette primaire citoyenne pour autant qu’ils sont inespérés, 5,5 % du corps électoral, ne donnent pas un parti socialiste en forme, les états majors en sont à tirer des plans pour le second tour, c’est du chacun pour soi. L’écart séparant François et Martine de 8 points est perçu pour Hollande comme insuffisant, il espérait gagner au premier tour sentant venir le danger du second.

 

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Le duel qui s’annonce est donc à hauts risques pour le PS, les observateurs attendent un dur affrontement. L’allocation de Martine comparée à celle d’Hollande ne laisse aucun doute sur ses intentions, martelant chaque mot, elle est plus précise et Hollande devra se découvrir un peu plus que lors des premiers débats surfant sur les autres «primairistes» par sa position de favori. Il ne pourra plus le faire Martine le poussera à s’engager ce qu’il ne veut pas. Tel que se présente ce duel, Martine plus forte devrait l’emporter, n’a-t-elle pas l’appareil socialiste à sa dévotion avec ses nombreux soutiens. Pour Hollande reste à savoir si l’apport de gauche centriste de Manuel Valls peut lui donner la victoire. Quant aux voix de Ségolène Royal, la rancune de cette lourde défaite devrait les conduire à s’abstenir. La crainte est que de mauvais sondages sur Martine la poussent à des attaques compromettant la victoire socialiste pour la suite. C’est l’espoir de la droite.

 

3Le grand vainqueur est bien entendu Arnaud Montebourg porteur d’une nouvelle gauche socialiste jeune nettoyant ce parti de ses toiles d’araignées et qui se verra confrontée au courant droitier de Manuel Valls qui n’a pas abandonné pour autant son combat. La démondialisation courant porteur et pas seulement à gauche puisqu’aussi bien Marine Le Pen que Nicolas Dupont-Aignan en font le thème de leur combat. Démondialiser apparaît une vue de l’esprit, on ne peut modifier la marche du monde, le risque serait grand. Par contre réguler les échanges commerciaux dans une Europe à gauche préservant ses États membres des marchés spéculatifs et des banques, des délocalisations sauvages, mais aussi du protectionnisme sur les produits à bas coûts qui endommagent notre industrie oui.

 

Arnaud Montebourg envisage, l’Express.fr, d’envoyer une lettre à Martine Aubry et à François Hollande qu’il rendra publique, avec leur réponse, leur demandant de prendre en compte ses thèmes de campagne avant le débat de mercredi. Il ne demanderait pas à ses électeurs de voter pour un candidat car ils ne lui appartiennent pas selon son entourage. Le feront-ils malgré tout ou s’abstiendront-ils de voter ? Le 10 octobre sur France 2 au journal de 20 heures de David Pujadas, il déclare,

«nous publierons les échanges de cette correspondance, je préfère des engagements clairs et écrits». «Je ne sais pas si Martine Aubry et François Hollande sont capables de se dépasser eux-mêmes et d’aller vers les Français qu’ils n’ont pas convaincu», précise-t-il et qui souligne que «30%, c’est bien peu pour la première secrétaire du parti», et que «le favori François Hollande est bien loin de la majorité» des votes.«Si les deux candidats veulent un geste de ma part, il faudra qu’ils renoncent à certaines recettes gestionnaires du passé qu’ils soutiennent», a-t-il insisté. Selon lui, «Aubry et Hollande sont les deux faces d’une même pièce», car «ils ont le même projet, celui de la gauche traditionnelle depuis 20 ans». Entre socialistes on ne se fait pas de cadeau.

 

Après une décision du bureau national des radicaux de gauche, Jean-Michel Baylet appelle à soutenir François Hollande au second tour. «Nous nous retrouvons dans certaines de ses idées, mais aussi parce que nous pensons qu’il est le mieux placé dans la présidentielle pour battre Nicolas Sarkozy», a-t-il ajouté. Quand à Ségolène Royal elle annoncera le 11 octobre si elle soutient François ou Martine ou si elle s’abstient. Elle devrait prononcer sa décision lors d’une conférence de presse ou dans une intervention télévisée.

 

Le prochain article sera la loi Bachelot une catastrophe nationale pour la santé,