Un mois avant le déclenchement de la guerre en Irak (le 19 mars 2003), j’évoquai dans un entretien recueilli par mon éditeur (Le Manuscrit), ce qui allait devenir un nouveau Vietnam pour les soldats américains et la population civile, causant la mort de plusieurs milliers de militaires et de plusieurs centaines de milliers d’Irakiens :

« Question de manuscrit.com : Que pensez-vous des rapports qu'entretiennent la politique avec l'économie ?

Le nerf de la guerre – comme le révèle l’éventualité d’un conflit avec l'Irak – reste l'économie et les finances. Bush démontre que, en l'occurrence, celui qui possède la puissance économique et financière peut tout se permettre. A coups de milliards de dollars d'aides et de coopération économique, il négocie le ralliement des pays méditerranéens et africains à sa cause, celle de l'intervention militaire en Irak. L'exemple de la Turquie – un des pays les plus endetté avec l'Argentine – est édifiant à cet égard. Leur situation économique catastrophique les contraint à accepter la présence des américains sur leur territoire, voire à collaborer à l'effort militaire des EU. Le pétrole du Moyen-orient, objet de toutes les convoitises, est une des causes de l'intérêt porté à l'Irak par George Bush. Mais la véritable raison est ailleurs, du côté des marchés financiers qui font l'objet de votre question suivante. En effet, une guerre rapide et couronnée de succès en Irak, redonnerait confiance aux marchés boursiers qui vivent, depuis des mois, dans l'expectative et la cruelle incertitude, ennemi numéro 1 des analystes financiers et autres stratèges, et, permettrait au Dow Jones de regagner quelques 2 000 points, à la grande satisfaction des investisseurs et de l'oligarchie financière, garde prétorienne du président Bush […]

« Question de manuscrit.com : Avez-vous personnellement la charge d'un portefeuille d'actions ?

La situation géopolitique étant très critique avec l'imminence d'une guerre contre l'Irak (certains journalistes étrangers évoquent la date du 25 février), pas un analyste ou un gérant de portefeuille censé ne peut conseiller d'investir en actions. Il est préférable de se limiter aux sicav monétaires et aux bons vieux placements sur les livrets d'épargne. »

Malheureusement, l’histoire n’est qu’un éternel recommencement, car trop souvent les hommes emportés par leur passion ou leur folie ne savent pas tirer de leçons du passé. Or, nous sommes en face d’un dangereux psychopathe entouré de faucons atteint de délires paranoïaques, dont le seul objectif est de persuader le président que la guerre est la seule issue au choc des civilisations. En réalité leur folie guerrière dissimule la recherche d’un profit maximum et la détention d’un pouvoir sans partage afin de régner sur l’humanité. Halliburton, dont Dick Chesney était président, s’est « sucrée » sur le dos de l’armée américaine en Irak en leur vendant de l’essence 50 % plus chère que le prix du marché… et nous ne sommes qu’au tout début des révélations qui dévoilent de nombreuses malversations et collusions entre la Maison blanche et des entreprises privées américaines.

Les agissements irresponsables de la bande à Bush risque non seulement de nous précipiter dans une guerre totale qui eut embraser tout le Moyen-Orient, en multipliant les conflits locaux partout dans le Monde, mais surtout de provoquer une grave crie économique à cause du Pétrole devenue l’arme « fatale » des pays non-alignés solidaires de l’Iran, et des conséquences que cela peut entraîner sur le plan de l’inflation, de la croissance; car nous pourrions connaître la récession aux Etats-Unis avec en corollaire un krach immobilier concomitamment à un krach boursier qui seraient suivis par une crise économique, véritable traînée de poudre d’Ouest en Est, pire qu’en 1929, de l’avis de beaucoup d’experts internationaux.

Le mini-krach de la bourse de Shanghai fin février 2007, avec une chute de près de 10 %, n’est qu’un petit aperçu de ce qui nous attend à la puissance dix.

BUSH EST-IL RESPONSABLE DE SES ACTES ?

Un psychiatre, Justin A. Frank, professeur à l'université George Washington, a publié une psychanalyse de George W. Bush intitulée « Bush on the Couch » (Bush sur le divan). Il a exploré …


ses traumatismes (problèmes familiaux et d'alcool durant deux décennies, en passant par l'absence physique et émotionnelle du père), décrypté son langage plein de lapsus et analysé son comportement politique. Son diagnostic est sévère : l'ex-alcoolique Bush aurait été "mal traité" ; il affiche des tendances "sadiques", "paranoïaques" et "mégalomanes". Il ne fait pas bien la différence entre lui-même l'Amérique et Dieu. Il considère que Bush soulagerait les craintes de nombreux Nord-Américains s’il se soumettait à des tests psychologiques à même de mesurer scientifiquement les effets de sa dépendance à l’alcool sur le fonctionnement de son cerveau, et il avertit : « Sinon, nous ne pouvons que suspecter avec force raison que notre Président est handicapé quant à sa capacité de comprendre les idées et les informations complexes. » Et de conclure : « Nous redouterions sans doute un peu tous de le vérifier ; après tout, cela fait trois ans qu’il est à la présidence et il a conduit notre nation à la guerre. Mais si nous ne le faisons pas, les conséquences pourraient nous condamner tous. »

Bernard-Henry Lévy pourrait considérer que ce genre de citation relève d’un anti-américanisme primaire, et Nicolas Sarkozy crierait au crime de lèse-majesté, si les médias d’outre-atlantique ne se posaient pas régulièrement la même question : Bush est-il un idiot ?

Dans son édition du 29 août 2006, le journal Solidarité et Progrès, dans « la lettre du Webmestre » fait une revue de presse sur ce sujet : « La détérioration de plus en plus évidente de son état mental est désormais ouvertement discutée aux Etats-Unis, et un consensus se forme au sein de l’establishment anglo-américain quant aux implications stratégiques qu’entraînerait le maintien au pouvoir d’un homme souffrant de désordres psychiatriques aussi sévères, en période de désintégration financière systémique. Cette désintégration pousse certains banquiers à opter pour une stratégique de troisième guerre mondiale, avec l’aide d’un George W. Bush bien malade. Témoin de ce consensus émergeant, le Premier ministre britannique Tony Blair a pris ses distances par rapport à son ami GWB depuis sa dernière visite à Washington au printemps 2006.

Dans les troisième et quatrième semaines d’août, différents commentaires de presse et émissions d’actualité aux Etats-Unis ont transmis un message clair : le président Bush est mentalement inapte à assumer le reste de son mandat et le sociopathe Dick Cheney doit partir pour permettre un nettoyage à fond de la Maison Blanche, même si la manière dont se fera ce nettoyage n’est pas encore définie […] Le signe le plus remarquable de ce consensus s’est manifesté le 15 août dernier, lors d’une émission télévisée animée par un ancien député républicain devenu analyste conservateur, Joe Scarborough. Il a consacré dix minutes au thème « Bush est-il un idiot ? », et cette question est restée affichée durant tout le débat au bas de l’écran. Après avoir montré des clips hilarants où l’on voit Bush se débattant avec la langue anglaise et se contredisant, Scarborough a demandé à ses deux invités si le Président était suffisamment intelligent pour occuper ce poste.

Dans une interview téléphonique ultérieure, il a expliqué qu’il avait décidé de passer cette séquence parce que de plus en plus de républicains mettent en question les capacités mentales de Bush et sa politique, notamment par rapport à l’Irak. L’émission a provoqué de nombreux commentaires dans les médias, notamment une attaque satirique de l’humoriste Jon Stewart, de Comedy Central, sur l’état mental de Bush, basée sur la dernière conférence de presse de ce dernier où il avait tenté (en vain) de prouver sa rationalité.

Le 22 août, le Washington Post publiait un éditorial d’Eugene Robinson, intitulé, « Le Président sur une autre planète ». Evoquant l’émission de Joe Scarborough, il rappela l’affirmation idiote de Bush, lors de sa dernière conférence de presse, selon laquelle la bande de Gaza, le Liban et l’Irak avaient une chose en commun : « Des terroristes essaient de stopper le progrès de la démocratie ». Robinson fit remarquer que dans la bande de Gaza et au Liban, Israël s’en prend aux gouvernements démocratiquement élus, tandis qu’en Irak, le gouvernement démocratique soutient le Hezbollah.

Par ailleurs, un ancien membre des gouvernements Johnson et Carter, John L. Perry, a signé le 21 août un article sur le site conservateur NewsMax, dans lequel il constate : « Les politiques de Bush sont démolies, ses ennemis à gauche deviennent de plus en plus méchants, des républicains opportunistes l’attaquent, etc. Il se passe quelque chose d’alarmant et cela se voit dans les prestations publiques du Président. » Son langage corporel est épouvantable, son visage est à peine reconnaissable, il semble incapable d’articuler quoi que ce soit. Il en conclut que cet homme manque terriblement de sommeil, qu’il est vidé physiquement et émotionnellement, ou bien écrasé « par le poids de réalités qui terrifieraient n’importe quel mortel. (…) Voit-il l’apocalypse de l’autre côté de l’horizon ? » Perry suggère que le poids qui pèse sur Bush est son projet de frappe militaire préemptive contre l’Iran […] »

LES VA-T-EN GUERRE DE LA MAISON BLANCHE

Bush n’est que l’instrument de la politique hégémonique planifiée par le clan des faucons dirigé par son père, avec Richard B. Chesney, Condoleezza Rice, Donald Rumsfeld, Paul Wolfowitz, Richard Pearle, Marc Rich, Lewis Libby, et Zbigniew Brzezinski, avec dans l’ombre, le retraité mais toujours influent Henry Kissinger qui fréquente régulièrement la Maison Blanche. Les faucons constituent un réseau où tout le monde se connaît depuis trente ans avec des ramifications dans toutes les branches du pouvoir, aux postes les plus élevés. On retrouve ce type de confraternité avec des objectifs convergents au sein du groupe Bilderberg que nous évoquerons dans le chapitre 3

Derrière ces personnalités politiques proches du président américain, se trouve le lobby pétrolier largement représenté dans le gouvernement états-unien par Georges W. Bush (dont la fortune vient du pétrole), Dick Chesney (ancien président d'Halliburton, premier équipementier mondial dans le secteur pétrolier), Condoleezza Rice (ex-négociatrice de Chevron-Texaco pour la construction des pipe-lines en Asie centrale), etc.

Enfin, plus indirectement, le lobby pharmaceutique tire bénéfice des événements qui ont suivi le 11 septembre. Le fantasme de l'anthrax a justifié le déploiement de tout un système onéreux et injustifié de protection en matière de guerre bactériologique et chimique non seulement aux Etats-Unis, mais dans l'ensemble des pays développés. Donald Rumsfeld, ex-secrétaire à la Défense, était Pdg d'un des géants de la pharmacie, Gilead Science.

Mais qui sont ces hommes qui risquent de conduire l’humanité à sa perte, en instrumentalisant un George Bush diminué psychologiquement, et isolé par la perte des élections législatives et sénatoriales, et qui fait l’unanimité contre lui, y compris dans son propre camp ?

Richard B. (Dick) Chesney a fait une carrière brillante d’homme d’affaires et de fonctionnaire publique. Il a servi quatre présidents en tant qu’élu. « Il a eu des responsabilités importantes qu’il a assumé avec honneur et une volonté inébranlable qui lui ont valu le respect du peuple américain, plus spécialement durant les périodes militaires » (portrait fait par la Maison Blanche). Un audit du Pentagone montre que la filiale KBR (Kellogg, Brown and Root) du groupe américain Halliburton, qui s'occupe du secteur pétrolier en Irak, a gonflé les prix de l'essence exportée vers l'Irak à plusieurs reprises, a-t-on appris jeudi de source militaire. « Cet audit a trouvé plusieurs occasions montrant que KBR avait gonflé les prix », a indiqué à l'AFP une source au Pentagone, qui a tenu à conserver l'anonymat. « Ce n'est pas arrivé qu'une seule fois », a insisté cette source, indiquant que l'audit, réalisé par la Defense Contract Audit Agency du Pentagone, était toujours en cours. Halliburton était dirigé jusqu'en 2000 par l'actuel vice-président des Etats-Unis, Dick Cheney.

Donald Rumsfeld était qualifié de « va-t-en guerre permanent » par Henri Kissinger, ancien secrétaire d’Etat à la défense des EU. A l’époque de la présidence de Gérald Ford, Rumsfeld faisait déjà équipe avec Dick Cheney qui était son adjoint à la Maison blanche. Mais le cerveau de Rumsfeld – le doctrinaire des faucons, l’intellectuel de la stratégie de la guerre – est son adjoint Paul Wolfowitz appuyé par son compère Richard Pearle.

Donald Rumsfeld a débuté sa carrière publique en 1969 dans le gouvernement Nixon, puis de l’équipe du président Gérald Ford en août 1974, comme conseiller-adjoint du président. En 1973, on le retrouve à la 22ème réunion de Bildenberg qui réunit des personnalités de tous bords pour analyser et peser sur la destinée du monde… quelques mois après c’est le premier choc pétrolier ! Secrétaire d’Etat à la Défense de mars 1989 à janvier 1993 il dirige deux des plus grandes campagnes militaires de ces dernières années : l’opération « Juste cause » à Panama et « Tempête du désert » au Moyen-Orient. Il a joué un rôle important dans la réorganisation des forces militaires à la fin de la guerre froide… Avant de devenir le 21ème Secrétaire à la Défense du gouvernement Bush junior, Rumsfeld était dans les affaires.

En 1957, il vient à Washington comme assistant parlementaire d’un membre du congrès américain, sous l’administration Eisenhower. Après avoir travaillé dans une société d'opérations bancaires d'investissement, il est élu à la chambre des représentants des EU (Illinois) en 1962, à l'âge de 30, puis est réélu trois fois entre 1964 et 1968. En 1969 sous Nixon, il démissionne du congrès pour rejoindre le cabinet du Président : tout d’abord comme directeur du bureau des Opportunités économiques et de l’aide au président (1969-1970) puis directeur du programme de stabilisation de l'économie et conseiller du président (1971-1972). En janvier 1973, il part à Bruxelles où il est nommé Ambassadeur auprès de l’OTAN (1973-1974). A cette époque, il participe du 10 au 13 mai 1973 aux réunions du groupe Bilderberg à Saltsjoebaden en Suède au cours desquelles les Américains et leurs alliés « suggèrent » une augmentation de 400 % du prix du pétrole, qui interviendra cinq mois plus tard en octobre 1973, lors de la guerre du Kippour (4ème conflit israélo-arabe). En août 1974, il est rappelé à Washington comme président de la transition à la présidence de Gérald R. Ford. Il est nommé chef du personnel de la Maison Blanche et membre de cabinet du Président (1974-1975). Il devient le 13ème et plus jeune Secrétaire à la Défense de l’histoire des E.U. (1975-1977). De 1977 à 1985, Rumsfeld est directeur général puis Pdg (CEO) de G.D. Searle & Co, une compagnie pharmaceutique qui est maintenant filiale de Pharmacia. Il sera récompensé en tant que dirigeant exceptionnel de l'industrie pharmaceutique par le Wall Street Transcript (1980) et le World financier (1981). Il a été également le président de General Instrument Co (1990-1993), un fournisseur de pièces de télécommunications (leader dans la transmission en large bande, la distribution, et les technologies de contrôle d'accès) qui a été par la suite racheté par Motorola. Récemment, Rumsfeld a passé une partie de son temps au sein de plusieurs compagnies : le géant de la presse Tribune Company qui possède le Chicago Tribune de Los Angeles ; Pharmaceutiques D'Amylin ; Asea ferme suisse Brown Boveri. En tant que directeur pour l'espace de Gulfstream, il a acquis des stock-options évalués à 11 millions $, quand la compagnie a été reprise par l'entrepreneur General Dynamics de la défense en 1999. Jusqu’à ce qu’il prête serment en tant que 21ème secrétaire d’Etat à la défense, Donald Rumsfeld a été président du conseil d'administration de Gilead Sciences Inc., une compagnie de biotechnologies (que les lecteurs de Combat face au sida connaissent bien puisqu'il est l'un des principaux fabricants d'antiviraux – il produit Viread, ainsi qu'AmBisome, Vistide, etc. et, commercialise ces produits en partenariat avec Hoffmann-La Roche); Pendant sa carrière d'homme d’affaires, Donald Rumsfeld a continué à occuper de nombreux postes au sein de l’administration fédérale : membre du comité consultatif des conseillers du Président sur la limitation des armements dans l’administration Reagan (1982-1986); envoyé spécial du Président au traité sur le droit de la mer (1982-1983); membre de la commission consultative commune sur les relations EU-Japon (1982-1983) ; conseiller principal du président Reagan sur les systèmes stratégiques ; envoyé spécial au Moyen-Orient (1983-1984), membre de la commission nationale au service publique (1987–1990) ; membre de la commission économique nationale (1988–1989), membre de la Commission commune sur les relations entre les EU et le Japon (1989 – 1991) ; membre du conseil des visiteurs de l’Université de la défense nationale (1988 – 1992); président de la Commission balistique bipartite de menace de missile des E.U. et de la commission pour évaluer la gestion et l'organisation de l'espace de sécurité nationale (1998-2000) ; membre de la commission du déficit commercial des EU (1999 – 2000). En 1977, D. Rumsfeld a reçu la récompense civile la plus élevée de la nation, la « médaille présidentielle de la liberté ».

Paul Wolfowitz est l’âme damnée de Rumsfeld. Trois jours seulement, après les attentats du 11 septembre, il est le premier à dire – alors qu’il n’est que l’adjoint de Rumsfeld, lors d’une réunion des conseillers du président –, qu’il faut s’en prendre, non seulement en Afghanistan mais, aussi, au Hamas et au Hezbollah donc à l’Iran ainsi qu’à l’Irak, aux palestiniens et à d’autres pays. Suite à son intervention, G.W. Bush le convoque, en tête-à-tête, et Wolfowitz de lui expliquer qu’il est le seul à développer ces arguments en invoquant « un monde meilleur reposant sur les valeurs américaines… », avis partagé par son ami Richard Pearle qui avait déjà montré ses positions extrêmes contre les communistes– qui considère qu’après avoir éliminé les Talibans et Saddam, les autres pays comprendraient et se tiendraient tranquilles. Bush est subjugué et séduit par ses explications. Alors que l’URSS est en plein déclin et que le communisme agonise, Bush réunit les inconditionnels contre Moscou, Wolfowitz et Pearle – à côté desquels, « Kissinger était un antéchrist », qui essayait de prouver que les Russes, tout-puissants, étaient susceptibles de lancer l’arme nucléaire sur les EU. Ils avaient, volontairement, négligés l’état de délabrement dans lequel se trouvait ce pays, afin d’obtenir des budgets de la défense en hausse et un effort d’armement – le budget des EU correspond à celui des 24 pays qui suivent dont celui de la France classée seconde, l’augmentation 2003 étant égal au budget militaire français (extrait Extraits et réflexions à partir de l’ouvrage « La guerre des Bush », Eric Laurent, Plon, 2003)

Bush annonça au monde que la Banque mondiale, chargée du développement des pays pauvres d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Sud, aura pour président l'américain Paul Wolfowitz. Au demeurant très intelligent, l'homme qu'il propose, et dont il ne doute pas un instant qu'il sera accepté, est « un homme de l'ombre ». Tout au long des trois dernières années, il a conçu et exécuté, pour le compte de George W. Bush, la guerre d'Irak.

Richard N. Pearle a été secrétaire-adjoint à la Défense sous Ronald Reagan puis président du comité politique de Défense sous l'administration Bush jusqu’en 2003. Il est membre de plusieurs groupes de réflexion conservateurs, ayant comme projet le nouveau siècle américain (PNAC). R. Pearle a beaucoup écrit sur la défense, la sécurité nationale et le Moyen-Orient. En dehors de ces engagements politiques, il est co-président et directeur de Hollinger, Inc, partenaire de Trireme. On le dit très proche d’Israël.

Il s’est toujours opposé farouchement au traité de réduction des armes nucléaires à la fin des années. Comme beaucoup de néoconservateurs, Pearle a longtemps été partisan du changement de régime en Iraq. Il fut un des premiers, après les attentats du 11 septembre 2001, à déclarer que le régime de Saddam Hussein avait des liens étroits avec Oussama Ben Laden.

Richard Pearle a toujours été un des fervents partisans de l'invasion de 2003, et il continue à approuver la présence militaire en Irak. Mais, il a toujours nié avoir joué un quelconque rôle dans la planification de la guerre. Depuis, il a critiqué l’intervention américaine plus sur la forme que sur le fond. On le soupçonne d’être aussi partisan d’une intervention en Iran mais sous une forme différente. Sous le titre : « Le faucon Richard Pearle a du plomb dans l’aile » le journal Nouvelle Solidarité proche de l’historien et économiste démocrate américain Lyndon Larouche, nous rappelle qu’en mars 2003, Richard Pearle fut l’un des principaux partisans de la guerre contre l’Irak au sein du gouvernement Bush. Par ailleurs, Seymour Hersh, le super-reporter américain, l’indocile du journalisme d’outre-Atlantique, celui qui a le nose for news, a révélé dans le magazine The New Yorker du 17 mars 2003 que la société privée de Richard Pearle, Trireme Partners LP, a tenté de profiter de sa position officielle de directeur du Defense Policy Board pour « extorquer » quelque 100 millions de dollars à des hommes d’affaires saoudiens. Selon le prince Bandar, ambassadeur saoudien à Washington, les activités commerciales de Pearle « ont toutes les apparences du chantage ».

D’après Hersh, Trireme Partners est une « société de financement de l’innovation » qui propose des investissements lucratifs dans des sociétés profitant de l’explosion des contrats portant sur la sécurité intérieure et la défense, en vue de la guerre contre l’Irak. On pense que Pearle proposait de modérer sa virulente rhétorique anti-saoudienne, dans le cas où sa société Trireme obtiendrait des contrats juteux avec des investisseurs saoudiens. Comme le mentionne l’article du New Yorker, c’est Richard Pearle qui a invité Laurent Murawiec, à prendre la parole devant le Defense Policy Board pour plaider en faveur d’une occupation américaine des champs pétroliers saoudiens. Cette menace flagrante a provoqué une levée de boucliers au niveau international, lorsque le Washington Post la rendit publique en août 2002.

Interrogé par CNN à propos de l’article de Seymour Hersh, Richard Pearle a déclaré que l’auteur était « ce qu’on peut trouver, dans le journalisme américain, qui se rapproche le plus d’un terroriste ». Pearle a annoncé qu’il allait poursuivre Seymour Hersh en justice devant une cour… britannique. De toute évidence, il veut éviter les embarras que lui attirerait un procès aux Etats-Unis […]

Marc Rich est le directeur de cabinet du vice-président américain Dick Cheney. Il a été mêlé à la pollution des côtes françaises (Prestige) et est un des responsables du démantèlement de Metaleurop. C’est le « parrain » des faucons américains, condamné pour trafic d’armes et de viol d’embargo, puis gracié par Clinton, responsable du pillage des matières premières en Russie, en Afrique et en Amérique du Sud. C’est le promoteur de la guerre d’Irak et du «Choc des civilisations».

Lewis Libby a fait gracier en janvier 2001 Marc Rich, dont il est l’avocat depuis 15 ans. Il est partisan du « Choc des civilisations », et fut l’un des plus chauds partisans de la guerre contre l’Irak. A l’origine de la doctrine américaine de la guerre préventive, il fut l’organisateur d’une campagne de diffamation contre la France et l’Allemagne, qui avaient dénoncé l’aventure américaine en Irak.

Zbigniew Brzezinski, est l’un des personnages les plus influents sur les choix à long terme en matière de politique étrangère des Etats-Unis. Il a déclaré : « Nous avons pour la première fois une culture universelle qui est le produit de l’hégémonie globale de l’Amérique (…) Au cours des deux prochaines décennies, le rôle américain sera extrêmement important (…) Oui, le rôle américain sera supérieur, parce que l’Amérique sera la seule super-puissance (…) Il n’y a aucune puissance dans le monde qui soit en mesure de remettre en question ce statut ».

Henry Kissinger, a été conseiller à la sécurité nationale (États-Unis) et a occupé le poste de Secrétaire d'État du gouvernement républicain de Richard Nixon. Promoteur de la Realpolitik, Kissinger a joué un rôle important dans la diplomatie américaine au cours de la Guerre froide de 1968 à 1976. Il a inspiré la politique de détente avec l’URSS et a joué un rôle capital dans le rapprochement avec la Chine à partir de 1971. Figure médiatique de la politique américaine, ce prix Nobel de la paix en 1973, ennoblit par la reine d’Angleterre, a du sang sur les mains – en tant que responsable de nombreux crimes, de véritables purges d’opposants aux EU, résidant à l’étranger, de soutiens à des organisations terroristes (voir l’ouvrage : « les crimes de M. Kissinger » de Christopher Hitchens). Considéré par certains journalistes et écrivains comme un criminel de guerre, il a trempé dans de nombreux épisodes sombres de la politique américaine. En 1969, alors qu'il était le conseiller du président Nixon en matière de sécurité nationale, il a donné l'ordre d'exécuter les bombardements terroristes contre la population civile du Cambodge et du Laos. Des bombardements qui ont coûté la vie à 350.000 civils laotiens et 600.000 civils cambodgiens. Deux ans plus tard, le général Telfod Taylor a publié le livre « Nuremberg and Vietnam ». Taylor était conseiller du gouvernement américain après la deuxième guerre mondiale pendant le procès de Nuremberg contre les dirigeants nazis. Dans son livre, celui-ci écrit que ce qui s'est passé au Laos, au Cambodge et au Vietnam, devrait donner lieu à un nouveau procès de Nuremberg contre l'élite politique et militaire des Etats-Unis.

Kissinger a fait tout ce qu'il pouvait pour maintenir au pouvoir le shah d'Iran, un despote médiéval qui n'hésitait pas à recourir au génocide, au viol et à la torture. Il a soutenu le régime d'apartheid d'Afrique du Sud et essayé de déstabiliser le régime de gauche en Angola aux dépens de dizaines de milliers de victimes. Il était l'un des architectes du coup d'Etat exécuté par le groupe d'officiers fascistes dirigé par le général Pinochet en septembre 1973 au Chili.

Dans les années quatre-vingts, Kissinger a dirigé la commission d'enquête présidentielle sur la situation dans divers pays d'Amérique centrale. Dans son rapport, il ne souffle pas un mot sur les escadrons de la mort qui étaient dirigés par des officiers formés dans des casernes aux Etats-Unis. L'armée américaine a été ainsi complice de l'assassinat de 200.000 personnes au Guatemala, de 75.000 au Salvador et 50.000 au Nicaragua. Kissinger a omis de mentionner ces faits. Il faut s'attendre à ce qu'il fasse de même à présent. Il montrera du doigt les « fautes » et les « gaffes » de la CIA. Mais il est exclu qu'il mentionne aussi les faits qui prouvent que la CIA et le Pentagone savaient longtemps avant le 11 septembre 2001 ce qui se préparait et qu'ils ont refusé d'intervenir. Par ailleurs, en visite en France, il a évité de se présenter à une convocation surprise d'un juge français, comme témoin dans l'enquête sur les victimes françaises du plan « Condor ». « Condor », est un pacte militaire secret créé en 1975 par le Général Pinochet, assisté d’un certain Henry Kissinger. C’est un véritable réseau de « tueurs sans frontières » qui regroupe les services spéciaux des six dictatures sud américaines de l’époque, lancés aux trousses des militants gauchistes. Mais Kissinger et Pinochet ne vont pas se limiter aux territoires Sud-Américains. La chasse aux opposants va se poursuivre jusqu'en France, refuge des exilés chiliens.

Sous l’intitulé « Les faucons américains visent toujours Téhéran », Le Figaro.fr du 15/10/2007, évoque comme beaucoup de ses confrères, une possible confrontation avec l’Iran.

« un congrès démocrate ne découragera pas les faucons de l'Administration Bush partisans de frappes militaires contre l'Iran, affirme le journaliste Seymour Hersh dans un article paru hier dans le New Yorker. C'est, depuis janvier 2005, le quatrième article dans lequel le journaliste, […] évoque des inclinaisons d'une partie du gouvernement américain à intervenir militairement en Iran. Hersh raconte qu'un mois avant les législatives du 7 novembre, le vice-président Dick Cheney expliquait en réunion comment il composerait avec une opposition démocrate pour pouvoir garder la possibilité de frapper l'Iran. Le journaliste cite un consultant du Pentagone qui observe que les faucons sont convaincus qu'en « doublant la mise » avec une attaque de l'Iran, ils peuvent « faire oublier les pertes en Irak ». Selon sa source, les va-t-en-guerre estiment que des frappes sur l'Iran seraient « la seule solution en Irak » pour rappeler que les États-Unis peuvent atteindre leurs objectifs et pour « répandre la démocratie au Proche-Orient en créant un nouvel État modèle ». Citant sa source, le journaliste explique que le remplacement de Ronald Rumsfeld par Robert Gates ne signifie pas forcément une perte d'influence de l'équipe Cheney. Car, s'il devait préconiser des frappes contre l'Iran, Gates « sera pris au sérieux par le Congrès parce que ce n'est pas le type qui nous a dit qu'il n'y avait pas d'arme de destruction massive en Irak ».

 

(Cet article a été principalement rédigé entre début 2003 et 2006).