La parade pour contrer Besancenot : ne pas comprendre ce qu’il dit

Face à la montée du NPA, la stratégie adoptée par la plupart de ses adversaires politiques est la même : ne pas comprendre (ou faire semblant) son programme.

Pourtant, le programme du NPA, et le nouvel état vu par Olivier Besancenot est compréhensible par toute personne comprenant le français.

Il est tout simplement ahurissant que les politiques ne trouvent rien d'autre à dire que "je ne comprends pas ce que vous proposez". Cf les débats télévisivés auxquels participe le NPA (principalement sur la chaîne parlementaire LCP).

 

Pour une fois, même l'UMP a raison : le système Besancenot ne peut pas marcher. Mais chercher à contrer Besancenot en faisant semblant de ne rien comprendre à ce qu'il propose (et si les politiques ne font pas semblant, c'est grave), c'est tout simplement faire son jeu.

Un exemple très simple : Besancenot a souhaite que "la majorité décide pour elle-même", ce qui signifie, comme il l'a clairement expliqué, qu'il souhaite passer du système représentatif (des élus qui représentent le peuple et décident à sa place) à un système qui ressemblerait à la démocratie participative où les citoyens seraient impliqués au quotidien dans la vie politique.

Ce n'est pas difficile à comprendre.

Il serait simple, et bien plus judicieux d'expliquer qu'un tel système est impossible à mettre en place. 

Il est bien que les gens ne votent pas massivement NPA, mais il serait encore mieux qu'ils sachent pourquoi, et que l'on arrête de leur bourer le crâne avec du "l'extrême gauche, c'est le mal".

N'en déplaise à ses détracteurs les moins informés, le NPA n'a jamais voulu de système soviétique, il propose de créer un système qui n'a encore jamais existé.

12 réflexions sur « La parade pour contrer Besancenot : ne pas comprendre ce qu’il dit »

  1. tout à fait
    Tout à fait d’accord. Enfin un avis concernant le NPA qui sort des clichés qu’on entend habituellement. Seul désaccord cependant… si si c’est possible!

  2. Chacun son avis là-dessus
    Je reconnais au moins une chose aux partisans du NPA : pour la plupart, ils savent pourquoi ils votent NPA.
    Alors que la plupart des Sarkozystes votent par tradition, sans vraiment savoir pourquoi. J’irais même jusqu’à dire, que, jusqu’à maintenant, je n’ai [b]jamais[/b] rencontré d’électeur de l’UMP qui défende son point de vue de manière réfléchie, et avec une bonne connaissance de l’actualité (on s’en aperçoit dès qu’on creuse un peu). Cela, dit, cela existe peut-être.
    Pour ce qui est du système Besancenot, je pense qu’il ne peut être rendu possible que si la France atteint un niveau global d’instruction bien plus élevé que celui d’aujourd’hui, et ce pour la raison simple que le peuple serait supposé se prendre en charge, prendre part à la vie politique, ce qu’il ne peut faire qu’avec de bonnes connaissances en politique.
    Tant que cette condition ne sera pas vérifiée, toute tentative de construire une société communiste (au sens premier du terme, j’insiste) se soldera par les mêmes échecs que par le passé.
    Enfin, c’est mon avis.

  3. @poissonrouge :

    Sur cette question de l’instruction, vous avez raison : égard au degré « zéro absolu » de culture politique de la majorité des citoyens, la démocratie directe, participative ou l’autogestion seront difficile à mettre en place à court ou moyen terme.

    Le problème étant, que si le système actuel se maintient, cette « utopie » risque de rejoindre le cimetière déjà surchargé des « utopies mortes-nées » : donc pour arriver à la réalisation d’un tel système, il faut enterrer le système actuel ce qui est impensable vu le niveau de culture politique contemporain et la disparition progressive de toute solidarité et d’esprit civique&citoyen : donc c’est le serpent qui se mord la queue.

    Seule l’Education peut changer la donne, mais la captation/contrôle tend à fournir une éducation de plus en plus allégée à la majorité de la population, de même que les diverses mesures démagogiques tendent à éliminer le peu de solidarité et de cohésion sociale à même de produire un changement d’ensemble des mentalités.je n’évoquerai pas le conditionnement mental et massif via médias interposés, l’orientation de l’opinion, le processus de déculturation,etc…qui sont autant d’armes de « destruction massive » de la société en tant que communauté/collectif.

    Pour conclure tout est fait pour maintenir ce système et le rendre de moins en moins démocratique, à entendre influence du Peuple donc des citoyens : conclusion sans un évènement de type « révolutionnaire » pas de changement en vue.

    Cordialement,

  4. Je suis bien d’accord, ce n’est pas simple ! Et si j’avais une solution magique, je la donnerais. Mais je ne crois pas en la vertu d’une révolution.
    Car une révolution signifie qu’une partie de la population prenne le pouvoir.
    Mais pour en faire quoi?
    Pas le donner au peuple, il est incapable de l’assumer.
    Le garder entre les mains d’une élite reviendrait à retomber dans un système soviétique (erreur déjà faite).
    En fait, ce qu’il faudrait, c’est un régime transitoire, qui donnerait progressivement le pouvoir au peuple, au fur et à mesure que son niveau d’instruction augmente, et donc qu’il acquiert la capacité à se gouverner lui-même… Mais comment garantir qu’une fois en poste, l’élite censée prendre provisoirement les choses en main lâchera le pouvoir en temps voulu?
    Vous voyez que même en supposant qu’il y ait une révolution réussie, c’est loin d’être gagné.

  5. @poissonrouge :

    Régime transitoire ?
    La parade serait de confier le Pouvoir à ceux qui non seulement ont des compétences dans les domaines importants/primordiaux mais aussi et surtout qui fuient toute forme de pouvoir : imposer à des personnes compétentes/ »sages » le Pouvoir.

    Sont éliminés d’office toute personne « politique » ou engagée.

    Cordialement,

  6. [quote]Besancenot a souhaite (…) un système qui ressemblerait à la démocratie participative où les citoyens seraient impliqués au quotidien dans la vie politique.
    (…)
    Il serait simple, et bien plus judicieux d’expliquer qu’un tel système est impossible à mettre en place. [/quote]

    Je n’ai pas compris la démonstration!?

  7. il n’y a pas de démonstration
    Je ne démontre pas ici que le système Besancenot est inapplicable, si c’est la question. Je montre qu’il a un programme qui existe bel et bien, que l’on est libre de pas approuver, d’ailleurs, je pense moi-même qu’il est inapplicable.
    L’article dit que Besancenot a un programme qui existe bel et bien, et ce qui m’agace, ce sont les réactions plus stupides les unes que les autres de ses adversaires politiques.
    Si ils ne sont pas d’accord avec lui, qu’ils expliquent carrément pourquoi, au lieu de caricaturer le NPA, via l’image de l’URSS, ou de prétendre qu’il ne propose rien de concret.
    Le paragraphe de la démocratie participative est un exemple simplement pour montrer ce qui précède.

  8. jackdaniels : »Sur cette question de l’instruction, vous avez raison : égard au degré « zéro absolu » de culture politique de la majorité des citoyens, la démocratie directe, participative ou l’autogestion seront difficile à mettre en place à court ou moyen terme. »

    En êtes -vous si sûr? Pour avoir participé à de nombreux combats syndicaux et associatifs (pas politiques, il est vrai) j’ai souvent été agréablement surprise par la participation et les suggestions de personnes apparentées au niveau 0 de la culture politique. Bon, bien sûr, certains diront (toujours les mêmes, ceux des grands médias qui ne font que suivre les consignes gouvernementales et du grand patronat) qu’ils obéissent sans réfléchir aux syndicats, aux associations. Moi, j’en doute: lorsque vous prenez sur votre temps pour défendre des personnes; cela demande beaucoup plus de jugeotte, d’esprit solidaire, de réflexion et de générosité.
    La démocratie participative a déjà été tentée dans l’Histoire mais écrasée sans pitié par les grandes puissances, évidemment.
    Ne pensez-vous pas, d’ailleurs, que les 8/10èmes de nos gouvernants actuels frôlent le 0, voire parviennent parfois à des valeurs négatives ?
    ALORS OUI, je ne suis pas certaine de voir 1/3 des propositions du NPA appliquées de mon vivant,mais l’Humanité n’est belle que dans ses combats pour des Utopies! Non ?

  9. Poisson rouge: »es réactions plus stupides les unes que les autres de ses adversaires politiques.
    Si ils ne sont pas d’accord avec lui, qu’ils expliquent carrément pourquoi, au lieu de caricaturer le NPA, via l’image de l’URSS, ou de prétendre qu’il ne propose rien de concret. »

    MERCI! Enfin des commentaires ouverts et ne frisant pas la malhonnêteté intellectuelle, amalgammant sans retenue stalinisme, communisme, trotskisme, maoïsme bref, tous les « ismes »du vocabulaire !

  10. @Siempre :

    Tout dépend parce qu’on entend par « culture politique ».
    Mon propos peut paraître exagéré mais c’est un constat : le système actuel ne se maintient que par l’absence de culture politique dans la majorité de la population : les perspectives sont la plupart du temps « limitées », vous citez syndicats et associations, ce sont là des exemples parfaits :
    -syndicats : enfermement « corporatiste » la perspective y est généralement « socioprofessionnelle » et n’intègre que les intérêts « particuliers » de tel ou tel « corporation », que leurs luttes soient fondées n’est pas la question, le problème est que nous sommes dans le « particulier » et non pas dans le « global » ou « l’universel ».
    -associations : enfermement « altruiste » tendant à l’autisme car généralement relatif à une « cause » particulière encore une fois, à nouveau le problème ne réside pas dans la « cause » défendue mais dans sa nature « particulière », « exceptionnelle » dans le sens « exception » s’opposant au collectif.

    Soit…

    Ce que j’entends par degré « zero absolu » de culture politique, c’est l’absence de perspective globale, libérée de tout particularisme, que ce soit particularisme idéologique, culturel, social, etc…

    La situation actuelle, soit mondialisation+Marché-Dieu nous impose de penser « global », c’est-à-dire que nous ne pouvons plus nous fonder sur des situations partiales et particulières, pas plus que sur des situations régionales, locales et/ou nationales. En cela, la majorité de nos concitoyens sont en situation de « carence » politiquement parlant.

    Le fait même que la farce démocratique continue à fonctionner jusqu’à l’absurde avec la consécration du monopartisme sous la forme de l’hybride UMPS en est la preuve la plus flagrante.

    La classe politique est devenue une caste/corporation au fonctionnement sectaire et endogamique, l’absence de culture politique chez la majorité de nos « hommes politiques », et en premier chez notre président, ne témoigne que d’une chose : la Politique n’est plus à l’ordre du jour, et n’est certainement pas la motivation des dits politiques : ils font carrière, ils ne font pas de politique.

    Relisons le « contra social » de Rousseau et rappelons-nous son avertissement : la Démocratie est conditionnée à l’absence de brigues ou associations partielles, afin que le corps électoral puisse se prononcer librement, en son âme et conscience, que chaque électeur vote selon sa propre opinion.

    Comment ? Partis politiques comme campagnes électorales devraient être interdits.

    Pourquoi ?
    Les partis politiques fournissent du prêt-à-penser, de l’opinion-à-emporter, interdisant leurs sympathisants puis les électeurs de se fonder sur leurs propres réflexions : l’appartenance à un parti entraîne dans la majeure partie des cas l’abandon de tout esprit critique, la « conscience politique » est en mode veille, seule compte la ligne officielle et l’idéologie-produit du Parti ; s’ajoute le fait que cela induit et attise passions collectives et fanatisme idéologique : soit aveuglement et conditionnement.

    Tout parti est « potentiellement », en germe, en aspiration : totalitaire. Il se fonde sur un modèle qui ne peut être que « total » car l’objectif est de gouverner, l’idéologie doit donc être totale pour « attirer » le client-citoyen.

    Dans nos régimes parlementaires, les partis politiques ruinent la mécanique de séparation des pouvoirs, comment le Parlement peut-il réellement contrôler le Gouvernement (ce qui est sa fonction au départ) alors que le Premier Ministre, (voir le Président) est généralement issu de la majorité parlementaire ?

    Les partis politiques, en l’état actuel, ruinent tout simplement l’esprit démocratique de nos régimes.
    Plus largement, tout « groupement idéologique » intervenant dans la sphère politique, en usant d’embrigadement et/ou jouant sur les « passions collectives » est une menace directe à la Démocratie.

    Constat : la suppression des partis ou la fin du système des partis serait un bine non seulement, mais un réel progrés démocratique.

    Une démocratie ne peut exister que si l’Universel est la règle et non l’Exception ou le Particulier (idéologique, social, culturel,etc…)

    Sur les utopies, elles ne sont intéressantes que si elles se réalisent, ce qui pour l’instant ne s’est jamais produit, donc le combat utopique, aussi noble que soit sa cause, restera toujours stérile si l’Utopie ne rejoint pas le réel : encore une fois, l’enfermement idéologique (les utopies sont trop « limitées ») et l’absence de « pensée globale » empêcheront toujours cette « jonction » Utopie/Réel…

    Cordialement,

  11. @Siempre:

    correctif:

    « comment le Parlement peut-il réellement contrôler le Gouvernement (ce qui est sa fonction au départ) alors que le Premier Ministre, (voir le Président) est généralement issu de la majorité parlementaire ? » sous-entendu Premier Ministre ou Président « chef de la majorité »…afin de démontrer l’absurdité d’un tel système.

    Cordialement,

  12. Sur du niveau zéro
    Le niveau zéro, on le voit lors des rares évènements démocratiques : dans un pays ou 30% des gens votent pour un type, simplement parce qu’il gesticule derrière un micro en promettant du pouvoir d’achat, 25 autres % votent pour un parti qui ne propose rien depuis 10 ans, simplement parce qu’il est contre Sarkozy, je peux effectivement affirmer qu'[b]au moins 50% des français sont au degrés 0[/b].
    Le gouvernement fait penser ce qu’il veut aux gens en faisant passer des âneries à la télé. Les gens gobent n’importe quoi parce qu’ils n’ont aucun esprit critique, ils voit le journal télé comme un évangile.
    Dans ces conditions, comment demander à un peuple de prendre en main sa propre politique ? On sait très bien que 50% des gens, au moins, vont se comporter comme des moutons.
    Quand à l’expérience dont parlait Siempre, je ne conteste pas qu’il existe des gens intelligents en France, la notion de culture politique est indépendante de la classe sociale : on ne peut pas dire d’un type qu’il est bête simplement en connaissant sa profession. Mais ceux qui s’impliquent dans les associations et les syndicats font, à mon avis, partie d’une minorité, mieux informée/instruite que le reste.
    Quand aux politiques, je suis bien d’accord que beaucoup sont à ce degrés zéro : à l’image du peuple qui les a élus.
    Pour preuve,si les politiques étaient intelligents, ils seraient capables d’expliquer ce qu’ils reprochent au système besancenot.

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