Sans compétences et encore moins de goût pour me compromettre dans des différends dogmatiques,  je vous propose de survoler avec un regard serein une toute petite partie du chemin parcouru par la femme à travers le culte religieux qui a façonné l’Occident.    Si le binaire reste maître dans la marche de l’Univers et que le choix existe alors entre le bien et le mal, il n’en reste pas moins vrai que l’équation à plusieurs inconnues de la vie est longue et parfois difficile à résoudre.   

Quel postulat  a tenté d’établir que le rôle de responsable ou coupable idéale incombait à la femme depuis la Genèse ?  

Tout le monde connait le symbole qui veut qu’Adam ait fait don d’une de ses côtes  à celle qui emmena l’Humanité dans la tourmente,  à cause d’une pomme.   Pas seulement, puisque le serpent a aussi pris une part de responsabilité non négligeable qu’il assume depuis,  puisqu’il a été condamné à ramper pour toujours.  

Enfant, l’image me glaçait.  
Allez savoir si elle n’a pas été l’élément déclencheur de mon aversion pour les pommes. 

Dans le christianisme, la corruption originelle a  définitivement entaché le genre humain,  qui peut éventuellement racheter la faute par le baptême.  

Mais ce rite initiatique n’élimine pas pour autant les péchés à venir.

 

Peu importe que les religions soient monothéistes ou  polythéistes,  il en ressort que les dieux ou le dieu se sont disputé l’Homme en intégrant leur esprit d’une notion de dualisme, le Bien et le Mal, qu’eux seuls étaient susceptibles de déterminer mais surtout de juger puisqu’ils étaient nantis de la force suprême. Je me demande même si les choses ne se sont pas compliquées avec l’émergence du dieu unique.

 

Toutefois, sur la noblesse du champ philosophique assorti de l’incontestable richesse historique,  est venue se greffer la manipulation humaine dont certaines  bassesses ont conduit aux dérives et tragédies.     

J’ai choisi sciemment de me cantonner au christianisme qui a imprégné les sociétés française et  européenne,  dans la mesure où nos frontières ont souvent varié au gré des victoires ou défaites militaires.

 

Le tissu social a toujours été le tremplin des prédicateurs.   

Si,  à travers les siècles,  la vertu a été le commun dénominateur ; il apparaît que compréhension et  indulgence n’ont pas été à proprement parler des valeurs sûres. Les prédicateurs faisaient facilement autorité sur des populations illettrées. 
Ils ne lésinaient pas sur des subtilités de plaidoiries et autres supercheries pour impliquer Dieu dans leurs manœuvres parfois ignobles.  
Le même acharnement les animait quand il s’agissait de barrer la route à la Science dont la progression venait heurter leur autoritarisme, ce qui eut pour effet de ralentir, voire d’anéantir,  les applications  des découvertes, car les cerveaux de l’époque devaient éternellement jongler avec la colossale susceptibilité des chefs religieux.  

 

Par définition, la Femme considérée comme impure, est tenue écartée de l’exercice du culte. 

 
Pour mémoire, par sa lettre « Ordinatio Sacerdotalis » de 1994, la Papauté rappellera sa position ferme sur ce point  à la suite de l’ordination des femmes par l’Eglise anglicane. Refus sans appel. Des théologiennes féministes avaient alors réagi en rappelant au Vatican que les femmes avaient joué un rôle de premier plan dans la vie du Christ, et tout particulièrement dans sa Passion. Le Vatican est resté sourd à leurs arguments.   
 
L’exclusion des femmes du sacerdoce semble avoir sa source dans une antinomie entre leur sang et le sacré.  Leur supposée « impureté » a surtout justifié de les tenir à l’écart du Pouvoir Sacré. 
Le plus important de tous ! La société dominée par l’homme ne peut  le tolérer.

 

Si ce n’est pas un fantasme masculin, cela y ressemble. 

 

A la grande différence des Eglises catholique et orthodoxe, le pastorat ouvert aux femmes dans l’Eglise protestante  n’est pas un sacerdoce puisque dans ce cas il s’agit d’un laïc non consacré qui peut prêcher la parole. A ce titre, il peut se marier.    

Mais revenons aux origines du christianisme, et il judicieux de se rappeler que la femme était déconsidérée avant l’arrivée du christianisme. 

 

Le droit romain frappait toute femme d’incapacité. 

Des penseurs grecs s’étaient également laissés allés à quelques confidences bien calées. Aristote a eu la délicatesse de déclarer que « la femme était dénuée  d’esprit », et  Socrate y est allé de sa verve en déclarant à propos de son épouse qui était très laide dit-on,  « qu’entre deux maux, mieux vaut choisir le moindre ».  
C’est du moins un adage qu’on lui prête. 
S’étaient-ils disputés violemment avec elles la veille de ces fracassantes révélations ? 
 
Faisons contre mauvaise fortune bon cœur, les hommes sont parfois si délicats.

 

Pendant des siècles, la femme est passée de la tutelle de son père à celle de son mari.  

Son sort n’était pas vraiment enviable car la moindre erreur était alors impitoyablement punie, même si l’époux n’était pas une référence de droiture.

 

L’histoire rapporte que le Christ fut le premier à avoir en quelque sorte initié le droit des Femmes, en s’opposant à la lapidation de la femme adultère.

 

Le  christianisme n’est pas la plus ancienne religion du Monde, et il n’est pas possible de retracer en quelques mots 20 siècles de son histoire, qui ont aussi fait l’histoire de l’Humanité.  

De Marie à Mère Theresa, des femmes ont su exercer un rôle décisif dans l’évolution du christianisme qu’elles ont indubitablement marqué de leur personnalité. 
Et elles sont nombreuses ces femmes qui ne vécurent pas plus à l’ombre du Pouvoir qu’à celle de l’Histoire.

 

A l’origine, cette «  révolution culturelle »  va d’abord apporter un regard neuf sur la société jusqu’alors orchestrée par des mœurs païennes.  

Un code de conduite est introduit, non sans résistance et réticence des populations, que la nouvelle morale n’inspirait pas vraiment. 

 

Dhuoda, qui vécut à l’époque carolingienne, est l’auteure d’un des premiers écrits qui aient traversé le temps : « Traité d’Education ». 

Si les textes de l’époque sont rares, ceux écrits par une femme sont inexistants. 
D’une intelligence subtile, veuve, elle écrivait pour son fils, mais ce sera son petit-fils qui la lira.  
La  vie en avait décidé ainsi. 

 

Selon des historiens très sérieux, dont le très respecté Georges Duby, l’Eglise du Moyen-Age qui considérait que la femme n’avait pas d’âme, serait une légende. 

Mais une légende qui a la peau dure ! 
 
Cette controverse daterait du IVè siècle. 
Elle viendrait d’une interprétation scabreuse du concile de Mâcon (an 595),  à la suite d’une réflexion d’un évêque qui avait affirmé que « une femme ne pouvait pas être dénommée homme ».
 
Pour ceux et celles intéressés par les textes anciens, cette précision se trouve dans « l’Histoire des Francs » écrite par Saint Grégoire de Tours. 
Toutefois,  il m’apparaît absurde de considérer le peu de cas que l’Eglise se faisait de la femme au Moyen-Age,  lorsqu’on sait que cette époque a traversé mille ans d’histoire et engendré des bouleversements saisissants. 

 

On peut citer par exemple Blanche de Castille, petite-fille d’Aliénor d’Aquitaine, qui  fut régente du royaume pendant les croisades de son fils Saint Louis ;  Jeanne d’Arc  qui s’est illustrée au cours de la guerre de 100 ans ;  mais aussi Catherine de Sienne, femme de tempérament qui ordonna par trois fois au pape de quitter Avignon pour Rome. 

L’Eglise ne leur en tiendra pas rigueur puisque deux d’entre elles furent canonisées. Privée de cette consécration, Blanche de Castille, célèbre pour sa beauté et sa sagesse, aurait-elle payé les frasques conjugales de sa grand-mère ?
 

 

 

La formule « l’appétit vient en mangeant » donne par extension  « l’appétit spirituel vient en priant »,  et c’est essentiellement  par la femme que l’éducation religieuse est transmise aux jeunes enfants.  La principale vertu prêtée à la femme n’est-elle pas l’endurance ? 

 
Il faut reconnaître que si elle est plus docile pour assister à l’office, l’homme nourrit une docilité spontanée pour s’attabler à la taverne.

 

Néanmoins, si elles sont nombreuses à  avoir marqué honorablement la marche des siècles,  le nombre de celles  qui ont eu à affronter et porter le poids de l’ignorance, de l’impitoyable loi de la nature, et de la perversité non avouée d’une partie non négligeable des représentants de l’Eglise, est inestimable !

 

Ainsi, si  la femme avait l’immense privilège de  pouvoir donner la vie, parallèlement elle était considérée seule responsable si son bébé ne survivait pas. 

Elle était alors accusée de crimes imaginaires dont le Tout Puissant  la punissait en lui  reprenant son enfant. 
C’est  le « signe indiscutable », clamait alors une société désorientée et éprouvée autant par la souffrance et la détresse de la parturiente que par la disparition brutale du tout petit. C’était d’autant plus grave lorsque la mort frappait un enfant mâle, car son décès anéantissait bien des espoirs et projections qui ne peuvent trouver leur place dans le spirituel. 
 
La population était endoctrinée en ce sens par un clergé qui avait assis son autorité en monopolisant  la maîtrise de la lecture et de l’écriture dont il gardait ses ouailles soigneusement  écartés. La malheureuse  qui n’avait pas eu le temps de goûter à son nouveau bonheur, devait expier le mal qu’elle n’avait sans doute jamais commis. Tout était prévu. 
S’il se révélait qu’aucune faute récente n’avait été commise, eh bien elle était punie pour d’autres péchés qu’elle avait obligatoirement commis avant et surtout cachés. 
A contrario, l’enfant aurait survécu.   
 
De toute manière c’était le jugement de Dieu et, par définition il était  incontestable.   

 

L’Eglise instaura alors le baptême d’urgence. Mais ces nouvelles mesures spirituelles, n’eurent  pas le bon goût d’influer sur le taux de mortalité très élevé qui continuait à sévir.   

 

La détresse des mères et des familles était telle que, parallèlement au baptême d’urgence, le clergé mit en place d’autres délicatesses réservées aux familles aisées voire fortunées.   

Les pauvres et les malades n’étaient pas concernés, puisque de toute manière ils n’avaient pas droit à la rédemption.

 

L’enfant décédé pouvait « peut-être » bénéficier d’un sort moins cruel que celui réservé au commun des mortels, et le clergé proposait ou acceptait, moyennant finances, d’intercéder auprès du Divin par le biais de messes, de prières ou d’incantations. 

Le « confort » du disparu dépendait de la qualité du « don ». 
Si ce n’est pas une équation, c’est tout de même une curiosité mathématique à plusieurs inconnues.

 

Mais quoi qu’il en soit, l’enfant non baptisé, ne pouvait pas avoir accès au Paradis qui lui restait définitivement interdit.  

Vint alors l’idée de créer les « limbes »,  sans conteste plus confortables que l’enfer. 
Si la famille était fortunée,  et possédait par exemple des terres, la réussite de l’intervention n’était que meilleure.

   

 
 

Au fil des siècles, la femme a ainsi participé bien involontairement à la constitution du fabuleux patrimoine  immobilier de l’Eglise que la seule cupidité a nourri sur la crédulité et la détresse de gens anéantis par l’épreuve qu’ils et elles traversaient.

 

En France, l’alphabétisation généralisée des populations tout au long du XXè siècle a été incontestablement l’élément déclencheur  de la baisse notoire de la mortalité de l’enfant et/ou de sa mère. 

Les avancées considérables de la médecine, assistée de technologies toujours plus performantes, sont venues conforter voire finaliser cet hymne à la vie. 
Parallèlement, ces mêmes avancées sont venues altérer la toute puissante domination de l’Eglise sur la marche du siècle, dont les trop nombreuses supercheries n’ont plus fait illusion.

 

Aujourd’hui, la femme reste profondément affectée par la mort de son enfant, et elles sont nombreuses à souffrir en silence, parce que la société ne veut pas voir souffrir, ne veut plus entendre souffrir. 

Elle n’a plus le temps… 
J’en connais qui puisent leur réconfort et leur force dans leur croyance en un Dieu bon, généreux et rédempteur.
 

 

Tout le mystère de la philosophie d’une doctrine qui aurait été désacralisée pour avoir trop déconsidérer. 
 

Si je ne suis pas croyante, je ne suis pas athée pour autant. 
Je ne saisis pas bien le sens du mot « athée » parce que je pense que les humains croient obligatoirement en quelqu’un ou en quelque chose.

Je reste agnostique et je pense que la mort est le transfert de l’esprit vers une autre dimension.