Je ne veux pas jouer mon Jean Méron (ses aficionados comprendront l’allusion…), mais j’avoue avoir bien rigolé en lisant, dans le dernier Trait d’Union (jamais compris ce u cap), la reprise d’un article de Laurent Grabet, de 24 heures (Berne). C’est intitulé « Egalité des sexes » (les confrères francophones suisses n’accentuent pas les capitales, et là, ils sont cohérents). Késako ou Kézako ?

Jean Méron est un orthotypographe érudit qui avait réussi à se mettre durablement à dos toute la communauté des Rencontres de Lure et quelques autres, proches du Greta, sections typo et graphisme, ou de l’École Estienne, et j’en omets. Son truc était de relever les incohérences dans les écrits de nos doctes et parfois chenus prescripteurs des bonnes formes et bons usages. J’ai donc souri en voyant des tirets incongrus dans Le Trait d’Union en lieu et place des points médians préconisés pour les orthographiquement correctes tournures du genre, c’est le cas de l’écrire, un­­­•e•s (là, j’emploie sciemment et involontairement des puces, car la combinaison Alt+183 risquerait, sauf à gonfler la force de corps, de ne pas être perçue par les presbytes).
Or donc, je n’ai ni rancune ni ressentiment envers la rédaction du Trait d’Union dans son ensemble, laquelle m’a poubellisé un papier portant sur la forme « à la suite de… »  et quelques emplois abusifs de comme sans même m’indiquer pourquoi elle me le retoquait (lu p. 16 un rassurant « présumé innocent » et non, comme cela risque de survenir « comme innocent »).
Cela arrive, et j’étais peut-être trop prolixe, ou un peu trop franc-tireur. Ou mon truc s’est égaré.
Me gausser du Trait d’Union est ici amical. Employer encore n.d.l.r. en romain, bah, pourquoi pas ? Ne pas utiliser de séparateur (esp. inséc.) pour « 4000 fr. », je veux bien le concevoir (et je n’ai pas envie de me rapporter à l’excellent Guide ex-romand pour chipoter ou non).
Et puis, tout cela est carrément hors-sujet.

Le sujet, c’est la rédaction épicène des textes officiels. Le Grand Bob indique que « enfant, secrétaire » sont épicènes. Je ne vous fais pas de dessin. Or donc, Berne (ici, c’est comme Matignon, Beauvau, ou Quai d’Orsay) s’est dotée d’un Guide de formulation non-sexiste. Asexiste, avec, ou sans trait d’union (comme agnostique), m’aurait mieux convenu de ce coté du Léman. Mais bon, à chacun ses particularismes idiosyncratiques, qui peuvent parfois prêter le flanc à controverses (d’aucunes de mes relations, d’âges mûrs, tiennent à leur « Mademoiselle »). L’avenue de la féminisation des noms de métiers reste un passage pour piétonnes en France, trop souvent, à mon humble avis. Je n’en pense pas moins que ce passage gagne à être, un temps, obligé, mais dispensable à la longue. Quand les trois-quarts, voire 80 % des profs seront des proffes, écrire « Mademoiselle ou Madame le Professeur » ne me semblera plus trop égalitairement incorrect. Mais cela se discute, j’admets.
En revanche, p. 12, un « le cause » m’a interloqué. Anglicisme ou franglais ou manifestation de mon ignorance crasse de l’existence du syntagme nominal masc. homonyme ? Le site FranceTerme étant en drapeau (à l’arrêt, par extension), je cale. Peut-être dans la soute qui m’emportera, pour cause d’effronterie, vers le Québec, la Belgique (via un canal), ou la Suisse (vers Mulhouse-Bâle), en déportation. Pour tenter d’atténuer ma peine (toute relative, j’affectionne ces trois pays), je termine en signalant que le trimestriel de l’Association romande des (correctrices et) correcteurs d’imprimerie est disponible, sur le site de l’Arci, en PDF :
http://www.arci.ch/tdu.html
(si vous ne distinguez pas les mots de l’illustration, voyez la p. 21).