Le dernier otage français encore en captivité dans le monde, le géologue Serge Lazarevic, vient d’être libéré et rapatrié à Paris ce mercredi 10 décembre. Si le président français a salué cette libération et remercié chaleureusement la coopération des autorités nigériennes et maliennes, il n’a logiquement pas souhaité lever le voile sur l’opacité qui a entouré les négociations. Un secret bien gardé qui devrait une fois de plus laisser place à toutes les spéculations possibles et imaginables quant à la politique adoptée par Paris dans cette affaire. Une politique qui doit dans tous les cas selon Jean-Yves Ollivier, spécialiste des relations internationales en Afrique, privilégier le dialogue et la sécurité de l’otage au détriment de toutes autres considérations financières ou idéologiques. 

 

 Si le président américain déplore la stratégie adoptée par la France dans de telles situations, une stratégie qui consisterait selon Barack Obama à payer les rançons pour libérer ses ressortissants, François Hollande comme Nicolas Sarkozy avant lui, a toujours démenti ces affirmations afin de ne pas encourager de tels actes contre la France.  

 

Cela étant, tout le monde semble s’accorder sur le fait que la France comme d’autres pays européens (l’Italie notamment), a eu recours à plusieurs reprises à des compensations financières ou humaines (entendre par là l’échange de prisonniers) pour garantir la sécurité des otages français. Des méthodes qui auraient été utilisées une fois encore pour libérer Serge Lazarevic et qui nous renvoient à l’éternel débat sur l’attitude à adopter face aux preneurs d’otages.

 

Beaucoup estiment en effet que payer les otages revient à renforcer les valeurs des ravisseurs et à les inciter à recommencer. Pourtant, comme le rappelle Jean-Yves Ollivier dans le nouvelobs.fr, la France n’est pas plus visée aujourd’hui que les autres nationalités et ne compte à ce jour plus aucun otage en captivité dans le monde. Preuve s’il en était besoin que le refus du dialogue ne peut-être une solution face aux individus les plus dangereux et qu’il est nécessaire de maintenir des négociations permanentes, même informelles. 

 

Le rôle des dirigeants politiques n’est pas "d’assister, impuissants, à l’exécution macabre d’un de leurs ressortissants. Il est de leur devoir, au contraire, de tout faire pour les protéger et les ramener sains et saufs sur leur territoire. C’est pourquoi il est nécessaire de toujours négocier, y compris avec des ennemis", ajoute Jean-Yves Ollivier.

 

L’Etat français aura donc surement fournis quelques contreparties pour obtenir le retour de Serge Lazarevic, (des rumeurs évoquent déjà l’échanges de prisonniers avec les autorités maliennes), mais nous ne connaîtrons certainement jamais le fin mot de l’histoire et là n’est pas le plus important. Serge Lazarevic est de retour chez lui après plus de trois ans de détention passé au sein de la branche Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), et quelque soit la méthode employée, on ne peut que saluer son efficacité.