Dans son nouveau rapport remis le 3 avril au Premier Ministre, la Miviludes et son Président, Monsieur Roulet, consacrent un chapitre entier à des récriminations à l'égard des minorités spirituelles qui seraient responsables d'une mise à l'index de la lutte anti-secte française par les autorités du Conseil de l'Europe.

En bref, les instances européennes ayant ouvert leur écoute à toutes les associations, elles répercuteraient sur la France les plaintes d'organisme de défense des nouvelles spiritualités comme le CAPLC et le CICNS.

C'est en fait quelque peu inverser les rôles, et pour bien comprendre cela, il faut se rendre compte que l'existence même de la Miviludes est contraire aux directives européennes.

En effet, voici quelques extraits de la Recommandation 1412 adoptée en 1999 par l'Assemblée Parlementaire du Conseil de l'Europe :

1. L’Assemblée rappelle sa Recommandation 1178 (1992) relative aux sectes et aux nouveaux mouvements religieux dans laquelle elle a estimé inopportun le recours à une législation majeure pour les sectes au motif que celle-ci risquerait de porter atteinte à la liberté de conscience et de religion garantie par l’article 9 de la Convention européenne des Droits de l’Homme ainsi qu’aux religions traditionnelles.

2. L’Assemblée réaffirme son attachement à la liberté de conscience et de religion. Elle reconnaît le pluralisme religieux comme une conséquence naturelle de la liberté de religion. Elle considère la neutralité de l’Etat et une protection égale devant la loi comme des garanties fondamentales pour éviter toute discrimination et invite donc les autorités étatiques à s’abstenir de prendre des mesures fondées sur un jugement de valeur relatif aux croyances.

4. Depuis l’adoption de cette recommandation, un certain nombre d’incidents graves se sont produits qui ont incité l’Assemblée à se pencher à nouveau sur le phénomène.

7. Il est primordial de disposer d’une information fiable sur lesdits groupements, qui ne provienne exclusivement ni des sectes elles-mêmes, ni des associations de défense des victimes de sectes, et de la diffuser largement au grand public, après que les personnes concernées aient eu la possibilité d’être entendues sur l’objectivité de telles informations.

10. En conséquence, l’Assemblée invite les gouvernements des Etats membres:

i. à créer ou à soutenir, si nécessaire, des centres nationaux ou régionaux d’information sur les groupes à caractère religieux, ésotérique ou spirituel qui soient indépendants de l’Etat;

vi. à encourager une approche des groupes religieux empreinte de compréhension, de tolérance, de dialogue et de résolution des conflits;

vii. à prendre des mesures fermes contre toute action qui constitue une discrimination ou qui marginalise les groupes minoritaires, religieux ou spirituels.

Au vu de ces recommandations, que peut-on observer en France ?

D'abord, la Miviludes est un organisme gouvernemental qui, pour fournir ses informations, s'appuie uniquement sur des associations de défense des victimes des sectes autoproclamées "antisectes", sans jamais consulter les minorités stigmatisées, violant ainsi les articles 7 et 10i de la précédente recommandation.

Ensuite, la Miviludes et son Président, Monsieur Roulet, multiplient les attaques contre les minorités de pensée, discriminant et marginalisant de nombreux mouvements spirituels, sans ouvrir le dialogue avec ces mouvements, puisque dans le cadre de ses travaux elle n'entre jamais en contact avec ces derniers. Ainsi elle viole l'article 2 de la recommandation et s'expose aux mesures préconisées au point 10vii.

Il est maintenant évident que si le Conseil de l'Europe et les différentes instances européennes pointent du doigt la France depuis de nombreuses années, ce n'est pas à cause d'une récente recrudescence des plaintes portés par les différentes minorités spirituelles, mais bien parce que la France a fait preuve jusqu'à aujourd'hui d'un véritable retard culturel dans le domaine des nouvelles spiritualités.

Aux yeux de l'Europe, la France fait figure de pays emprunt d'une intolérance religieuse sans commune mesure avec ses voisins, qui pour la plupart s'en sortent beaucoup mieux dans l'intégration de nouvelles formes de pensées orientées vers une spiritualité plus grande.

Si l'existence de a Miviludes est aujourd'hui menacée, et si ses acteurs sont rejetés par les instances européennes chargées de veiller au respect des droits de l'homme, c'est à elle-même qu'elle le doit, et aux dérives qu'elle représente en matière d'atteinte à la liberté de conscience.