Au 20e siècle, il y avait en Europe, les régimes qui vous fusillaient ou vous envoyaient dans les camps en Sibérie si vous manifestiez un désaccord quelconque avec eux.

Ce modèle de totalitarisme s'est révélé inefficace, et il a progressivement disparu d'Europe, et tend à reculer dans le monde.

Mais depuis, le plus formidable instrument technologique d'une parfaite dictature s'est répandu dans tous les foyers : la machine à formater les esprits et à fabriquer les opinions.

Les dictatures de jadis vous empêchaient de vous exprimer, mais elles ne vous empêchaient pas de penser. C'est pourquoi, elles se sont effondrées, ou vont prochainement s'effondrer.

La dictature des médias n'empêche nullement l'individu de s'exprimer, elle cherche à contrôler sa pensée.

Il convient de donner un petit exemple, un peu polémique mais parlant : le tabac. Attention, le but n'est pas d'entrer dans un débat pro/anti, mais simplement de montrer que la télévision vous a pris pour des idiots.

Nous avons tous vu la pub, à la télévision, avec une personne qui a fumé 1000 clopes dans l'assenseur, et quelques milliers un peu partout. À la fin, on vous dit : "c'est beaucoup, surtout pour quelqu'un qui ne fume pas".

N'importe quel spécialiste digne de ce nom peut vous dire qu'il est impossible d'avoir une idée quelquonque de l'équivalent en cigarettes fumées  pour un fumeur passif ! Trop de paramètres entrent en jeu (aération et taille des pièces, distance entre le fumeur et le fumeur passif, température de l'air…). Quand je dis qu'on ne peut avoir aucune idée, c'est-à-dire que ce nombre peut-être 50 aussi bien que 10000 (sauf si vous êtes fumeur, auquel cas on pourrait compter).

Et pourtant, cette publicité qui ne donne aucune information a convaincu. Les gens ne savent rien sur le tabac, ils n'ont que l'opinion que la télé leur a fabriqué (mis à part une poignée de médecins spécialistes, qui ont une opinion crédible, mais qui ne s'accordent pas sur tous les points).

 

Le même constat peut être fait sur les accidents de la route : la propagande sur le radars a convaincu un certain nombre qu'ils étaient efficaces. Mais ont-ils regardé les statistiques ?

Commentons-les ensemble.  Il a été constaté, après la mise en place du dispositif de racket des automobilistes, une baisse du nombre de tués, certes significative, mais légère.

Mais, dans le même temps, ont été mises en circulation, des automobiles bien plus performantes en matière de sécurité. Souvenez-vous, c'était l'époque où les airbagset l'ABS se sont répandus. L'inovation technologique a été, à coup sûr, un facteur de baisse.

Mais a-t-il été mentionné dans la rubrique sécurité routière, au journal de 20h ?

 

Un exemple de publicité totalement inutile d'un point de vue "information" (propagande), et un exemple de mensonge par ommission des médias qui n'est pas le fruit du hasard, mais qui sert seulement à orienter votre opinion.

 

On continue ?

Il n'y a pas seulement les ommissions et les publicitées trompeuses.

Les médias déterminent le résultat d'une élection présidentielle !

Une étude marrante a été faîte en Suisse : Elle consistait à compter le nombre de fois où le nom d'un candidat était cité dans les médias. On obtenait finalement des pourcentages (Sarkozy 33%, Royal 26%, Bayrou 18%…). Mes chiffres ne sont pas exacts, mais il s'est avéré que les pourcentages obtenus correspondaient à très peu de choses près au résultat final de l'élection !

Pur hasard ? Avouez que ce serait un peu tiré par les cheveux.

Cette similitude vient du fait que les électeurs ne réfléchissent pas à ce que dit un candidat, ils avalent ce qu'ils voient et entendent : plus ils écoutent un candidat qui leur promet le meilleur des mondes, plus ils sont convaincus de voter pour lui. En psycologie, on appelle cela la méthode Coué.

Prenons un exemple simple : la campagne de Sarkozy sur le pouvoir d'achat, à laquelle il doit quelques millions de voies.

On se souvient tous de la phrase : "je serais le président du pouvoir d'achat", phrase qui a rassemblé quelques millions d'électeurs.

J'en appelle à vos souvenirs : qu'a proposé le candidat du pouvoir d'achat, comme mesure, pour améliorer le pouvoir d'achat ? Rien ! Il a juste dit qu'il comptait l'améliorer, et ça a suffit.

Bien sûr, six mois après, comme il n'avait pas de solution (il n'en a d'ailleurs jamais eu), il nous sort : "qu'attendez-vous de moi ? Que je vide des caisses qui sont déjà vides ?", ce qui convainc encore une fois quelques millions moutons, qui n'ont même pas pensé que les caisses étaient vides parce qu'il avait sorti son bouclier fiscal !

Petite explication pour, encore une fois, ne pas entrer dans le débat pour/contre le bouclier fiscal : que la mesure soit justifiée ou pas, nul ne peut contester qu'il a coûté de l'argent. Le choix a été fait (à tord ou à raison) de dépenser des fonds publics de cette manière et pas d'une autre. Choix que le pouvoir en place aurait dû assumer, pour rester honnête, au lieu de s'abriter derrière : "les caisses sont vides".

 

Dans nos grandes démocraties, c'est seulement après avoir formaté l'esprit du peuple avec des publicitées vides de sens et des informations trompeuses qu'on lui demande son avis.

Excellente initiative !

On peut ainsi appeller le régime "démocratie".

Naturellement, le peuple, dépourvu de toute information digne de ce nom, et, pour majeure partie, incapable de toute analyse, fait ce pour quoi la télévision l'a programmé : il vote dans le sens des médias.

 

Un contre-exemple intéressant parce que, pour une fois, le peuple a flairé l'arnaque, et je pense qu'il éclaire mon propos. Il faut dire que c'était gros comme une maison.

C'est celui du traité Européen soumis au référendum : un exemplaire a été envoyé à chaque citoyen, un texte juridique imbuvable de 50 pages, que seuls des spécialistes en droit pouvaient comprendre.

Il ne fait aucun doute que, sur ce scrutin, 99% des citoyens n'ont pas compris le contenu du texte (moi y compris), ils étaient donc inaptes à voter ! Je ne vois pas l'intérêt de donner une réponse à une question que je n'ai pas comprise.

Là, comme d'habitude, les Français n'avaient rien compris, mais ils savaient qu'ils ne comprenaient rien (d'habitude, ils ont l'impression de comprendre).

Ils ont donc dit NON.

Pas grave, me direz-vous, il a suffit de changer le nom en "traité simplifié", et de faire passer ça par le parlement, et le tour est joué.

 

Je vois d'ici des discours du type : "vous crachez sur la démocratie !", "peut-être préférez-vous une dictature ?"

Mais la démocratie ne se limite pas à balancer un bulletin dans une urne, encore faut-il savoir pourquoi on vote ! Si je vous demande votre avis en Hébreux (ou en Chinois pour ceux qui parlent Hébreux), ça vous fera une belle jambe !

Oui! Je dis qu'en France, pays où la moitié du peuple est incapable de toute réflexion politique, le droit de vote n'apporte strictement rien.

Je dis que le peuple ne sait pas réfléchir ?

Je vous en donne pour preuve le résultat des dernières élections présidentielles !

 

Terminons par une petite phrase très évocatrice d'un grand industriel (Ford), déjà cité sur C4N : "Si le peuple comprenait le système bancaire ce soir, nous aurions une révolution demain matin !"

Mais les grands de ce monde peuvent dormir sur leurs deux oreilles : ce n'est pas demain la veille !