Là-haut, tout est calme de Gerbrand Bakker est un livre de 2006 dont l’intrigue se déroule dans une ferme principale, entre un père et son fils.

 

Remise en question de l’espace comme remise en question de soi

 

Ce texte parle de bouleversements. A travers les changements matériels d’une maison : déplacement des meubles, il avance l’idée d’un chamboulement psychologique chez le personnage de Helmer Van Wonderen. Il effectue à cinquante-cinq ans un retour radical sur soi.

« Ma nouvelle chambre est, à l’exception de mon lit, complètement vide. » Il fait le vide dans sa tête, quasi table rase du passé. Il retourne au degré zéro, oublie, efface, pour commencer à écrire une autre histoire. Cette prise de conscience est ancrée dans l’espace. Bouger son espace de vie est une façon symbolique de bouger sa pensée, son psychologique, c’est retourner son espace mental. Faire peau neuve, donner un nouveau sens à l’espace et donc à son propre corps et à sa propre pensée.

 

Opposition père / fils

Là-haut, tout est calme, est l’opposition de ce chamboulement intérieur du personnage principal. Helmer Van Wonderen, échange les lieux de vie entre son père et lui. Il installe son père en haut, et lui prend la place de celui-ci en bas. Il recrée l’espace du père en haut. Par contre, fait le vide pour lui, épure, radicalise son espace de vie. Là haut, c’est l’espace du père en opposition à l’espace du fils. Là haut c’est quasi la mort, un espace tranquille, qui suit son court. L’espace du bas se débat dans tous les sens, espace torturé, qui prend enfin conscience de son existence après tellement d’années sans réelle conscience ou vie, prend enfin vie. Il y a cette découpe franche bas/haut, début de vie/début de mort. Là haut, tout est calme, ces quelques mots en réalité parlent de la violence de la remise en question qui se déroule à côté, en marge de ce là-haut, il se fait témoin de celle-ci, témoin muet, tout est calme.