La « justice fiscale » d’Eric Woerth

Magnifique invention furieusement conceptuelle du ministre du Budget : "la justice fiscale" qui légitime les inégalités.

  Le ministre du Budget, Eric Woerth, n’est pas qu’un petit soldat sans état d’âme du libéralisme à la sauce sarkozyste. On découvre que notre homme est aussi un penseur politique de haute volée, faisant quasiment oeuvre de philosophe, au point que les BHL et autre Val, habituels préposés à l’exercice dans la sphère médiatique, vont avoir du mal à s’aligner – mais on leur fait confiance. Quelle magnifique invention conceptuelle sa dernière intervention révèle-t-elle en effet ! On vous laisse savourer, c’est la phrase du jour : "Le bouclier fiscal est une mesure de justice fiscale, tout simplement". Tout simplement, et pourtant on n’y avait jamais pensé ! Audacieux : on sait ce qu’est la justice, mais fiscale  ? Qu’est-ce qui est donc juste dans l’impôt ? A priori que chacun concourt aux efforts communs à la hauteur de ses moyens, voilà ce qui pourrait sembler juste. En tout cas si la justice a quelque chose à voir avec la solidarité, l’humanisme, la morale. Mais non, c’est là qu’Eric Woerth-le-magnifique nous cloue en plein vol : ça paraît peut-être juste, mais ce n’est pas fiscalement juste ! Trop fort. Bon sang, les impôts possèderaient donc leur justice spécifique. Qui est, m’sieur le ministre ? Ah, le bouclier fiscal, c’est donc ça. Dans un monde où les inégalités nous sautent à la gueule, où une petite caste de privilégiés se gobergent à coups de salaires somptueux et de golden tout ce que vous voulez, gagnant davantage en quelques mois qu’un smicard n’aurait pas assez de son existence entière pour jamais acquérir, il est juste que ceux qui possèdent le plus continuent à amasser, pour être sûr que l’écart continue bien de croître, que les riches soient encore et toujours plus riches. C’est ça qui est juste. Enfin, entendons-nous : "fiscalement juste". Ou comment annexer tranquillement ce beau mot de "justice" pour légitimer la confiscation des richesses de la collectivité au profit d’une élite économique ! Ah elle a un joli visage, la justice de droite. "Fiscalement juste" ? Moralement scandaleux ! Mais la morale, n’est-ce-pas, Monsieur Woeth…

4 réflexions sur « La « justice fiscale » d’Eric Woerth »

  1. Publicité fiscale !
    Bonjour Olivier Bonnet encore un beau lièvre gouvernementale que vous avez lever !!!
    Je pense que Eric Woeth a du faire un stage chez l’ami Ségéla pour ce lancer dans la pub
    de sa fonction ???
    Amitiés Laury 😉

  2. Quelques citations de Coluche pour argumenter votre article.

    [b] »Dieu a dit : Il faut partager. Les riches auront la nourriture, les pauvres de l’appétit. »

    « Il paraît que la crise rend les riches plus riches et les pauvres plus pauvres. Je ne vois pas en quoi c’est une crise. Depuis que je suis petit, c’est comme ça. »[/b]

    [b]La moitié des hommes politiques sont des bons à rien. Les autres sont prêts à tout.[/b]

    Je crois que c’est toujours d’actualité!

    Cordialement
    LUDO

  3. Bonjour,

    Sans vouloir polémiquer … Savez vous que sans le bouclier fiscal certaines personnes en France étaient contraintes à l’exil car elle payaient plus d’impôt qu’elles ne gagnaient d’argent ? ce serait peut-être un élément à prendre en compte quand on se prononce sur ces sujets, non ?

    Il y a aussi parmi les riches des gens qui doivent leur fortune à leur travail, à la richesse qu’ils ont créé, aux emplois qu’ils ont créé. Nous assistons à une dérive technocratique de l’économie et à une financiarisation à outrance de cette même économie qui fait que les banques ont multiplié artificiellement les sources de profits et alimenté des spéculations pour s’enrichir NON pas en créant de la valeur pour la société mais en prenant ce qui appartenait aux autres.

    Donner une image des gens qui gagnent beaucoup d’argent en les associant à ceux qui sont responsables de ce fiasco me semble faux même si je comprend la haine que suscite l’ampleur de la crise dont l’origine n’est rien d’autre que l’apât du gain pour le gain sans aucune morale et sans aucun soucis de créer de la valeur.

    Avec quelque part une certaine complaisance des pouvoir politiques. Il semble que Clinton ait fait abolir des lois pour permettre aux banquiers de faire leurs affaires. Les politiques Français ne semblent pas étrangers aux échecs de Natixis, d’ailleurs banquiers et hauts fonctionnaires sortent souvent des mêmes écoles. Quelles sont leur connivences ? Voilà ce qu’il serait intéressant de savoir …

    Il est quand même surprenant que face à ce qu’il se passe aucun banquier n’ait été réellement traduit en justice, non ? Mieux j’écoutais Attali sur BFM qui déclarait si j’ai bien compris (donc à prendre ces propos avec des pincettes) Que l’on assiste réellement aux élites qui cherchent à se couvrir pour passer la crise sans aucune remise en cause réelle et que les banquiers ont déjà créé les produit toxiques de demain …

    C’est pas beau ça ? Si c’est vrai ca veut dire l’on paye de nos emplois, de nos entreprises, de nos vies pour la folie d’une poignée et qu’ils recommenceront derrière !!!! Olé

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