La Plume de Roger Massé

Benjamin d’une famille pauvre de sept enfants, Roger Massé est né le 10 août 1931. Il a quitté l’école à l’âge de 14 ans pour commencer un apprentissage de Bourrelier.

Au sortir de cet apprentissage, il a vite constaté que ce métier offrait peu de débouchés et il est parti travailler en usine, dans le textile.

Pour survivre, pendant des périodes de chômage partiel, il a effectués divers travaux de manutention jusqu’à son service militaire.

Ce départ dans la vie active ne correspondant pas à ses aspirations profondes, il a décidé de suivre des cours du soir pour accroître ses connaissances afin de pouvoir s’orienter vers des activités plus adaptés à ses goûts.

Après avoir occupé différents postes de représentant de commerce en matériel de bureau, il a eu la chance de pouvoir entrer dans une société multinationale de bureautique où, de formation en formation, il a gravi les échelons qui l’ont conduits à des postes de responsabilités.

Il a toujours été attiré par l’écriture. Cette passion l’a amené à mieux appréhender les choses, les événements et les êtres et, par conséquent, à mieux se situer dans la vie.

Depuis qu’il est retraité, il consacre une importante partie de son temps à l’écriture et à la lecture.

Fan de Brassens, Ferré et Brel, il a commencé à écrire des poésies en s’inspirant de leurs chansons pour des événements familiaux ou des réunions amicales.

Et puis, il a découvert les poètes : Nerval, Baudelaire, Rimbaud, Verlaine, Apollinaire, Aragon, Prévert, Desnos, Queneau et quelques autres… desquels il s’est senti proche, qui l’ont nourri et qui le nourrissent poétiquement à chaque instant.

Il participe à un atelier d’écriture à l’université permanente de Nantes.

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Wahid Bennani : Bonjour Roger Massé ! Heureux de rencontrer l’auteur de « Au bout de ma plume ».

Roger Massé : Bonjour Wahid, je suis très heureux d’entreprendre ce dialogue avec toi. Je ne suis pas naturellement porté à parler de ma petite personne, il s’agit donc d’un exercice intéressant pour moi.

Wahid.B : Quand les feux s’allument-ils au bout de ta plume ?

Roger.M : Quand je suis face à la page blanche et que soudain les mots s’enchaînent. Quel bonheur de pouvoir exprimer son ressenti, ses sentiments, sa pensée profonde.

Wahid.B : Ecris-tu dans des conditions particulières ? Travailles-tu beaucoup tes textes …?

Roger.M : Cela dépend, parfois je travaille longtemps mon texte : je l’abandonne, je le reprends. Parfois les mots jaillissent et s’enchaînent spontanément. Très souvent, il me faut travailler avant de trouver le fil conducteur. Je sens très nettement quand le processus s’enclenche, c’est comme une vague d’euphorie. J’ai besoin d’être en osmose avec ce que j’écris.

Wahid.B : Pourquoi écrire coûte que coûte ? Une quelconque course contre la montre ? Contre le temps ?

Roger.M : Tout à fait, je suis très conscient d’être de passage et de la fugacité du temps. D’où le désir de vivre le plus pleinement possible le moment présent.

Wahid.B : Un écrivain a bien dit un jour : « Je compte mon immortalité au nombre de fois que je meurs. » Et mourir pour lui était bien un acte d’écrire, d’accoucher des lettres et des verbes. Qu’en penses-tu, Roger ?

Roger.M : Si le sujet s’est imprégné en moi et ne demande qu’à sortir, en écrivant j’ai au contraire l’impression de revivre. Si je travaille sur un sujet que je m’impose et que je suis en panne d’inspiration pour continuer, alors j’en viens à douter de mon talent et je peux avoir l’impression de mourir. Quand l’inspiration est là et que les mots abondent, c’est pour moi chaque fois comme une vraie renaissance.

Wahid.B :

« Partir entre les nuages
Chercher l’essentiel…
Jusqu’à l’essentiel »

L’essentiel de quoi ?

Roger.M : L’essentiel de ma vie. C'est-à-dire : approfondir mon être et m’enrichir de tout ce qui m’environne par le biais de l’expression écrite.

Wahid.B : Une manière de philosopher, de rechercher Sophia, la sagesse ?

Roger.M : Sans doute une manière de chercher la paix de l’âme, l’équilibre, le bien-être.

Wahid.B : Tu as quitté l’école à l’âge de 14 ans pour quelles raisons ?

Roger.M : Par nécessité : mes parents n’avaient pas d’argent, il me fallait impérativement gagner ma vie.

Wahid.B : Difficile de rassembler les deux à cette époque ?

Roger.M : À cette époque, il n’y avait pas d’allocations. Dans les familles démunies, le choix était : ou la mendicité, ou le travail. Mais aujourd’hui, la vie est certainement aussi difficile pour les pauvres, malgré les aides sociales, car nous vivons dans un monde différent, les comparaisons ne sont pas les mêmes. La misère actuelle est certainement plus insupportable.

Wahid.B : Quelles étaient ces aspirations profondes qui t’ont donné envie de suivre des cours du soir ?

Roger.M : Le désir impérieux d’appréhender plus complètement toutes les beautés de la vie que je pressentais.

Wahid.B : Et quelles étaient ces beautés, Roger ?

Roger.M : Tout ce que le génie de l’homme a pu générer et la nature qui à elle seule est tout un art. Bien sûr, la nature est accessible à tout un chacun, mais encore faut-il apprendre à la connaître, à la décrire, pour mieux l’apprécier.

Wahid.B : Quelles étaient les activités les plus adaptées à tes goûts ?

Roger.M : Des activités artistiques : peinture, sculpture, musique théâtre que je n’ai malheureusement pas pu développer par manque de temps, d’opportunités ou de talent. Heureusement j’ai eu la possibilité de m’exprimer par l’écriture.

Wahid.B : Tu peux nous parler un peu de cet atelier d’écriture à l’université permanente de Nantes.

Roger.M : Il s’agit d’un atelier d’écriture comme on en voit un peu partout. La particularité, peut-être, est que notre animateur a une excellente capacité d’écoute et d’analyse et qu’il nous offre une liberté d’expression extraordinaire. Cet atelier d’écriture m’a permis aussi de rencontrer une communauté dont les membres sont animés d’une même passion et qui sont devenus de véritables amis.

Wahid.B : Vous faites quoi des écritures que vous réalisez tous dans cet atelier ?

Roger.M : Nous partons sur un même thème et nous avons, chacun de notre côté, une semaine pour écrire un texte. A la séance suivante, tous les textes sont lus, critiqués, appréciés et nous repartons avec un nouveau thème. Un certain nombre de mes poèmes sont nés dans cet atelier. Il nous est arrivé aussi de faire imprimer un ouvrage collectif.

Wahid.B : On sait que tu as été toujours attiré par l’écriture. On aimerait savoir ce qu’elle signifie pour toi.

Roger.M : La possibilité de me connaître mieux, de participer plus profondément à la vie pour mieux la décrire dans toutes ses nuances, de pouvoir extérioriser ma sensibilité.

Wahid.B : Ecrire pour qui ?

Roger.M : En premier lieu pour moi : pour évacuer mes états d’âme, pour sonder mes capacités intellectuelles et émotives, pour vibrer, pour séduire, pour être entendu et sans doute aussi pour être aimé par les autres.

Wahid.B : Il est dit dans ton ouvrage que tu es un semeur de mots. A qui revient la récolte ?

Roger.M : Incontestablement, j’en suis le premier bénéficiaire et si je peux la partager, alors, je suis comblé.

Wahid.B : Ton autoportrait nous donne des informations sur ton poids, ta hauteur et ton âge (sans préciser). Tout le reste demeure propre à tous les hommes : la chair, les nerfs …
Ne serait-ce pas plutôt un Hétéro portrait abstraction faite de tes infos personnelles ?

Roger.M : C’est pour moi une façon de me situer avec les autres, comme les autres, malgré mes caractéristiques personnelles. Pour n’être, finalement, qu’un grain de sable qui roule, qui tournoie, qui dans l’immensité se noie. Pour le reste, peut-on se connaître vraiment soi-même ?

Wahid.B : Ton Ecrivain Populaire m’a fait penser à ces propos de Voltaire :

« Tout vers, toute phrase qui a besoin d’explication ne mérite pas qu’on l’explique. »
Es-tu de son avis ?

Roger.M : À la base, je n’ai pas de culture, chaque jour qui passe, chaque observation, chaque recherche, m’apporte un peu plus d’érudition. Le poème auquel tu fais allusion date de plusieurs années. Aujourd’hui, je pense que tous les genres ont droit de cité, y compris le genre populaire.

Wahid.B : La simplicité du langage peut atteindre tous les publics, par contre un langage recherché et hermétique ne s’adresserait qu’à un publique donné. Est-ce là la raison de :

«Je fus nourri par origine
Au parlé courant ordinaire » ?

Roger.M : Absolument, la poésie se doit, me semble-t-il, de satisfaire le plus grand nombre.

Wahid.B : Tu es un admirateur de Georges Brassens. Pourquoi lui plus qu’un autre ?

Roger.M : Tout d’abord, j’ai aimé le personnage : Son humanité, sa générosité, son authenticité, sa causticité, son comportement bourru et tendre à la fois, son franc parlé, son côté anarchiste, son sens de l’humour, sa pudeur. Aujourd’hui, je me réfère souvent à ses textes toujours limpides, parfois crus, bien ciselés, bien rythmés et poétiques. Quand je m’adonne à l’écriture, j’ai souvent, dans ma tête, une de ses musiques en arrière plan. J’ai aussi beaucoup aimé Brel et Ferré.

Wahid.B : À la fin de la deuxième guerre mondiale, tu avais quatorze ans, si je ne me trompe.
N’as-tu point été marqué par cette période sombre au point d’enfanter quelques poèmes ?

Roger.M : J’ai eu la chance d’habiter en campagne dans une région épargnée par la guerre. Mais, viscéralement, je haïs la guerre. Comment peut-on envisager que des êtres humains puissent s’entre-tuer pour des idées ? Cela me paraît abominable ! Quand je vois tous ces conflits qui se multiplient dans le monde, toutes ces haines qui se chevauchent et qui s’engendrent sur une multiplication de cadavres, je deviens fou ! J’adhère totalement à ces mots de Prévert : « quelle connerie la guerre ».

Wahid.B : Donc aucun écrit sur cet époque ?

Roger.M : De cette époque me vient sans doute le goût de partir en quête dans la campagne pour louer la nature, là sont mes racines.

Wahid.B : « Au bout de ma plume » est-ce bien le premier ouvrage que tu viens de publier ?

Roger.M : Il s’agit en effet de ma première véritable publication. J’ai, il y a quelques années, fait imprimer un recueil à titre personnel.

Wahid.B : Parle-nous un peu de ce recueil. (Son titre, son contenu.)

Roger.M : Pour « Au bout de ma plume », son titre est aussi le titre d’un des poèmes qu’il contient. En même temps, c’est pour moi tout un symbole. Son contenu découle de son titre. La superbe préface de cet ouvrage, écrite par Laure Felloni, est très explicite à ce sujet.

Pour ce qui concerne le recueil imprimé à titre personnel, son titre était « Plume aux quatre vents », titre de l’un des cent vingt poèmes qu’il contenait, titre repris d’ailleurs dans le dernier recueil. Les thèmes abordés y étaient à peu près les mêmes.

Wahid.B : Que signifie pour toi cet ouvrage à présent que les lecteurs peuvent se le procurer ?

Roger.M : La possibilité de laisser une trace palpable à ma famille et à mes amis. J’en ai acheté moi-même un certain nombre d’exemplaires que j’ai distribué. Autrement, je dois avouer que je ne suis pas très doué pour en faire personnellement la promotion.

Wahid.B : Des enfants et petits-enfants qui te lisent ?

Roger.M : Les miens.

Wahid.B : Les plus jeunes d’entre eux s’intéressent-ils à la poésie ?

Roger.M : Oui, je crois que la jeunesse actuelle, sans doute en recherche de repères dans un monde troublé, est de plus en plus sensible à la poésie.

Wahid.B :

« Puis il y a
L’envie d’exister
Et après ? »

Si tu répondais à ta propre question, Roger ?

Roger.M : Peut-être le néant ? Peut-être une autre vie ? Je doute et j’espère !

Wahid.B : Les religions sont bien claires là-dessus ; il y a bien une autre vie en ce qui les concerne.

Roger.M : Hélas, que de crimes commis au nom des idéologies. Personnellement, je doute et je cherche.

Wahid.B : Quels sont tes thèmes privilégiés en matière d'écriture poétique ?

Roger.M : La fugacité du temps, la bêtise humaine et les beautés de la nature

Wahid.B : Les thèmes fondamentaux dans ton ouvrage sont sans doute l’écriture et l’existence. Tu y vois une relation entre ces deux thèmes ?

Roger.M : Je suis en effet persuadé que l’écriture me permet d’exister plus intensément. 

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Roger Massé :

Au bout de ma plume (poèmes)
Plus d'information ici >>

http://www.mille-poetes.com

4 réflexions sur « La Plume de Roger Massé »

  1. Un grand poète d’un infinie modestie
    Je découvre progressivement ce poète d’une grande humilité qui me fait l’honneur de pouvoir héberger l’un de ses textes. Ses poésies sont à la fois touchantes et d’une grande profondeur. Je le suis avec beaucoup d’intérêt. Faites comme moi.

  2. bonjour
    comme je connais bien ta plume je tenais à te dire que tes textes sont superbes, j’aimerais bien aussi voir un com de toi sur les miens c’est mon plus beau cadeau que tu peux m’offrir oups je suis gonflée non? lol bisous ;D

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