Comme prévu, avocats, juges et autres se sont réunis ici et là pour manifester contre la réforme de la  Justice et principalement contre la suppression de la fonction de juge d’instruction.

Nous le savons désormais, cette suppression a pour effet de confier toute affaire d’accusation aux procureurs et magistrats subordonnés par une chancellerie. Bref, quand une affaire notamment de délits financiers, de crimes etc, l’accusé devra faire face non pas à la Justice, mais à l’Etat.

C’est d’ailleurs l’une des revendications des manifestants : s’opposer à ce que la Justice soit à la botte de l’Etat. C’est je pense le rêve de tout homme politique trop ambitieux, posséder le pouvoir de Justice en plus de l’exécutif. Par le passé, la Justice rendait service à l’Etat en rendant des décisions de justice en concordance de la Loi, tout en étant indépendant (logiquement). Si la réforme aboutie, la Justice sera AU service de l’Etat, et c’est là que la nuance prend tout son sens.

En effet, quel est l’un des risques encourus ? L’oubli des affaires politiques et des scandales financiers. Par exemple Plus de juge d’instruction ayant pouvoir d’enquêter sur de l’administratif d’Etat = beaucoup de magouilles qui passent à la trappe ! C’est aussi ce qui arrangerait bien le monde de la politique ! Et inutile de revenir sur ce qu’il adviendra des citoyens restant en bas de l’echelle sociale.

Nous aurons donc une Justice inégalitaire.

Cependant, l’un des objectifs du ministère de la Justice est de mener ces actions dans la transparence et avec une écoute INEGALEE par les anciennes réformes. La formulation est belle et totalement révélatrice, l’écoute sera là, encore faudrait-il PRENDRE EN COMPTE ce qui se dit. Cela va inévitablement se dérouler comme d’habitude : on fera comme on veut, mais parlez on vous écoute.

L’autre objectif est de moderniser la Justice…qu’y a-t-il besoin de moderniser ? la base de la Justice reste ce qu’elle est, des lois inscrites sur du papier, le papier a-t-il besoin d’être modernisé, veulent-ils désormais bannir le papier et s’en retenir qu’à la forme numérique ?

Avant de « moderniser » ils devraient déjà penser à alléger les divers codes de Justice qui sont encore dotées de lois qui parfois ne s’appliquent plus. Mon professeur d’économie disait que si des législateurs inspectaient les divers bouquins, ils pourraient en effacer au moins 1/4 . Puisque nos politiques sont si inquiets pour l’environnement, le printemps arrivant, pourquoi ne font-ils pas ce ménage ? Cela donnerait des livres de lois moins gros et protégerait nos forêts. Chaque geste compte n’est-ce pas ?

 Au-delà de tout cela, n’oublions pas les progrès à faire dans notre système judiciaire : le suivit des affaires, l’application des peines, l’indemnisation des victimes, la garde à vue et les maltraitances parfois infligées pour obtenir des aveux, la surpopulation carcérale, le manque de personnel (ou de postes), l’accompagnement psychologique des détenus en vue d’une réinsertion professionnelle et sociale. Malgré tout, même si la Justice est censée être neutre et indépendante,  si le gouvernement trouvait un test de fiabilité du nœud du bandeau de la statue de la Justice vis-à-vis des affaires politiques ou autres, là ce serait un excellent projet.

Mais bien sûr, c’est une autre histoire !