Dans le cadre d'une expérience de sociologie, le journal américain «The Washington Post» a convié le virtuose du violon, Joshua Bell, à offrir un concert gratuit, déguisé en musicien de rue, à l'entrée de la station de métro la plus fréquentée de Washington. Le 12 janvier 2007, vers 7 heures du matin, en pleine heure de pointe, le célèbre violoniste, muni de son splendide Stradivarius du XVIIIe siècle, a donc commencé à interpréter les plus grandes oeuvres classiques devant une foule de gens pressés.

Hélas, alors que plus de mille personnes sont passées devant le violoniste, seules deux d'entre elles se sont arrêtées, un fonctionnaire de la compagnie d'électricité et un enfant. Le reste de la marée humaine qui s'est écoulé devant Joshua Bell a à peine levé le pied, juste le temps de jeter quelques pièces au musicien, ce qui lui permit malgré tout de recueillir une vingtaine de dollars… alors que ses places de concert s'arrachent à plus de cent dollars !

Les gens se seraient-il arrêtés s'ils avaient reconnu le célèbre violoniste, ou bien la qualité de son jeu ne peut-elle être apprécié que par de véritables connaisseurs ? De toute façon, le virtuose pourra se consoler en retournant à Washington pour y recevoir le prix Avery Fisher, l'une des plus grandes récompenses que l'on puisse attribuer à un musicien soliste aux États-Unis. Peut-être parviendra-t-il ainsi à oublier l'ingratitude des gens pressés.