Les américains aiment jouer le rôle de gendarmes du monde. Une mission dont ils se sentent investis depuis des décennies. Ils sont la main qui caresse et qui frappe avec son bâton nommé Démocratie. Ils prônent à tout bout de champs qu’ils sont les garants de ces valeurs libérales. Au nom des Libertés, surtout celle économique, ils déclenchent des guerres. Alors qu’ils veulent semer les graines de l’Espoir pour que, sur le monde, croissent les fruits d’une société meilleure, ils devraient mieux se regarder dans le miroir. Les américains sont loin d’être les "sauveurs de l’univers", ils ont des parts d’ombres peu reluisantes qu’ils tentent de cacher par une surexposition de leur gigantisme.

 

 

On l’aura peut être appris, même si les cours d’Histoire s’évaporent progressivement, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis sont apparus comme les porteurs du flambeau des libertés et du progrès social. Ils n’avaient de cesse de décrier les agissements de nazis et des communistes qui parquaient les boucs émissaires, les responsables des maux qui rongent la communauté, dans des camps hostiles à la vie. Pourtant, atteint de la même démence, le gouvernement étasunien a singé ces méthodes inhumaines contre les japonais dans les années 1940.

 

 

Dans la cité des anges, les nippons étaient loin d’être considérés comme des séraphins. Sur eux portaient de lourdes accusations, ils étaient perçus comme des démons. Il y a quelques semaines seulement, l’atrocité a pris fin. Alors que l’on pensait ces lieux de détention prisonniers d’une autre époque révolue, il en existait toujours à Los Angeles, du moins théoriquement, car dans les faits, plus personne n’y était interné, fort heureusement. Avec cette sage décision, initiée par l’administrateur Mark Ridley-Thomas, l’Etat de Californie veut tourner une page peu reluisante de son passé.

 

 

En février 1942, alors que le Pacifique perdait sa tranquillité, perturbé par des salves de canons, des mitraillettes pétaradantes, des cris de douleurs et des avions tombant en flèche sur des porte-avions, une terrible psychose pris pour cible les japonais vivant aux USA. L’ennemi du front était également présent dans poulailler, il fallait sévir, du moins c’est ce que l’on pensait.

 

 

Devant le comité décisionnaire, l’acteur George Takkei, connu pour son rôle de M. Sulu dans la série Star Trek, a fait par de son témoignage émouvant sur son enfance. Il n’avait que 4 ans quand il a été envoyé, avec sa famille, dans un camps d’internement en Californie.

 

 

Deux mois après l’attaque de Pearl Harbor, sur ordre du président Roosevelt, les soldats américains pénétraient de force dans les maisons des japonais de Los Angeles, baïonnettes en main. Selon le décret présidentiel de février, ils avaient ordre de procéder à des arrestations massives d’américains d’origine japonaise et de japonais non citoyens américains. Au total, ce sont plus de 120.000 personnes qui ont subi ce sort discriminatoire.

 

 

Encore sous le choc d’être expropriés de leur domicile, ils étaient conduits de force dans des trains vers des camps d’internement. Faire la guerre en Europe, découvrir les méthodes inhumaines des nazis, a du donner des idées au gouvernement américain. On pouvait assister à des scènes de rafles similaires à celles des villes tombées sous le joug de la croix gammée.

 

 

Les captifs, dont la seule faute était celle d’être d’origine japonaise, étaient transférés de camps en camps, le confort diminuant à chaque déménagement. Parqués au départ dans des écuries comme des animaux, ils terminaient dans des lieux de fortunes ceints par des barbelés, semés de tentes. Les américains"pure souche", sensés prôner la tolérance et la liberté, manifestaient une nouvelle facette de leur racisme sous jacent. Aux côtés des afro-américains et des latinos, on pouvait classer les chinois et les japonais. 

 

 

Pourtant la volonté de se battre pour la bannière étoilée, ils en ont montré. Dès la déclaration de guerre ouverte, des milliers d’américains d’origine nippone, se sont présentés au bureau de recrutement de l’Armée. 

 

 

Toutefois l’espoir, pour eux, d’être intégrés au sein de la société était très mince, leur candidature était assitôt refoulée. Leur apparence physique si proche de l’ennemi a joué en leur défaveur car les GIs auraient pu tirer sur leur frères d’armes en pensant occire un dangereux soldat impérial. D’autant plus que des rumeurs couraient à leur encontre. Les américains pensaient qu’ils étaient tous des traîtres, des espions transmettant des informations top secrètes à l’Empire. A entendre les campagnes diffamatoires, les japonais étaient tous des agents de la la fameuse "Cinquième colonne". Pour éprouver le loyauté envers le pays de l’oncle SAM, un organe interne du gouvernement avait été mis sur pied.

 

En guise d’interrogatoire, un QCM d’une trentaine de questions pour tester les connaissances, le profil psychologique ou encore la fidélité. Le même questionnaire était soumis à tout le monde, vieillard, petit garçon, femme adulte, adolescente boutonneuse. Il était d’une perversité intense, les victimes étaient pressées par le temps et selon ce qui leur était demandé, aucune réponse ne convenait. Un petit exemple : "juriez vous fidélité à l’empereur du Japon ou aux Etats Unis d’Amérique?", répondre oui à l’un était synonyme de renier l’autre, c’est à dire renier l’empereur pour les USA, c’était renier sa condition d’asiatique et donc être un individu rejetant ses origines. 

 

 

Avec cette mesure, les USA peuvent à nouveau se regarder dans le miroir, sans que celui ci se fèle. Il a fallu attendre bien des décennies avant que ces camps trouvent portes closes. Mais que faire des ces lieux de captivité issu d’un autre âge ? Peut être en faire des musées pour que les USA n’oublient pas qu’ils ont agi de la même façon que les ennemis qu’ils ont tant combattu.