La musique revient à Kaboul

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La musique adoucit les mœurs dit-on !

Bien en a pris à Ahmad Sarmast, professeur de musique et fils d’un compositeur de musique classique, d’ouvrir une école de musique à Kaboul.

Cet afghan, émigré en Australie, est revenu dans son pays d’origine pour y construire l’Institut National de Musique, l’unique école professionnelle de musique de l’Afghanistan. Cette initiative a reçu le soutien du Ministère Afghan de l’éducation et de Monash University, une université australienne. Déjà en service depuis quelques mois, son inauguration officielle aura lieu dans les prochains jours.

 

L’objectif de l’Institut National de Musique est de faire revivre la grande tradition musicale de l’Afghanistan qui a été si longtemps oubliée, en formant les futurs enseignants de cet art et pourquoi pas de contribuer à la création du premier orchestre symphonique du pays.

 

Ahmad Sarmast estime qu’il faudrait un budget d’environ 11 million de dollars (9 millions d’euros) en cash et en équipement pour terminer la construction de l’Institut et d’en assurer son fonctionnement pendant une période de 10 ans. Les fonds proviennent principalement de donateurs du monde entier comme par exemple l’Etat allemand et la « société allemande des marchands de musique » qui ont fait don de presque 5 tonnes d’instruments de musique en tout genre.

 

Sur les 150 élèves qu’accueille l’Institut, la moitié d’entre eux sont soit orphelins, soit font partie de ces dizaines de milliers d’enfants qui travaillent dans les rues. Cet établissement espère en accueillir jusqu’à 300 élèves.

Ces élèves redécouvriront la tradition musicale ancestrale et apprendront la maitrise d’instruments nouveaux et anciens tout au long d’un cursus de 10 ans. Ils devraient non seulement étudier la musique de l’Afghanistan, de l’Asie du sud et de l’Occident, mais auront également de cours d’anglais, de mathématiques et d’histoire.

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L’Afghanistan, un pays situé en Asie centrale a toujours été un carrefour pour beaucoup de peuples. Situé sur la route de la soie les afghans ont eu à combattre bon nombre d’envahisseurs. Sur le chemin vers l’Inde que beaucoup convoitaient (Perses, Turcs, Grecs ou Moghols), l’Afghanistan a souvent été une « barrière » résistante. Dans l’autre sens, ce pays fut également partie de l’empire indien de l’empereur Ashoka qui, dans sa volonté d’expansion vers l’ouest envahit l’Afghanistan. L’empire indien s’étendait alors de l’Afghanistan à l’ouest jusqu’à l’actuel Bangladesh à l’est. La période de paix qui s’en suivit, par la conversion de l’empereur Ashoka au bouddhisme (on se souvient des images qui ont fait le tour du monde montrant la destruction de la statue géante (53m) de Bouddha, sculptée à même la roche dans la vallée de Bamiyan)) fut de courte durée. On y trouve donc un mélange des grandes civilisations qu’étaient les civilisations perses, grecques, mogholes et indiennes.

 

Un pays en plein chaos depuis plus de 30 ans. Déjà rarement stable et en paix, ce pays ne connait que des guerres depuis l’invasion soviétique en 1978. Malgré la résistance puis la victoire du général Massoud, qui réussit à chasser les soviétiques, ce pays ne connait pas la paix. En proie à des dissidences internes, le gouvernement ainsi établi, ne dure que 3 ans et déjà, les extrémistes musulmans appelés talibans commencent à vouloir prendre le contrôle du pays.

 

L’Afghanistan, un pays chamboulé, détruit, un (ex-)pays d’interdits. Un pays qui, il n’y a pas si longtemps, nous paraissait être invivable par tant de manque de liberté. Des interdits partout. Interdiction aux femmes de sortir sans burqua, interdiction aux hommes de se réunir, interdiction à quiconque de critiquer, l’éducation n’est pas jugée utile (et je suis soft) et le comble de tout, interdiction de jouer ou d’écouter de la musique. C’est l’image de l’Afghanistan que nous avions il y a encore quelques années, de 1997 à 2001.

 

Rappelons qu’en 1996, les Talibans ont pris possession de Kaboul et ont imposé un islam fondamentaliste. Le changement à ce moment fut radical pour tous les habitants. Le port de la burqua ou être cloitrée chez soi pour les femmes, le port de la barbe pour les hommes ayant été les traits les plus visibles. La musique fut bannie. On a encore en souvenir les images de ces Talibans, qui déroulaient avec allégresse les bandes magnétiques des cassettes audio dans les rues de Kaboul, et les jetaient par-dessus les arbres de manière à les « décorer » façon sapin de Noel.

 

Mais c’est un pays qui commence à revivre à l’image de cet Institut National de Musique.

Les mauvaises nouvelles diffusées dans les médias ne doivent pas occulter les évènements et aspects positifs qui ont lieu dans ce splendide pays. Tout n’est certes pas rose, mais n’entretenons pas d’images négatives. Les choses évoluent positivement.

 

5 réflexions sur « La musique revient à Kaboul »

  1. Mais que je suis heureuse de lire cela!! C’est absolument génial! La musique est indispensable dans notre vie! Elle apporte tellement!
    Merci pour cet article!

  2. Exellent article ,l’initiative de Ahmad Sarmast est hautement symbolique !Pour les Afgans
    qui ont subi les nombreux interdits des talibans dont la musique …qui pourtant comme tout
    le monde le sait « adoucit les moeurs « 

  3. Au moins ils auront de nouveau accès aux connaissances. Si de plus les filles sont acceptées dans l’établissement, cela est positif!

  4. Merci pour vos commentaires positifs. Mitierra, je suis parfaitement d’accord avec vous. La musique est un ingrédient essentiel dns la vie. Elle règle nos humeurs et par conséquent nos actes. Merci Mecarryce. J’espère que le monde se remplisse de mélomanes 😉
    Julien, je confirme, les filles sont admises dans cette école de musique.

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