Si les nombreux récits concernant cette bataille mythique ont malheureusement occulté les faits réels et historiques, je pense notamment au plus célèbre de ces contes : L’Iliade d’Homère dont l’épisode nous parlant d’Agamennon, d’Achille et du non moins fameux Cheval de Troie est parvenu jusqu’à nous avec tant de force que c’est la première chose à laquelle on pense lorsqu’on entend parler de Troie, de nombreux chercheurs ont toujours affirmé que la célèbre bataille avait bien eu lieu.

Bien que l’existence de la ville soit attestée par de multiples indices historiques, il fallut attendre les travaux réalisés en 1870 par Heinrich Schliemann pour découvrir les premières traces de Troie aux flancs de la petite colline d’Hissarlik en Turquie, à l’entrée des Dardanelles.

De nouvelles recherches effectuées une soixantaine d’années plus tard par Carl W. Blegen (1932-1938) en précisèrent l’emplacement, et finalement, lors de nouvelles fouilles entreprises en 2001-2002 par le Dr Korfmann de l’université de Tübingen en Allemagne, on a mis au jour un mur d’enceinte de type cyclopéen enserrant une ville de 350.000 mètres carrés soit suffisamment grande pour abriter une population d’une dizaine de milliers d’habitants, ce qui en fait une des plus grandes agglomérations de l’âge du bronze. Nul doute, nous étions bien en présence des ruines de la ville de Troie !

Mais si on avait bien retrouvé la ville, on n’avait encore aucune trace de la guerre qui inspira l’Illiade, et une partie de l’Enéide de Virgile. Ce que l’on savait c’est que la ville de Troie avait été assiégée vers 1240 av. J.-C. par les Achéens qui, bien qu’arrivés au summum de leur puissance, étaient affaiblis par les luttes internes et par la perte du commerce avec l’Égypte. La trop grande étendue de leurs possessions exigeait un apport urgent de richesse, et la ville de Troie, stratégiquement placée à l’entrée de la Mer Noire, position dont elle avait profité pour s’enrichir grâce aux droits de passage qu’elle réclamait aux navires franchissant le détroit des Dardanelles, devint naturellement un des objectifs des Achéens.

Aussi, après un siège qui dura une dizaine d’années, la ville de Troie tomba, et les Achéens s’emparèrent de ses trésors et devinrent les maîtres de la route du fer contrôlée jusqu’alors par les Troyens. Les Achéens seront à leur tour balayés par les Doriens à la fin du XIIe siècle av. J.-C.. Évidemment, on est bien loin de la bataille romantique où des surhommes s’affrontèrent, mais même si cette guerre est bien plus classique que celle d’Homère, la curiosité n’incite-t-elle pas à vérifier si un fond de vérité ne se cache pas sous les vers de l’Iliade ?

C’est donc pour découvrir des traces de cette guerre que les fouilles se sont poursuivies aux pieds des remparts, ce qui a permis – d’après un communiqué de l’agence de presse espagnole EFE – au professeur Rustem Aslan de découvrir les corps de deux personnes qui semblent être mortes alors qu’elles protégeaient la première ligne de défense.

Ces restes de ce qu’on suppose être les premiers cadavres de cette guerre épique à avoir été mis au jour, ont été découverts à 350 mètres en dessous du site de la ville de Troie, et appartenaient à un homme et à une femme. Des études sont en cours pour déterminer l’âge et les causes exactes de leur mort, mais l’archéologue Rustem Aslan est persuadé avoir découvert des combattants de la guerre de Troie, peut-être même s’agit-il d’Hélène et de Pâris ?

Espérons que les résultats des analyses confirmeront les premières évaluations du professeur, il est tellement agréable de voir des recherches passionnées couronnées de succès, et même si cela n’apporte rien de bien concret à notre quotidien, ces restes ne renforcent-ils pas le mythe écrit par Homère, mythe qui fait partie intégrante de l’histoire de l’humanité.

Bibliographie :

Lévêque, L’Aventure grecque, 3e éd. rev., Armand Colin, 1977

T. B. L. Webster, La Grèce, de Mycènes à Homère (From Mycenae to Homer), Paris, 1962.

P. Nilsson, Homer and Mycenae, Londres, 1933

EFE, Arqueólogos turcos encuentran cadáveres de la guerra de Troya, Madrid, setiembre 2009

Carlos Moreu, La guerre de Troie au-delà de la légende, Paris, 2008

G. Rachet, Civilisations et archéologie de la Grèce préhellénique, Paris, 1993

P. Wathelet, Les Troyens de l’Iliade, mythe et histoire, Paris-Liège, 1989