Depuis le mercredi 5 septembre, la Grande Bretagne est devenue le premier pays au monde à autoriser la création in vitro d'embryons"chimères" constitués d'un patrimoine à la fois humain et animal…
la Human Fertilisation and Embryology Authority (HFEA) a donné le feu vert à des biologistes britannique afin d'aplanir les difficultés qu'ils ont rencontré tout au long de leur recherche sur les cellules souches embryonnaires humaines.
Ces chercheurs expliquent qu'ils étaient confrontés à une pénurie d'ovocytes féminins, cellules indispensables à la création d'embryons via la technique du clonage. Selon eux, une solution s'imposait : substituer aux ovocytes humains des ovocytes d'autres mammifères prélevés sur des vaches ou sur des lapines.
En janvier, la HFEA avait jugé indispensable de prendre le pouls de l'opinion britannique avant de prendre une telle décision.
"La loi sur ce sujet n'est pas très claire, et ce domaine peut apporter un changement substantiel dans l'orientation de la recherche scientifique au Royaume-Uni, précisait alors Angela McNab, directrice générale de la HFEA. Ce serait une erreur de porter un jugement immédiat sur ce problème compliqué et controversé avant d'avoir suffisamment d'éléments."
Pour sa part, le gouvernement travailliste de Tony Blair était favorable à de telles recherches puisque ce secteur est perçu comme économiquement prometteur.
En pratique, les scientifiques souhaitant pouvoir créer de telles chimères embryonnaires devront s'adresser à la HFEA, qui évaluera au cas par cas la pertinence des recherches projetées.
Ces embryons ne pourront pas être implantés dans un utérus animal ou, a fortiori, humain. Ils devront être détruits au plus tard 14 jours après leur création, après que les chercheurs seront parvenus à dériver des lignées de cellules souches qui pourront être cultivées durant plusieurs années ou décennies.
"La décision de la HFEA constitue un résultat positif (…) pour le progrès de la science en Grande-Bretagne. Nous espérons que cela débouchera sur de nouvelles technologies profitant à tout le monde, a déclaré, le 5 septembre sur les ondes de la BBC, le docteur Lyle Armstrong (université de Newcastle), un des chercheurs directement concernés. Cela peut sembler à première vue répugnant, mais il faut comprendre que nous n'utilisons que très peu d'information génétique de la vache. Il n'est pas dans notre intention de donner naissance à un quelconque hybride bizarre entre l'homme et la vache. Nous voulons utiliser ces cellules afin de mieux comprendre les cellules souches humaines."
Presque 1 % de l'ADN de ces embryons chimériques devrait être d'origine animale – il s'agit d'ADN mitochondrial, présent dans les "centrales à énergie" des cellules, et non pas chromosomique, concentré dans le noyau.
De toute façon, le feu vert accordé par la HFEA a déclenché une série de condamnations émanant des milieux catholiques. La plus violente a été formulée par Mgr Elio Sgreccia, président de l'Académie pontificale pour la vie. "C'est un acte monstrueux dirigé contre la dignité humaine", a t-il déclaré le 5 septembre sur les ondes de Radio-Vatican.