La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) s’inquiète dans son dernier rapport des discours apocalyptiques qui annoncent la fin du monde pour décembre 2012.




Selon ses membres, ces discours constitueraient un risque de dérive sectaire et pourraient conduire à des dépendances psychologiques envers les prédicateurs, voire à des suicides collectifs. Avec internet, ces discours apocalyptiques sont facilement amplifiés. On compterait ainsi 2,5 millions de pages internet sur ce thème, d’où une « certaine banalisation des discours apocalyptiques les plus extrêmes ».

De plus, ces discours surfent sur les inquiétudes. Comme le note le rapport, « la perception actuelle par l’opinion publique de la fragilité accrue d’une époque où les catastrophes climatiques et les crises économiques et financières se succèdent donne, aux yeux de certains, une raison supplémentaire de croire à des scénarios de fin du monde ».

Pourtant, la thèse du 21 décembre 2012 comme date de la fin du monde n’a absolument aucun fondement scientifique et se limite à de la pure fantaisie. Les prédicateurs justifient leur annonce sur une « interprétation des écritures historiques, notamment celle du calendrier Hotzkin de la civilisation précolombienne des Mayas. […] S’y ajoute un "gloubi-boulga" de mauvais présages astrophysiques, scientifiquement non validés : alignement de notre Soleil avec le centre de la Voie lactée, inversion des pôles magnétiques, suractivité des tâches solaires », note Georges Fenech, président de la Miviludes.

 

La date du 21 décembre 2012 permet à ces mouvements sectaires de s’inscrire dans la tradition millénariste de l’annonce de la fin des temps. Alors que c’est la 183ème fois depuis la fin de la chute de l’Empire romain que la fin du monde est annoncée, on pourrait s’amuser de ces prédictions. Mais loin de considérer ces croyances comme fantaisistes, la Miviludes s’en inquiète et rappelle «  l’horreur des drames que les sectes ont provoquée ces dernières années par leur discours extrêmement anxiogènes ».

 

On se souvient que de 1994 à 1997, 74 personnes liées à l’Ordre du Temple Solaire s’étaient données la mort en France, en Suisse et au Canada afin d’atteindre l’étoile Sirius à l’approche de l’apocalypse. Le rapport de la Miviludes évoque également le suicide de 39 Américains en 1997. À l’approche de 2012, la Miviludes s’inquiète de la recrudescence des discours apocalyptiques et du développement de séminaires et de formation sur l’événement. La mission présidée par Georges Fenech voudrait également mettre fin aux dérives sectaires sur le passage d’un astéroïde géant qui s’écraserait sur la Terre en avril 2036.

 

Créée en 2002 en remplacement de la Mission interministérielle de lutte contre les sectes, la Miviludes est un organisme public rattaché à Matignon est chargé d’analyser le phénomène sectaire. Elle devrait prochainement proposer aux pouvoirs publics un "protocole de vigilance pour mieux identifier et combattre les mouvements sectaires, y compris sur Internet.