Un ami africain me dit un jour : « c’’est incompréhensible ! Ici en France, vous avez tout et pourtant vous avez toujours l’air maussade, la mine renfrognée, une humeur insupportable et rien ne semble trouver grâce à vos yeux ». Je me suis retenu de lui dire que, oui, globalement, c’est un peu comme cela qu’on était vu de l’extérieur…

Un peu surpris de sa réflexion quand même, je lui demande alors ce qui me vaut ce constat sans appel (et sans nuances). « Et bien, me répond-il, il semble que vous ne voyez, en toute circonstance, que les aspects les plus négatifs de l’existence : vous avez un travail, il ne vous convient pas ou il ne paye pas assez, vous avez de l’argent, mais pas suffisamment, il fait beau, vous vous plaignez de la chaleur, il fait froid, vous rêvez de la canicule ». Je ne pu que constater qu’il n’avait pas tout à fait tort… Je finis par reconnaître bien volontiers que la vie nous ayant épargnée la misère qui sévit dans la plupart des pays, nous étions un peu des enfants gâtés pourris.

Il me dit alors « certes, il ne faut pas toujours accepter les choses comme elles sont, vous avez fait la révolution pour changer la condition des gens dans votre pays et c’est merveilleux, mais vous n’apprenez pas à regarder ce qu’il y a de beau dans l’instant. Dans la vie, il faut toujours chercher la fleur dans le tas d’ordures ».

J’ai trouvé l’expression magique. C’est tout à fait cela. Au lieu de passer notre temps à voir ce qu’il y a de plus désagréable, peut-être suffit-il d’inverser son regard et chercher, au contraire, ce qu’il y a de beau dans ce que nous sommes en train de vivre. Certes, cela ne va pas changer le monde, mais, en tout cas, cela amoindrira le poids du quotidien. Et donnera un peu de poésie à l’instant, quel qu’il soit.