La liberté de l’information

J’ai toujours eu un petit côté non conformiste. Une tendance à aller à contre-courant et à ne pas accepter de fait les choses établies.
Je suis une grande gueule…mais une gentille grande gueule. Je n’agresse pas verbalement, je ne descend pas dans la rue et j’écoute attentivement ceux qui ont tort.
C’est donc dans cet état d’esprit que j’étais hier.

Bon je vous raconte depuis le début.

 

 

J’apprends par le biais du forum sur lequel je suis inscrite –le seul d’ailleurs- qu’une émission d’information programmée dimanche soir traitera d’un sujet qui m’intéresse au plus au point mais qu’il n’est pas nécessaire de la regarder car le travail du journaliste est plutôt « à charge ». Je préfère donc écouter la voix de la raison. Mais certaines émission au titre et au bande-annonce choc se font racoleuses et invitent à les regarder des personnes par toujours au fait des sujets traités.
Mon beau-frère –qui est un gentil garçon un peu naïf-  appelle donc dimanche soir en pleine émission, effrayé par ce qu’il découvre. Au milieu de pseudo sportifs utilisant des stéroïdes, d’un cadre sniffant du Subutex ou encore de cette ancienne salariée shootée à un tas de médicaments pour tenir le coup sous la pression de son employeur, un reportage sur les parents qui administrent à leur enfant un médicament pour les calmer et de fait les rendre plus performants à l’école.
Je n’essaye pas de le rassurer mais lui rappelle juste deux/trois anecdotes qu’il avait oublié en lui rappelant que ce qu’il a pu percevoir du comportement de mon fils je le vis tous les jours et parfois de façon décuplée.
Ajouté à son discours celui de parents – sur le forum- ayant vu le reportage et dont le sentiment est loin d’être un sentiment bienveillant à l’égard du journaliste.
Je ne peux rien en dire tant que je n’ai pas vu le reportage. Je le regarde sur internet prenant le temps de décortiquer ce qu’on nous donne à voir en nous assénant des vérités impossible à vérifier.
C’est vrai qu’à voir par exemple le sourire de cette maman qui illumine son visage quand elle avoue que «non, ce n’est pas évident pour une maman de donner des stupéfiants à un enfant de 7 ans » on reste perplexe et un sentiment d’hostilité naît envers cette maman qui « va pouvoir revivre ».

Je ne jette pas la pierre à cette femme qui visiblement est sûre d’elle et du bien fondé de ce qu’elle fait. Ce qui est un peu plus dérangeant c’est la façon dont le journaliste amène les choses en n’hésitant pas à demander « vous avez pas l’impression de le shooter ». Au-delà de la mauvaise construction au point de vue grammatical et du mot « shooter » qui aurait pu être remplacé par un synonyme ( !), le journaliste est plus que directif et partial dans ses propos. Il me semblait que les mots impartialité et déontologie avaient encore un sens dans certaines professions…quelle naïve je fais.
Le reportage est bâti pour expliquer au téléspectateur lambda, qu’aujourd’hui beaucoup de parents ont trouvé une parade infaillible pour faire de leur enfant des modèles de sagesse et de réussite scolaire. Ce miracle s’appelle la Ritaline. Le journaliste oublie de préciser que ce psychotrope est prescrit en France par des neuropsychologues, des neuropédiatres ou encore neurologues et qu’elle se fait après une série de tests longs et coûteux (non remboursés, bien-sûr).

Je m’attendais à ce genre de discours. Ce qui me gêne, au-delà du parti pris c’est que vis-à-vis du grand public tout est à refaire.

C’est tellement navrant que je ne peux pas garder ça pour moi.
J’ai fais ce que je n’avais jamais fait auparavant, déposer sur le site d’une émission télévisée un avis la concernant.

J’y ai passé une bonne partie de la journée, d’hier. Je ne voulais pas écrire sous le coup de la colère alors j’ai bien pesé tous mes mots, posé aussi la problématique et expliqué pour expliquer, pas pour convaincre.
Je me suis enregistrée sur leur site et y ai déposé mon billet. J’ai vérifié, une fois posté, qu’il

« présentait bien » et en éteignant mon ordi j’avais le sentiment d’avoir fait quelque chose d’utile.
Ce matin je voulais voir si j’avais réveillé des consciences, suscité quelques intérêts.
Visiblement, oui, puisque le sujet « émission du 29/01 » qui comportait hier pas moins de cinq pages de commentaires n’existe plus ce matin !!!

 

Mais je ne saurai sans doute jamais si mon billet est arrivé jusqu’à sa destinataire – présentatrice et rédactrice en chef de ‘émission – ou si il a subi la censure…

4 réflexions sur « La liberté de l’information »

  1. Il est loin le temps où les journalistes informaient…
    Aujourd’hui, cachés derrière une carte de presse, ils sont pléthores à se sentir autorisés à raconter n’importe quoi avec une assurance et un aplomb qui les placent dans une situation de maîtres à penser…et la majorité du public applaudit !!!

  2. Un peu d’Histoire transposable à tous les médias pour tous les pisse-copie:
    (repris de SOPHY lien en bas)
    La scène se passe à New York, lors d’un banquet, le 25 septembre 1880. (çà ne date pas d’hier, n’est ce pas ?)

    Le célèbre journaliste John Swinton s’énerve quand on propose de boire un toast à la liberté de la presse :

    « Quelle folie que de porter un toast à la Presse indépendante !
    Chacun ici présent sait que la presse indépendante n’existe pas.

    Vous le savez et je le sais.

    Il n’y en a pas un parmi vous qui oserait publier ses vraies opinions.

    S’il le faisait, vous savez d’avance qu’elles ne seraient jamais imprimées.

    Je suis payé pour garder mes vraies opinions en dehors du journal pour lequel je travaille.

    D’autres parmi vous sont payés pour un travail similaire.

    Si j’autorisais la publication d’une bonne opinion dans un simple numéro de mon journal, je perdrais mon emploi en moins de 24 heures.
    La fonction d’un journaliste est de détruire la vérité, de mentir radicalement, de pervertir le faits, d’avilir, et de se vendre lui-même, de vendre son pays pour son pain quotidien ou ce qui revient au même, son salaire.
    Nous sommes les outils et les vassaux d’hommes riches qui commandent derrière la scène.

    Nous sommes leurs marionnettes. Ils tirent sur les ficelles et nous dansons.

    Notre temps, nos talents, nos possibilités et nos vies sont la propriété de ces hommes.

    Nous sommes des PROSTITUÉS INTELLECTUELS. »

    (Cité dans : Labor’s Untold Story, de Richard O. Boyer and Herbert M. Morais, NY, 1955/1979),
    [url]http://www.come4news.com/journalistes-tous-menteurs-,-par-omission,-ou-par-obligation-870576 ?[/url]

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