« Le terme peur peut désigner l’appréhension liée à des situations déplaisantes ou à des animaux répugnants. (…) La peur a un impact très important sur les foules ; elle est utilisée afin de contrôler les foules et les peuples.(…) Dans les systèmes dits démocratiques où une telle menace n’est pas explicite, il importe plus de contrôler ce que pensent les gens, en déformant les informations (ndlr : plutôt parfois avec l’aide) des médias et avec des menaces plus abstraites ou même virtuelles ».

 

La grippe A ou H1N1 a été l’exemple-type de ce que les gouvernements peuvent être amenés à faire pour calmer les ardeurs d’un peuple en période de crise touchant principalement les pays industrialisés.

La sonnette d’alarme avait été tirée de peur (encore) de voir se reproduire des dégâts causés par une pandémie similaire à la grippe espagnole ayant fait vingt millions de morts en 1918.

Que nenni, les populations et notamment une majorité de Français sont restées impassibles devant la menace, jusqu’à bouder les vaccinations dont les laboratoires étaient les premiers bénéficiaires.

L’importante médiatisation internationale aurait pu semer la panique dans le monde entier si les populations, de plus en plus informées, n’avaient pas arrêté « l’hémorragie » démagogique et financière.

La manière de relancer un secteur de l’économie en jouant sur les peurs avait été, cependant, démasquée…

Cette gestion d’une pandémie annoncée a amené un autre risque, celui de la méfiance alors que des signaux d’alarme seront réels. De quoi s’interroger sur la notion de prévention…

En outre, au moment où des sondages indiquaient une percée de Marine Le Pen pour la présidentielle de 2012, la France ou plutôt ses politiques et médias, les uns n’allant jamais sans les autres, a été en proie à une crise d’hystérie collective devant une montée du fascisme dont on n’aurait pas su interdire le parti.

On ? Les gouvernements successifs qui utilisaient le Front National comme élément de comparaison pour démontrer à quel point leurs références étaient les meilleures.

Effroyable nouvelle annonçant que certains des nôtres tendraient à faire basculer le pays dans une idéologie fasciste alors que la majorité des Français n’abonde pas ce sens…

Horreur, il y aurait des gens différents de nous qui ne seraient pas que des musulmans…

Des minorités de personnes que le gouvernement a l’art de montrer du doigt depuis le début du quinquennat de Nicolas Sarkozy.

Une sur-médiatisation d’actes isolés qui ferait croire à leur banalisation ajoute aux doutes et à la peur (encore) sur les intentions de l’Autre.

Les sujets traités sous le coup de l’émotion, s’ils ont vocation à marquer les esprits, font courir le risque d’une mauvaise gestion sur la suite à donner.

Entre-temps, le Japon a été le théâtre de catastrophes hors du commun pour un seul pays : tremblements de terre, tsunami et catastrophe nucléaire.

Certains politiques, pas forcément de la même tendance que le gouvernement en place, se sont engouffrés dans la « brèche » profitant de l’émotion suscitée par ces catastrophes.

Ils ont utilisé les mêmes ficelles qui fonctionnent tellement bien, celles qui distillent la peur, en dépit d’un minimum de respect envers les victimes nippones.

Ce qui n’empêche, en aucune manière, d’aborder le sujet du nucléaire et de prévoir, d’ors et déjà, des dates pour en débattre aussi largement que possible.

 

L’image des révolutions arabes en quête de plus libertés, de démocratie et de partage des richesses est galvaudée par la peur des guerres, la peur du manque de pétrole, la peur du terrorisme avec le spectre brandi d’Al-Qaïda par nos « communicants ».

La peur de souffrir de tous ces maux rend les habitants de notre planète presque imperméables aux souffrances des Autres, les moins nantis.

L’héritage des révolutionnaires français de 1789, quand à lui, est bien loin dans le temps et dans les esprits ; les Sans-Culotte ont mué en polémistes anxieux et pessimistes avec pour seul courage, celui de dénoncer ; ce qui n’est déjà pas si mal…

Peut-être retrouveront-ils le même grand sang-froid dont ils ont fait preuve pendant que le battage médiatique de la grippe A battait son plein.

Si on se rappelait cet adage : « la peur n’évite pas le danger » ?

 

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