La période contemporaine.

 

 

Aujourd'hui, il y aurait en France 130.000 franc-maçons c'est à dire deux fois plus qu'il y 20 ans. Ce succès s’explique par les Grandes Églises qui ont périclité, les engagements politiques on parfois déçus, la Loge Maçonnique donne un bon compromis puisqu’elle offre la possibilité d’un épanouissement personnel, en même temps qu’un engagement citoyen.

A la suite de l'épuration certains membres de la Grande Loge de France envisagent une fusion avec le Grand Orient de France principale Obédience Française. Celle-ci est vite repoussée, notamment par le grand-maître Dumesnil de Gramont qui espère pouvoir se rapprocher des Obédiences anglo-américaines avec laquelle des relations informelles ont été nouées, notamment par l'intermédiaire des soldats américains stationnés en France. En 1954, la Grande Loge de France rétablit l'obligation pour ses loges de travailler en présence d'une Bible ouverte, condition d'une telle reconnaissance et engage en 1956 des pourparlers de fusion avec la Grande Loge Nationale Française. Ceux-ci n'aboutissent pas davantage, car ils impliqueraient une rupture totale avec le Grand Orient de France.

En 1964, la scission devient inévitable. Elle aura comme déclencheur la signature d'une convention administrative avec le Grand Orient concernant notamment des échanges en vue d'éviter aux membres indélicats radiés de changer d'obédience. 400 à 500 membres sur un effectif de 8220 quittent alors la Grande Loge en compagnie du Grand Commandeur du Suprême Conseil de France, pour rejoindre la Grande Loge Nationale Française à laquelle ils apportent le Rite écossais ancien et accepté avec l'appui du Suprême Conseil de la Juridiction Sud des États-Unis. Au cours du dernier tiers du XXe siècle, comme toutes les obédiences maçonniques Françaises, l'effectif de Grande Loge de France poursuit sa progression, ce qui la place dans une position intermédiaire entre celle du Grand Orient de France et celle de la Grande Loge Nationale Française.

L'actuel grand maître de la Grande Loge de France est Alain-Noël Dubard.

Alain-Noël Dubart a été élu le samedi 20 juin 2009, Grand Maître de la Grande Loge de France lors du Convent qui s’est déroulé aux Salons de l’Aveyron, Paris 12e. Alain-Noël Dubart, originaire de la métropole Lilloise, de formation classique et scientifique, exerce la Chirurgie Orthopédique. Pour le nouveau Grand Maître,

 

«L’avenir de la Grande Loge de France s’inscrit, à partir d’une méthode collective, dans le développement personnel d’une réflexion Éthique et d’une Spiritualité à finalité Humaniste», voir ici .

 

Les symboles de la Grande Loge de France.

 

 

Le Grand Orient de France à pour Grand Maître Pierre Lambichini, il est de plus président du Conseil de l'Ordre du Grand Orient depuis septembre 2008. Après avoir occupé la fonction d’adjoint au Grand Secrétaire aux Affaires Intérieures. Ses principaux chantiers pour l’Obédience sont,


la défense de la laïcité et la lutte contre le différencialisme,
la défense des Droits de l’Homme,
la citoyenneté,
l’éthique de la dépendance,
l’école républicaine,
la présence du G.O.D.F. dans le monde,
le devoir de mémoire.

 

Cardiologue de profession et ancien Interne des hôpitaux, il est né à Marseille en 1949. Il est Chevalier de la Légion d’Honneur et membre de la Commission Consultative des Droits de l’Homme depuis 2008. Il est l’organisateur de colloques dont celui consacré à l’Europe de la Bioéthique, près du Conseil de l’Europe, en 1990, à Strasbourg et celui concernant les Lois de 1905 à Marseille en 2006. Il est également Président de la Fondation du Grand Orient de France.

La Franc-maçonnerie contemporaine malgré le bouleversement technologique qui suivit la seconde guerre mondiale n'a probablement plus l'influence qu'elle avait du temps de la IIIème République mais elle est encore un laboratoire d'idées philosophiques sur la morale, la religion, la politique, la société, d'autant que la mondialisation rend difficile son influence au niveau national. Nous sommes gouvernés dans une tourmente mondiale ou les États sont interdépendants, G8, G20, FMI, BEI, Union Européenne etc… .Mais quelques réformes sociales importantes sont sorties des loges.

Il m'est impossible de décrire les travaux qui sont faits dans les Loges, ils sont immenses et touchent l'ensemble des pays, et quand bien même je serais franc-maçon, je ne pourrais le faire étant tenu par le secret. Je ne puis donc que relater ce que j'ai lu avec ma sensibilité imparfaite bien entendu.

Par contre, on constate, que ce soit au Grand Orient ou à la Grande Loge de France, les travaux sont de même ordre, ils se rapportent tous sur des thèmes identiques. La différence résiderait sur la laïcité et sur le caractère plus à gauche du Grand Orient.

Les Grands Maîtres de ces Loges ont tous eu plus ou moins des fonctions politiques, cela montre que la politique et bien un domaine important de leurs travaux, puisque somme toute ne gouverne-t-elle pas la société ?   

Citons les lois Lucien Neuwirth relative à la régulation des naissances plus simplement sur la contraception en 1967 et Simone Veil autorisant l'interruption volontaire de grossesse l'IVG dite aussi loi Veil en 1975. Elles furent préparées par le frère Pierre Simon, ancien Grand-Maître de la Grande Loge de France. Pierre Simon médecin a été le co-fondateur du mouvement Français sur le planning familial. En 1951, Pierre Simon fonde avec Charles Hernu également franc-maçon le «Club des Jacobins», s’engage au Parti radical et engage la réflexion au sein du Commissariat général du Plan. Engagé au Parti radical, il ira vers le Parti Radical valoisien après que le parti Radical de Gauche se soit allié avec le PS et le PC. Il a travaillé dans les cabinets ministériels de Robert Boulin, Michel Poniatowski et bien sûr, Simone Veil. Ces lois ont participé à la réelle émancipation de la femme.

Son engagement c’est d’abord une vision philosophique de la maçonnerie qui s’exprime. Les loges doivent être les «laboratoires de la société» selon une démarche qu’il a lui-même relatée dans son dernier ouvrage «La Franc-maçonnerie». Pierre Simon est convaincu que le franc-maçon doit agir dans la cité.

La Franc-maçonnerie d'une façon générale travaille énormément que ce soit en conférences, en rencontres, en colloques, tous les enjeux contemporains sont abordés sur les domaines spirituels, éthiques, intellectuels que ce soit sur les Droits de l'Homme et du Citoyen, sur la Franc-maçonnerie spéculative sur l'étude des Loges, sur l'évolution de notre monde en somme. L'intérêt réside en fait sur la réflexion commune et sur les conclusions qui en résultent. Cette réflexion n'est pas celle d'une personne mais celle d'une association de personnes, c'est ce qui fait sa portée.

Plus récemment, Roger Leray, ancien Grand-Maître du Grand-Orient fut appelé par Michel Rocard pour engager un dialogue de paix en Nouvelle-Calédonie. La guerre civile a pu être évitée en 1988 grâce aux efforts d'un frère. On sait que les francs-maçons sont attachés à la notion de laïcité. Cet attachement provoqua des heurts en 1984 quand Alain Savary, ministre de l'Éducation Nationale voulut réformer le statut des écoles dites libres. Dix ans plus tard les francs-maçons descendaient dans la rue pour manifester contre la réforme Bayrou qui constituait une nouvelle atteinte à la laïcité.

La dernière manifestation importante des Frères eut lieu à Valmy, haut lieu de l'histoire de France, en représailles à l'invitation du pape par Chirac. Le président souhaitait que le baptême du roi Clovis soit retenu comme date de naissance de la France, au mépris des valeurs républicaines.

Les débats qui animent les loges actuellement sont d'ordre social. Il est question de réfléchir à l'établissement d'un revenu vital garanti pour les chômeurs (qui serait plus élevé que le RMI). La reconnaissance civique des homosexuels au même titre que les hétérosexuels est également un sujet important pour les frères et les sœurs.

Il est notable de constater que l'on trouve beaucoup d'écrits sur François Mitterrand, un homme complexe, insaisissable, et il a permis aux auteurs de s'exprimer, laissant libre cours à leurs pensées, et ses relations avec la Franc-maçonnerie, surtout avec le Grand Orient de France socialisant, sont décrites dans plusieurs publications dont celles ci après et aux dossiers suivants. 

 

1981-1995. Sous François Mitterrand, les obédiences flirtent avec le pouvoir.

(Extrait les dossiers Historia les Franc-maçons ici.)

 

De 1981 à 1995, la franc-maçonnerie a vécu une proximité avec le pouvoir qu'elle n'avait pas connu depuis le temps des radicaux combistes, au début du siècle. Alors que la très orthodoxe maçonnerie Anglaise interdit tout débat politique au sein des loges, plusieurs Obédiences Françaises flirtent avec la politique. Au risque bien souvent d'en oublier les principes fondateurs du mouvement.

 

Comment les francs-maçons influencent-ils le pouvoir politique ?

Quelle est leur importance dans le gouvernement de la cité ?

Complotent-ils en loge pour exercer secrètement le pouvoir ?

 

Si l'on peut concevoir qu'une société de pensée initiatique qui fait du secret une de ses vertus cardinales, puisse susciter curiosité et, pour certains, méfiance, les francs-maçons se sont suffisamment extériorisés dans les médias, ont suffisamment pris publiquement position sur les grands thèmes de société, pour que l'on ne doute plus que leurs valeurs, liberté, égalité, fraternité, laïcité, se confondent avec celles de la république, dans le strict respect de l'État de droit.

Si la question d'un prétendu «complot maçonnique» ne se pose pas, il est en revanche légitime de se demander comment s'exerce l'ambition d'influence des francs-maçons sur la société. Ambition qu'ils revendiquent avec fierté puisque l'idéal maçonnique demande à chaque franc-maçon de répandre sur la société profane les vérités acquises à l'intérieur des loges, et de travailler au perfectionnement matériel et moral de l'humanité.

 

L'aléatoire mesure des influences.

Reste à savoir quels sont les instruments de mesure de l'influence maçonnique dans la société et donc dans la vie politique. Toute influence n'étant efficace que si elle s'exerce par ou avec le pouvoir, on pourrait être tenté de la mesurer au nombre de ministres francs-maçons dans tel ou tel gouvernement. Ou de dénombrer les francs-maçons bien placés dans le monde de la politique, des affaires ou celui des médias. Mais, outre le fait que cet exercice est aléatoire puisque rien n'oblige un franc-maçon à dévoiler son appartenance, ce serait aussi méconnaître le sens profond de l'initiation maçonnique qui est une démarche spirituelle individuelle non quantifiable à l'aune de la représentativité sociale.

N'oublions pas non plus que si les profanes ont souvent tendance à exagérer le rôle de la franc-maçonnerie dans la société, les francs-maçons ont eux aussi tendance à s'auto-glorifier et à se donner plus d'importance qu'ils n'en ont. Ce qui ne facilite pas, non plus, la mesure de leur influence.

 

L'afflux de 1981.

En 1981, si l'on en croit les nombreux articles de presse, le premier gouvernement de Pierre Mauroy aurait compté près d'une douzaine de francs-maçons. Est-ce à dire que la franc-maçonnerie avait investi le pouvoir ? Cela pouvait tout aussi bien signifier que les socialistes avaient pris le pouvoir dans les loges. Comment expliquer cette soudaine affluence de francs-maçons dans un gouvernement, alors qu'à l'exception notable de Robert Boulin et de Philippe Dechartre ils avaient été absents des gouvernements sous de Gaulle et Pompidou et qu'un seul franc-maçon avait été ministre sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing, l'ancien Grand Maître du Grand Orient de France Jean-Pierre Prouteau ?

Ce qui s'est passé en 1981 résultait de deux phénomènes concomitants, d'une part, une coïncidence entre la composition sociologique des loges avec ce que l'on a appelé le «peuple de gauche» et, d'autre part, la tactique politique de François Mitterrand qui s'est appuyé sur les francs-maçons comme sur tous les groupes susceptibles de l'aider pour réaliser son plan de carrière. Il est évident en effet que les loges maçonniques, et celles du Grand Orient de France en particulier, constituent un concentré de la France des classes moyennes et des fonctionnaires qui ont envoyé François Mitterrand au pouvoir en 1981. Rien d'étonnant, dès lors, à ce que des francs-maçons soient entrés au gouvernement. Mais cela n'explique pas tout.

 

Mitterrand et les frères.

Pour bien comprendre pourquoi autant de francs-maçons se sont retrouvés au pouvoir ou dans les allées du pouvoir en 1981, il faut connaître les relations ambiguës que l'ancien chef de l'Etat entretenait jusque-là avec eux. Faut-il le préciser, François Mitterrand n'a jamais été franc-maçon. Au départ, même, tout l'oppose à la culture maçonnique. Né dans une famille catholique conservatrice où l'on faisait de l'antimaçonnisme son pain quotidien, élevé chez les jésuites, pensionnaire chez les pères maristes, François Mitterrand partagera la culture dominante de son milieu, avant de réaliser ce que les francs-maçons pouvaient apporter à son ambition politique. Il fera de même avec les juifs, les protestants, les catholiques, les socialistes, les communistes, l'extrême droite, les résistants, les collaborateurs, les bouilleurs de crus ou les pêcheurs à la ligne… C'est en 1958, lorsque débute sa traversée du désert après qu'il eût été plusieurs fois ministre sous la IV° République, que les ambitions de François Mitterrand vont croiser celles de jeunes loups francs-maçons atypiques.

 

La suite au dossier 19.