Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la crise économique née de celle des subprimes n’est rien qu’une mini-crise comparée à celle que nous allons connaître au cours du dernier trimestre 2010.

En effet, les banques n’ont pas changé leurs « sacrés » mauvaises habitudes de spéculer, les paradis fiscaux prolifèrent et les profits pullulent comme si rien ne s’était passé. Je le redis comme si la crise économique actuelle n’était que peanuts, un mauvais moment à passer, mais un moment qui dure.

Or, depuis le 1er août la presse écrite – les radios et les télévisions sont muettes sur le sujet « comme dab » –, ne parle plus que du ralentissement de la croissance chinoise, qui était censée renouer avec une évolution de son PIB (Produit Intérieur Brut) à deux chiffres :

« La croissance de l’industrie manufacturière chinoise a continué de ralentir en juillet, pénalisée par les multiples mesures gouvernementales destinées à freiner l’octroi de crédit et la spéculation immobilière. L’indice officiel des directeurs d’achats (PMI) est tombé à son plus bas niveau depuis 17 mois, à 51,2 contre 52,1 en juin, a annoncé dimanche la Fédération chinoise de la logistique et des achats. "L’économie chinoise ralentit, en raison principalement des mesures de resserrement en cours dans l’immobilier, mais le ralentissement n’est à l’évidence pas aussi sévère que certains le prédisaient", a commenté Ting Lu, économiste de Bank of America Merrill Lynch à Hong Kong. » (Nouvelobs.com, dépêche Reuters, 1/8/2010).

« Mauvais temps pour la planète. Alors que nombreux sont ceux qui tablent sur l’économie chinoise pour relancer la reprise mondiale, la croissance de l’industrie manufacturière chinoise a poursuivi son ralentissement en juillet…. » (leblogfinance.com, 1/8/2010).

« Malgré un léger ralentissement de la croissance, un officiel assure que le PIB du pays est désormais supérieur à celui du Japon (…) Les autorités chinoises ne fanfaronnent pas avec leur nouveau statut de deuxième économie du monde, car les défis restent nombreux avant de prendre inévitablement la tête du classement dans une quinzaine d’années, à en croire la Banque mondiale. «Le problème de l’économie de la Chine est la qualité de sa croissance. Raison pour laquelle nous devons procéder à un ajustement structurel et transformer notre modèle de développement», a souligné Yi Gang, revenant sur l’antienne gouvernementale selon laquelle la consommation doit prendre le relais de l’investissement et des exportations, comme moteur de croissance. » (Lefigaro.fr, 1/8/2010)

A ces commentaires on pourrait y ajouter le même jour ceux Latribune.dr, du JDD.fr, TF1, Ouest-France et d’une quarantaine d’autres supports de renom, dont les éditorialistes nous annoncent unanimement la chute de la croissance chinoise (pour se stabiliser autour de 7 % maximum… seulement !) au cours de la prochaine décennie.

La situation chinoise est la suivante :

–       Une monnaie sous-évaluée qui lui permet de tricher sur le plan du commerce international où ses produits sont très attractifs ;

–       Une main d’œuvre prolétarienne exploitée qui ne gagne pas plus de 60 à 100 euros par mois, qui ne bénéficie d’aucun avantage social et qui n’a qu’un droit celui de se taire ;

–       Une campagne qui voit sa population appauvrie se ruer vers les grandes villes et fournissant aux multinationales de la main d’œuvre à très bon marché ;

–       Un endettement colossal des entreprises qui ne veulent surtout pas manquer le « boom » économique et qui investissent à tout va, mais avec un taux d’endettement qui croit beaucoup plus vite que la croissance, ce qui constitue un problème à moyen terme, le retour sur investissement n’étant plus aussi favorable. De forts risques de faillites (cela a déjà commencé), des entreprises qui disparaissent et un chômage qui ne peut que croître ;

–       En contrepartie la Chine est riche car elle est la plus grande créancière des Etats-Unis et aussi de l’Europe, mais cette manne risque de s’assécher si lesdites économies sombrent dans le marasme. Et, alors ce sera la descente aux enfers avec des investissements inutiles, des dettes plutôt que des créances et une population au chômage dans un état tel de désespérance et de pauvreté que des révoltes et des émeutes ne sont pas exclues !!!

–       Une dépendance vis à vis du commerce extérieure  qui est telle (entre 40 et 70 % suivant les analyses) que l’éternuement des économies des pays industrialisés qui touche plutôt à la bronchite… chronique au bord de l’asphyxie, risque d’impacter négativement les exportations chinoises et toute son économie par voie de conséquence.

On pourrait multiplier les explications et les citations que vous trouverez dans mon dernier livre « Crise et suicide du libéralisme » (Mon petit éditeur, 07/2010), qui montrent bien que la Chine ne repose plus sur ses deux pieds (piédestal) mais se trouve en équilibre sur l’un d’eux au moins et sur une corde raide en plus… L’imminence d’une grande dépression est proche et très proche et je ne suis ni un oiseau de mauvaise augure ni le seul à le prédire.

« Crise et suicide du libéralisme », André-Jean Locussol-Mascardi, Mon Petit Editeur, juillet 2010.