La piramida testimone del « Romanzo criminale a Venezia », seconda parte.

Titien, Tintoret, Véronèse.

 

Je ne peux malgré mon désir retracer la biographie de ces peintres en un article. Il me faut donc survoler leur œuvre. Tout d’abord le contexte. Venise un tableau, une peinture, un génie de l’art au pluriel. Outre sa construction sur pilotis dans sa Lagune qui depuis des siècles supportent ses palais, ses gondoles, ses 177 canaux, dont 400 ponts avec le Rialto original créature de l’esprit. Elle s’étend sur 118 îles situées entre l’embouchure de l’Adige, au sud, et du Piave au nord, et puis cette place Saint-Marc si belle et incomparable, 

Galerie photos Eric Gendre ici .
On y voit le palais des Dodges, la Basilique San-Marco et le Campanile.

lieu touristique mondial théâtre de toutes les festivités ou pigeons et badauds se mêlent fruit de la richesse de son art avec cette ouverture sur la mer Adriatique d’où parti Marco Polo avec son père et son oncle patriciens et commerçants passés au service du Grand Khan mongol. Ils atteignirent la Chine en 1275 en parcourant la Route de la soie. Ils y séjourneront pendant 17 ans (1274-1291) et Marco Polo fut employé par l’Empereur Mongol Kūbilaï qui acheva la conquête de la Chine. Ils retournèrent à Venise en 1295 passant par l’Inde avec une fortune de pierres précieuses

Au XVème siècle la Sérénissime, au patrimoine mondial de l’Unesco, est à l’apogée de sa puissance et domine l’Adriatique jusqu’à Corfou. Elle est gouvernée par un Dodge élu démocratiquement par un collège de 41 électeurs, ils sont élus à vie. L’un des plus célèbres Enrico Dandolo 41ème Dodge élu en 1192 à l’âge de 82 ans fera tomber Constantinople en 1204.

Les débuts de l’histoire de la peinture vénitienne du XVIème siècle se confondent en fait avec la Haute Renaissance. Dénomination d’une épopée culturelle qui voit le triomphe de Michel-Ange ou Raphaël, mais aussi la jeunesse prometteuse de Titien. Ou la vieillesse de son premier maître, Giovanni Bellini, donnant naissance à des chefs-d’œuvre du niveau de La Dérision de Noé.

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De Goivanni Bellini l’ivresse de Noé, huile sur toile 104×171, vers 1500, musée des Beaux-arts de Besançon

Le personnage biblique, ivre, s’étend de tout son long sur la surface du tableau, sujet principal, motif magnétique. Ses trois fils l’entourent tel un cortège aux facettes précises, passant par embarras et moquerie, envelopper la nudité honteuse ou pour mieux la découvrir, c’est selon.

Venise même, ou du moins sa classe dominante, plébiscite l’art de Giorgione, le Gorgionisme dans les années 1500 qui couvre aussi bien les productions du maître lui-même que celles du vieux Giovanni Bellini et du jeune Titien. Dans une Arcadie réinterprétée, il fait revivre le temps insouciant des nymphes et des bergers vaquant dans les plaines sauvages, images alors bien loin des soucis politiques de la Sérénissime. Giorgione mort, son atelier et ses suiveurs poursuivent l’esprit comme le style, indissociables. Les tableaux de ce maître mythique sont si rares que même les collections Françaises n’en possèdent aucun. Les plus beaux tableaux de ceux qu’on nomme «Giorgionesques» comblent, en partie, cette cruelle lacune.

Venise la Sérénissime au temps de sa splendeur.

Au début du XVIème siècle, les ducats d’or coulent à flot, les mécènes sont nombreux et les rivalités entre peintres sont exacerbées. Le premier à entrer dans l’arène est Titien qui, en 1508, à l’âge de dix-sept ans, se fait connaître pour son travail effectué au côté de Giorgione. Titien lancé se fâche avec son maître, forcément, mais ses inimitiés ne s’arrêtent pas là puisque Tintoret débarque à son tour et souhaite aussi sa part de reconnaissance. Il sera le plus fidèle ennemi du Titien tandis que le petit dernier, Véronèse, deviendra son protégé, dont il se servira dans sa lutte contre Tintoret.

«Parce qu’il avait en face de lui Véronèse, Tintoret dut apporter un soin particulier à ces peintures, car la présence d’un rival sert parfois de stimulant, dans la mesure où l’artiste met un point d’honneur à ne pas être surpassé».

Ce qu’écrit Carlo Ridolfi en 1642 est loin de concerner les seuls Tintoret et Véronèse. Tout en cherchant chacun sa propre voie, les grands artistes vénitiens de l’époque modèlent leurs parcours en fonction de celui des autres, au premier rang desquels figure, bien entendu, le maître incontesté que reste Titien. La concurrence joue donc un rôle majeur dans la création et le renouvellement de la peinture à Venise.

C’est donc dans cette ambiance bon enfant que les trois peintres vont créer des œuvres magnifiques. L’époque est marquée par le paragone, c’est-à-dire la discussion théorique sur la comparaison des arts et sur la possibilité que l’un d’entre eux soit supérieur à tous les autres. Le rapport de la peinture aux autres arts a alors occupé nombre de peintres. La réponse singulière de Venise à cette problématique se trouve dans un travail sur le reflet, moyen par lequel les peintres ont cherché à démontrer la supériorité de leur art. Que ce soit dans un miroir, sur le métal des armures notamment, sur l’eau, les artistes cherchent à donner à voir en trois dimensions un corps que la peinture réduit à deux dimensions seulement. Giorgione fut le premier à s’engager sur cette voie.

Titien, Tintoret, Véronèse et Jacopo Bassano ont par la suite développé, chacun à sa façon, cette réflexion, livrant ainsi des chefs-d’œuvre de subtilité, magnifiques et grandioses qu’on ne se lasse pas d’admirer. Et comme tout trio, on apprend que les peintres étaient en fait quatre, il faudra alors compter également sur Bassano, dont le nom est peut-être moins connu mais les toiles tout aussi incroyables.

Les praticiens comme les institutions des monastères de la ville font appel aux grands artistes dans le vent. Qui ne rêvait pas d’un portrait de Titien, le favori de Charles Quint, d’autant que ces peintres sont grassement payés. Véronèse reçu 300 ducats, 10 années de salaire pour un simple artisan pour cette titanesque œuvre la peinture les Noces de Cana.

 

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Argent et gloire tous les coups sont permis lors des concours organisés par la puissance publique ou les ordres monacaux. A ce petit jeu, Tintoret est le meilleur. Il déplaît à tout le monde aux Titien, aux Véronèse, mais les commanditaires l’adorent. Véronèse l’étranger de Vérone lui sera adoubé par un Titien vieillissant.

Titien,

Tiziano Vecellio ou Tiziano Vecelli, plus communément appelé Titien, Tiziano en italien.

La Renaissance, il est auteur d’une œuvre picturale considérable de nu féminin avec beaucoup de «repentir» en blanc, rouge et noir durant au moins 70 ans. Naissance, Pieve di Cadore – 1489 / Décès, Venise, 1576. La gloire de l’art Vénitien, mais Titien c’est aussi le cœur du pouvoir, celui qui promeut rois et empereurs et décide de l’avenir de ses confrères. Le portraitiste de génie resté célèbre pour la sensibilité de ses sujets et de sa touche, fut à la fois le maître de la peinture et des destins. Le maître du temps en somme.

Titien auto portrait.

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Vers 1502, huile sur toile 0,86×0,65 m, Madrid Museo del Prado, n° 407.

Les Pélerins d’Emmaüs

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Vers 1533-1534, huile sur toile 1,69×2,44 m signé «TiciAn»,Paris Musée du Louvre INV. 746

Vénus au miroir

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Vers 1555, huile sur toile 1,25×1,06 m, Washington, National Gallery of art, Andrew W.Mellon Collection, 1937.1.34.

Tintoret.

De son vrai nom Jacopo Comin, né à Venise dit Tintoret 1518-1594. De la Renaissance on lui associe le courant manièrisme de l’école Vénitienne. A sa naissance il est prédestiné a être un modeste teinturier. De cela, il ne restera qu’un surnom Tintoretto. Ecarté de l’atelier de Titien par ce que trop génial, le peintre déploie un maniérisme d’ou surgit le drame, la violence et le surnaturel. Sa personnalité singulière le conduit à quelques coups d’éclat qui lui valent rancune mais surtout admiration jusqu’à sa mort.

Élève de Titien, il est réputé pour avoir dépassé son professeur dans la maîtrise des couleurs et des ombres, du rendu de la matière, s’inscrivant ainsi parmi les grands du style vénitien. Avant d’être admis à participer à une œuvre nouvelle, tout élève apprend le métier en copiant le travail du maître. Le garçon est-il trop impatient d’affirmer sa personnalité ? Ou bien le patron a-t-il surpris quelques dessins de lui et l’a-t-il renvoyé de crainte que de pareils débuts ne révèlent un concurrent potentiel ? Toujours est-il que Jacopo ne reste que quelques mois chez Titien. Il s’intéresse aux courants maniéristes toscan, romain et émilien, diffusés à Venise par des artistes comme Sansovino, Salviati et Schiavone. Il avait une grande admiration pour Michel-Ange qui l’a influencé dans sa technique du dessin.

 

Tintoret auto portrait.

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Vers 1588, huile sur toile 0,63-0,52m, Paris Musée du Louvre, INV.572.

Saint Augustin guérissant les infirmes.

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Vers 1549-1550, huile sur toile 2,55×1,75m, Vicence, Musei Civici, Pinacotheca di Palazzo Chiericati, A74.

Tarquin et Lucrèce.

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Vers 1580, huile sur toile 1,75×1,52m, Chicago, The Art Institute of Chicago, Art Institute Purchase Fund 1949.203.

Véronèse.

Paolo Caliari, naissance, Vérone – 1528 / Décès, Venise, 1588. 

Le Maniérisme Paolo Caliari est né à Vérone en 1528, ce qui lui vaudra son surnom, Véronèse. La peinture de Véronèse est caractérisée par le souci de la composition, fondée sur les personnages, et un travail sur la couleur tout autant que sur le dessin, il cherche à idéaliser ses sujets, tout en leur conférant un aspect décoratif et ornemental. Il exécute tout à la fois des commandes officielles, travaillant pour le palais ducal à la demande des autorités de la République de Venise, ce qui accroît notablement sa réputation, et des commandes privées, émanant des aristocrates vénitiens de l’époque, qui apprécient sa capacité à représenter leurs idéaux d’harmonie sociale. Il participera grandement à la décoration de l’église de San-Sébastien. Il travaille aussi à la création de décors et de costumes de théâtre, ce qui n’est pas sans influencer son travail de peintre proprement dit, les éléments qui servent de fond à ses Noces de Cana, par exemple, rappellent un paysage d’architecture presque intemporel qui ne s’apparente à rien de connu.

 

Véronèse auto portrait en chasseur

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1562 fresque.

Saint-Marc couronnant les vertus théologales

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1553-1556, huile sur toile 3,3× 3,17m, Paris Musée du Louvre, INV 148.

Portrait de dame avec un mouchoir

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Vers 1570-1572, huile sur toile 1,17×1,01, Munich Bayeriche Staatgermäldesammlungen. Alte Pinakotek Nr 594.

Véronèse face à l’Inquisition.

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18 juillet 1573. Le Repas chez Levi (555×1280) peint en 1573 pour le couvent de Santi-Giovanni e Paolo des Dominicains de Venise pour remplacer une Sainte Cène du Titien détruite dans un incendie. Saisi en Napoléon en 1797, il a été restitué en 1815 et est toujours conservé à l’Accademia de Venise. Ce tableau a valu à Véronèse une comparution sans suite devant le tribunal de l’Inquisition en juillet 1573. C’est évident, il n’aurait jamais été convoqué si un fripon ne l’avait dénoncé pense-t-il. À peine la toile avait fini de sécher, à peine avait-elle rejoint ses commanditaires au couvent de Sani-Giovanni e Paolo que la nouvelle tomba sur la tête du peintre. Et le voila à 45 ans obligé de défendre sa création auprès de la plus terrible des autorités, l’Inquisition.

Jacopo Bassano.

ou Jacopo da Ponte ou même Jacopo Bassano l’Ancien 1510-1592 est un peintre maniériste de l’école Vénitienne. Le quatrième des trois.

 

Le Baptême du Christ.

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1592 huile sur toile 1,918×1,60m, New-York sur permission du Métropolitan Muséum of Art. Promesse de don au Métropolitan Muséum of Art. L 2009.6

2 réflexions sur « La piramida testimone del « Romanzo criminale a Venezia », seconda parte. »

  1. [i][b]Bravo Anido, pour ce deuxième chapitre que je viendrai relire avec plus d’attention…

    Cela me donne envie de me rendre à Venise en tous les cas…

    Avec toute mon amitié,

    Dominique[/b][/i]

  2. [b]Dominique[/b] bonjour,

    [u]Merci de ton appréciation.
    [/u]
    Tu sais Venise n’est plus ce qu’elle fût. La dernière fois que j’y suis allé remontre à 2002, elle n’est envahie par trop de monde et elle perd de sa splendeur.

    Il ne faut pas y aller pendant la saison touristique, d’une part par ce que tout est hors de prix, mais aussi le monde qui gâche tout. Si l’objectif est la culture, il faut se préparer, et y aller soit au printemps ou en automne, on circule plus aisément et on prend le temps de voir.

    Mais elle reste une ville très chère surtout l’hôtellerie.

    Et puis, il y a aussi les îles et la région.

    Si j’ai fait cette peinture c’est bien entendu que pour moi, Le Louvre consacrait à ces peintres une place d’honneur dans sa coupole autre œuvre des temps modernes. Et le titre,dit bien ce que je ressens,

    [u][b] »La pyramide témoin de la rivalité criminelle à Venise »[/b][/u]

    Nous en avons besoin et heureusement qu’il y a ses grands hommes qui savent donner à notre pays ce que les autres non pas. Hier au cours de ma rando, j’ai revu la petite ville de Vigny sa belle et originale église et son château, et je me disais, heureusement qu’il y a eu des hommes pour construire de si jolie choses, et si les seigneurs d’antan qui ruinaient leur peuple part les impôts qu’ils percevaient, ils sont restitué cet argent au centuple en construisant châteaux, palais, cathédrales qui nous émerveillent et font venir les touristes du monde entier.

    Bien à toi,

    Anido

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