Tricher, c’est qu’il y a de moins beau, tricher, c’est tomber de si haut, tricher, c’est prendre le risque de se faire attraper et de décevoir ceux que l’on a fasciné. Ça y est, la messe est dite, Lance Armstrong s’est bel et bien dopé. Il a mêlé son sang avec des substances énergisantes, des substituts trompant les capacités propres de l’homme. Des produits transformant l’être humain en engin dont la seule finalité est de battre des records sportifs. Une mutation génétique modifiant les athlètes en des humanoïdes musculeux tout en raccourcissant leur existence. A force de s’inculquer des produits chimiques nocifs, on risque de gagner des cancers en plus des médailles. La méthode Armstrong était un système bien huilé, qui a trompé son monde durant des années. Les détails nous sont livrés par un de ses anciens collègues, Tyler Hamilton.
Le cyclisme est depuis des années, entaché par des histoires de dopage en tout genre. Le livre signé par l’ancien lieutenant de Lance Armstrong, lors des Tours de France de 1999 à 2001, Tyler Hamilton, jette un pavé dans la mare. Dans Dans les coulisses de la course. Au sein du monde caché du Tour de France : dopage, dissimulation et gagner à tout prix, il affirme haut et fort que le "Boss" ce serait dopé depuis la première Grande Boucle qu’il a remportée.
Allant bien plus loin que la simple calomnie, il détaille les faits et les rouages du système Armstrong. Un stratagème qualifié d’avant gardiste par Armstrong en personne, "deux ans d’avance sur les autres" à ce qu’il aimait répéter à ses anciens collègues. Les choses se déroulaient comme suit : un certain "Philippe", un jardinier, un homme à tout faire, on ne sait pas très bien, était payé par Armstrong pour qu’il suive l’équipe d’US Postal à moto, avec à son bord des thermos remplis d’EPO et un téléphone à carte prépayé. L’EPO était surnommé par la fine équipe, "Edgar Allan Poe", pour ne pas soulever de doutes en cas d’écoute téléphonique.
Dès que le terrible "train bleu" de l’US Postal commençait à chanceler, Philippe recevait un coup de fil pour livrer les grimpeurs en potion magique. Il n’y avait qu’eux d’impliquer dans la combine, là encore pour ne pas éveiller les soupçons du reste de l’équipe. Armstrong, Hamilton et Livingston étaient abreuvés en liquide miracle pour pouvoir aborder la montée en toute sérénité. Une méthode 0 risque selon le "Boss". En effet, en cas de perquisition ou de fouille par les services de la lutte anti-dopage, les chambres étaient vides de toutes substances prohibées.
Tyler Hamilton a bien connu Lance Armstrong et ses agissements, il confesse qu’en 1999, les coureurs étaient drogués à l’EPO, que l’année suivante, c’était à la testostérone et aux transfusions sanguines et qu’en 2001, lors d’une course en Suisse, Lance a été contrôlé positif malgré ses démentis. Car c’est là où Hamilton est audacieux dans ses confessions, il prétend que les tests ne signifiaient strictement rien. En effet, les médecins suivant les coureurs étaient plus forts que ceux de la fédération anti-dopage, ils savaient mieux truquer les résultats et jeter un voile sur les choses qu’il ne fallait pas voir. Une vraie guerre des neurones remportée par les fraudeurs.
L’ancien cycliste de 41 ans, va encore plus loin en s’attaquant aux têtes pensantes et aux hautes instances de la petite reine. Selon lui, les liens amicaux entre Armstrong et Hein Verbruggen, l’ancien président de l’UCI, l’Union Cycliste Internationale, lui ont permis d’effacer des résultats positifs en 1999, comme une dette sur une ardoise. Le directeur sportif de l’US Postal, Johann Bruyneel, en prend également pour son grade, lorsqu’ Hamilton insinue que tout se passait avec sa bénédiction.
Avec le livre d’Hamilton, ce sont les autres témoignages contre Lance Armstrong qui se retrouvent ainsi renforcés. Le sportif à la retraite est devenu un atout de taille pour l’USADA dans sa lutte contre le dopage. Bien que Lance Armstrong ait été déchu de ses sept titres et radié à vie de l’association professionnelle de cyclisme, la guerre est loin d’être finie. Effectivement, l’US Postal n’a certainement pas été la seule à utiliser ce genre de solution, beaucoup d’autres équipes ont adopté cette méthode. L’UCI doit alors pourchasser tous les individus suspects dont la présence au sein des différentes délégations n’était pas nécessaire.