aux dirigeants de la zone euro qui y sont opposés ?

Tout est une question d’intérêt, de milliards d’euros, pas de solidarité, voila l’Europe telle qu’elle est construite. On ne peut rien faire avec cette philosophie autre que du commerce qui mine les pays avancés au profit de ceux qui le sont moins. L’ouverture des frontières au sein même de la zone euro sans des règles de concurrence la conduit à sa perte. Le problème des échanges a été mal pris, il eut fallu d’abord commencer par structurer la potentialité industrielle des pays sous équipés, mais pas sur le dos des autres. La Grèce est un pays fortement agraire, l’industrie est peu développée, ses moyens ne sont limités principalement qu’au tourisme. Nos exportations se chiffraient en 2005 à 3,6 milliards d’euros pour 520 millions d’importation. La Grèce n’aurait jamais dû être intégrée à la zone euro, et c’est l’Allemagne qui a poussé pour qu’elle le soit.

Son avenir dans la zone euro pourrait être mesuré, à retrouver un équilibre budgétaire, par la comparaison de deux masses de milliards d’euros représentant chacune le coût de sa sortie de la zone euro, à celui de son maintien. Celle qui sera la moins lourde devrait faire pencher vers la décision. Les opposants à une mutualisation de la dette ont l’argument massue de clamer que c’est récompenser les pays qui n’ont pas été vertueux dans leur gestion. C’est vrai jusqu’à un certain point dès lors qu’après avoir fait subir à leurs concitoyens des plans d’austérité aussi drastiques les uns après les autres, ils se trouvent acculés à accepter, pour la Grèce sa sortie de l’euro ou a payer pour qu’elle y reste. Et de plus, ils promeuvent que les euro-obligations ne serviraient qu’aux États pas à leurs concitoyens, c’est leur faire porter une intention sans fondement. Mais quelque soit leur décision, ils paieront, la sortie de la Grèce entrainera des difficultés dans les autres pays. Ceux qui souhaitent son maintien sans mutualisation de la dette dans la zone euro auront a résoudre l’équation, la Grèce peut-elle supporter des taux d’emprunts de 22 % après qu’ils ont été près de 36 % en février 2012 comme le montre le graphique ci-dessous,

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Document Olivier Berruyer, Les- Crises.fr, cliquez sur l’image.

Entre août 2011 et février 2012 le taux d’emprunt à 10 ans pour la Grèce a fait un bon de 140 % passant de 15 % à 36 %. Pendant ce même temps, le CDS, Crédit Default Swap qui mesure l’assurance financière de remboursement d’un pays est passé de 1.800 € à plus de 10.000 €. Sans entrer dans plus de détails, ils sont donnés par la référence citée, on voit bien qu’elle ne pourra jamais obtenir l’équilibre budgétaire tant clamé par les partisans de l’austérité à toutes fins. La mutualisation de la dette serait un moyen de compenser l’interdiction des banques nationales de prêter directement à leur État, l’obligeant à le faire à des banques privées subventionnées par les mêmes banques d’État, un comble ! C’est cette fameuse loi du 03 janvier 1973 dite loi Pompidou-Giscard ou loi Rothschild, reprise dans le second traité de Lisbonne, et étendue à la BCE qui veut cette absurdité. Cette loi pouvait s’expliquer en 1973 afin d’éviter de battre monnaie, mais actuellement elle ne fait que l’enrichissement des banques privées. Elle étrangle des pays par les taux de prêt que les banques pratiquent. On se demande donc comment ses pays peuvent promouvoir cette politique autrement que par égoïsme tout en clamant qu’ils souhaitent que la Grèce reste dans la zone euro ?

On ne comprend pas !

On peut toujours clamer comme Christine Lagarde, dans un entretien au Guardian, que les Grecs devraient payer leurs impôts, et s’entraider collectivement, ce qui est exact, mais on peut payer des impôts que si on gagne de l’argent, et dans le cas actuel, c’est plutôt le contraire. Les Grecs paieraient d’avantages d’impôts que ce qui est clamé, d’après Jacques Saphir économiste dans Marianne. Là, se mesure son hypocrisie. Ceux qui ne payaient pas leurs impôts et qui avaient recours aux paradis fiscaux et, pour qui, l’entraide ne pouvait être qu’un mot, sont ceux de son obédience politique, c’est à dire la droite. Tous les autres, la grande majorité du peuple Grec, payait et payent leurs impôts qui, pour les fonctionnaires, étaient et sont prélevés à la source. Pour les autres la fraude était massive paraît-il ? Que les Grecs vivaient au dessus de leurs moyens c’est aussi vrai. Mais cela ne doit pas masquer notre responsabilité de l’avoir acceptée dans la zone euro. Les fraudes, les mensonges de ses dirigeants et le manque de transparence de son équilibre budgétaire notamment par la levée de fonds hors bilan et par le biais d’instruments financiers mis au point par la banque d’investissement Goldman Sachs, pour s’intégrer à la zone euro afin de bénéficier de profits sur le dos des autres, est indéniable. Mais c’est dépassé, et la question est que fait-on de la Grèce dont le nombre d’habitants n’est que d’environ 11 millions de personnes sur 331 millions pour la zone euro, c’est 3, 33 %, c’est à dire autant que la région parisienne ! Tout dépendra du coté ou penchera le fléau de sa balance.

Pour la France comme pour l’Allemagne, nous avons contribué à soutenir sa dette dans le cadre du fond Européen de stabilité financière FESF. De l’ordre de 90 milliards d’euros à son origine, avec une contribution élargie dans le cadre de son élargissement à 158 milliards d’euros, toutes deux représentent un peu plus de 20% du total. François Hollande est donc partisan de son maintien de même que l’Allemagne. Quant à sa contribution initiale, c’est de l’ordre 119 milliards pour une contribution élargie de 211 milliards d’euros toutes deux représentent 27 % du total. L’Allemagne et la France sont les plus importants contributeurs.

La dernière aide financière d’un montant global de près de 160 milliards d’euros, prévoyait 109 milliards d’euros de nouveaux prêts de l’Europe et du FMI. Il ne s’agit toutefois pas de prêts directs. C’est le Fonds Européen de Stabilité Financière qui versera ces sommes, les titres émis bénéficient donc de la meilleure garantie. Ce sont les investisseurs traditionnels, à savoir les banques et les assureurs, voire des États. La France, et l’Allemagne sont obligées de tenir compte de l’impact de cette garantie pour leurs finances publiques. Mais il ne s’agit actuellement que d’une ligne comptable, la somme n’est pas réellement versée. Elle pourrait l’être dans le cas d’un défaut de la Grèce. C’est la raison pour laquelle François Hollande préconise les euro-obligations.

En outre, le problème est que le chiffrage de sa sortie de l’euro est moins aisé que celui de son maintien par suite des conséquences sur les autres pays en difficulté dont nous-mêmes. Donald Hebert journaliste au Nouvel Obs présente un scénario noir en cinq chiffres sur ce que nous coûterait la sortie de la Grèce de la zone euro. Pour la zone euro ce serait 370 milliards, pour la France 65 milliards, et pour l’Allemagne 84,5 milliards. De plus, l’introduction d’une nouvelle drachme mettrait le chaos, provoquerait la fuite des capitaux qui feraient que l’on ne pourrait laisser ce pays à la dérive en d’autres termes l’addition serait encore plus salée.