Le travail au noir comme connexe à l’emploi.

 

 

Quel est le chômeur qui, depuis des années de galère, et qui sait se servir de ses mains ne cherche pas à bricoler pour un particulier ? Que ce soit pour des travaux de peinture, d’électricité, de jardinage ou de petite maçonnerie, des particuliers, qui ont une bricole à faire faire, ne trouvant bien souvent pas d’artisans, sont biens heureux de s’adresser à ces bricoleurs qui ne sont plus du dimanche. Ils deviennent des salariés sans reconnaissance légale, pas d’impôt, pas de retraite, rien sinon le prix convenu pour le travail que lui donne son «employeur» occasionnel et propriétaire, c’est à dire vous ou moi. Ils constituent ainsi une société qui s’adapte aux besoins de ceux qui demandent cette main d’œuvre pas chère. Il se crée ainsi une société d’une lente évolution, qui devient complémentaire à l’officielle, mais qui contribue à la consommation en apportant un plus à la société.

C’est la légalisation implicite du travail au noir.

On donne donc un droit au travail au noir puisqu’il permet d’arrondir les angles aux difficultés sociales entre particuliers et chômeurs rayés des Assédics. Ces salariés des petits boulots rendent donc un grand service pour une demande qui ne saurait être satisfaite sans eux. L’État ferme les yeux puisqu’il s’agit malgré tout d’une activité marginale mais très utile, on voit bien que cette évolution est inévitable dans un contexte de grand chômage et de rigueur budgétaire.

N’est-ce pas ce que fait un peu l’état avec ses emplois aidés ? Il légitime un salarié de seconde classe et donne ainsi à son employeur une aide qui répond au besoin des deux. Ces aides sont bien sûr payées par la société pour lesquelles l’État ne perçoit pas d’impôts directs sur l’aide apportée, mais récolte des prestations sociales tout en apportant un plus à la consommation . Cela apporte à l’employeur un service qui lui fait baisser son coût horaire.

Dans le cas des petits boulots, ces salariés deviennent autonomes et peuvent même constituer une petite équipe sans charge ni loi seulement un contrat verbal entre le particulier et eux. C’est tout bénéfice, une souplesse dans le travail, pas d’horaire spécifique, on s’arrange comme on veut.

Les entreprises licencient à tout va pour ne conserver que la structure indispensable, l’ordinateur et les machines qui remplacent cette main d’œuvre que l’on jette dans le tronc commun du chômage, pour ne faire appel qu’aux CDD et à l’intérim par la souplesse qu’ils permettent. Le salarié devient un objet à qui l’on offre un boulot pour un temps, un projet. Il se présente ainsi à gérer son travail, dans une mobilité de lieux, ce qui lui confère de l’indépendance. C’est donc avec ces bricoleurs du petit boulot que s’instaure une société complémentaire à l’officielle des contrats en CDD. Pour le moment ces bricoleurs des petits boulots sont libres mais cela, par leur nombre croissant, peut générer un droit au travail par une organisation adaptée dans la mesure où ils n’ont aucun support social.

Ces électrons libres des petits boulots si tant est qu’ils sont utiles perturbent néanmoins ceux qui travaillent légalement puisqu’ils peuvent contrarier l’artisanat, remplacer un salarié dans une entreprise comme ce qui se passe en Allemagne avec les réformes Schroöder. Déjà, chez-nous, des salariés sont payés en dessous du SMIG malgré que ce soit interdit. Même dans la restauration et chez les artisans, ceux-ci utilisent cette main d’œuvre sans qu’elle soit déclarée ! Une nouvelle évolution sociétale flexible se dessine entre les protégés les précaires et les sans riens. Tout reste à savoir comment un État peut légaliser cette évolution dès lors que ces électrons libres ne sont pas recensés ?

Ces petits boulots sont donc malgré tout une aide à l’emploi sous toutes ces formes. Les précaires répondent à une législation dès lors qu’ils sont coachés par le pôle emploi, tandis que les sans riens employés dans une structure l’égale comme en Allemagne, puisqu’il n’y a pas de SMIG, sont des minis-jobs payés à quelques euros de l’heure et bien souvent en dessous de ce que paye au noir un particulier. Ces mini-jobs représentent jusqu’à 20% de la population active en Allemagne. C’est donc un emploi multiforme suivant les opportunités. Celui qui bricole chez un particulier se trouve favorisé par rapport à celui qui, n’ayant rien d’autre, se contente de mini-jobs.

Quelle sera la réponse à cette évolution ou les droits de l’homme sont bafoués ? On sent bien que tous les hommes ne naissent plus égaux en droits ! Je suis âgé, et je n’ai pas connu cette situation, qui oblige, par exemple, pour les jeunes à travailler pour payer leurs études, se loger. Ces étudiants en sont fervents pendant les vacances d’été. Que ce soit dans la restauration, ou à la mer comme surveillant de plage, là ou il y a un appel de main d’œuvre momentané ces jeunes, pas les bricoleurs, doivent se contenter de ce qu’ils trouvent, et sont bien souvent exploités.

Pour beaucoup cela constitue un premier travail avant le Pôle emploi. Aux États-Unis le Monde.fr indique que seuls les travailleurs indépendants représentent près de 40 millions, soit 1/3 des actifs. Mais ce ne sont pas des bricoleurs puisque ceux -ci ne sont pas recensés. En France on cumulerait 1,6 million de stagiaires et 900 000 autoentrepreneurs, on n’atteint même pas les 10 %.

Des cas concrets des petits boulots, par exemple refaire une terrasse pour un particulier qui en a la compétence, mais il lui faut un coup de main, Le pôle emploi ne peut lui apporter une aide, le chèque emploi service non plus, qui trouver ? Un couple de personnes âgées doit faire réparer une porte et ne peut payer un artisan menuisier, il lui faut trouver un bricoleur, à qui s’adresser ? Pour de la plomberie, une fuite d’eau un joint à remplacer à qui s’adresser, la visite d’un plombier fait cher le joint. Il y aurait une foultitude de petits boulots manuels si c’était organisé. Les aides à la personne ne sont faites pour des travaux ménagers d’assistance.

On trouve des prêts pour financer des travaux mais cela implique de s’adresser à des artisans et à constituer un dossier ce que beaucoup de personnes âgées ne peuvent faire. Ce serait tout un créneau porteur à développer qui ne ruinerait pas l’État et qui apporterait un plus à la société.