En écrivant « la désobéissance civile » en 1849, l’Américain Henry David Thoreau se doutait-il que ses principes seraient suivis plus de 150 ans plus tard dans notre pays.
Le mensuel Regards d’octobre consacre un dossier à ce sujet.
Le sociologue Albert Ogien et la philosophe Sandra Laugier montrent dans leur ouvrage « Pourquoi désobéir en démocratie ? » comment cette notion est devenue plus actuelle que jamais. Ils voient dans cette contestation individuelle une méfiance par rapport aux partis politiques et aux syndicats. Mais aussi, ils y voient un refus de la logique du résultat à l’école, à l’hôpital … Une façon de s’opposer à l’état de plus en plus inhumain.
La désobéissance est-elle un refus de la démocratie ? A ce moment-là que pensez des Justes qui ont sauvé des Juifs au péril de leur vie ? Gandhi et Martin Luther King n’ont rien fait d’autre que de résister pacifiquement parce que s’ils n’avaient pas le droit pour eux, ils avaient la morale de leur côté. Que peut faire l’agent de pôle emploi contre l’absurdité de ce qu’on lui demande de faire ? Refuser de signaler à la préfecture les étrangers qui viennent s’inscrire. Que peut-on reprocher à cet agent d’ERDF qui rebranche en douce les foyers dont l’électricité a été coupée ? Ou cette caissière de supermarché qui fait crédit à des personnes en difficulté avant d’être licenciée ?
Comme on pense que notre bulletin de vote ne changera pas les choses, on essaie d’agir sur le quotidien par des petites actions citoyennes.
Là où je verrais une limite à ce principe c’est à propos des faucheurs de champs d’OGM et quand on offre l’asile à une personne soupçonnée de meurtre comme ce fut le cas pour Colonna. A chaque fois, c’est un cas de conscience et on trouve en soi un courage qu’on ne soupçonnait pas.
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Bonsoir Vieilleforge,
J’ai lu votre article avec grand intérêt.
En effet, je me sens davantage d’affinités avec ce chemin-là qu’avec une révolution sanglante.
C’est l’histoire d’Antigone, la conscience morale contre l’ordre établi quand celui-ci est injuste.
[url]http://fr.wikipedia.org/wiki/Antigone_(Anouilh)[/url]
« Antigone est la fille d’Œdipe et de Jocaste, souverains de Thèbes. Après le suicide de Jocaste et l’exil d’Œdipe, les deux frères d’Antigone, Étéocle et Polynice se sont entretués pour le trône de Thèbes. Créon, frère de Jocaste et – à ce titre – nouveau roi, a décidé de n’offrir de sépulture qu’à Étéocle et non à Polynice, qualifié de voyou et de traître. Il avertit par un édit que quiconque osera enterrer le corps du renégat sera puni de mort. Personne n’ose braver l’interdit et le cadavre de Polynice est abandonné à la chaleur et aux charognards.
Seule Antigone refuse cette situation. Malgré l’interdiction de son oncle, elle se rend plusieurs fois auprès du corps de son frère et tente de le recouvrir avec de la terre. Ismène, sa sœur, informée de sa décision, refuse de la suivre, craignant sa propre mort.
Très vite, Antigone est prise sur le fait par les gardes du roi. Créon est obligé d’appliquer la sentence de mort à Antigone. Après un long débat avec son oncle sur le but de l’existence, celle-ci est condamnée à être enterrée vivante. Mais au moment où le tombeau va être scellé, Créon apprend que son fils, Hémon, fiancé d’Antigone, s’est laissé enfermer auprès de celle qu’il aime. Lorsque l’on rouvre le tombeau, Antigone s’est pendue à sa ceinture et Hémon, crachant au visage de son père, s’ouvre le ventre avec son épée. Désespérée par la disparition du fils qu’elle adorait, Eurydice, la femme de Créon, se tranche la gorge. » …/…
…/…
J’ai lu aussi le livre de François Roux, avocat « En état de légitime révolte » (Indigène Editions – 2002).
[url]http://www.non-violence-mp.org/actionnv/legitimerevolte.htm[/url]
« En état de légitime révolte
Par François Roux, Indigène Editions, 2002, 128 p.
C’est dans la filiation d’Antigone, de Marie Durand, martyre protestante, mais aussi de Gandhi et de Lanza del Vasto que s’inscrit l’avocat François Roux dans cet ouvrage.
Ce grand voyageur de cinquante-deux ans aux racines cévenoles exerce le droit avec la ferveur de sa foi. Suivre ses combats d’un bout à l’autre de la terre, aux côtés des objecteurs de conscience, des paysans du Larzac, du leader kanak, Jean-Marie Tjibaou, de José Bové, c’est relire la seconde moitié du XXe siècle à travers les visages de la révolte.
Révolte de la conscience morale quand l’injustice se fait loi. » On a le droit mais aussi le devoir de se révolter « , plaide François Roux qui voit désormais dans les institution judiciaires supranationales – Cour européenne des droits de l’homme, Tribunaux pénaux internationaux et demain Cour pénale internationale – des recours inédits pour les Antigone et les Tjibaou de demain.
L’auteur
Un avocat français qui s’est engagé dans les luttes sociales raconte les grandes causes auxquelles il a été mêlé: du plateau du Larzac à la Nouvelle-Calédonie et au Rwanda, de Jean-Marie Tibaou à José Bové. Un plaidoyer pour le droit de se révolter contre l’injustice et un appel au développement des institutions judiciaires internationales. »
Vous avez cité Gandhi et Martin Luther King.
N’oublions pas non plus Mandela, et tant d’autres…
Concernant Yvan Colonna, je vous invite à lire ces articles :
[url]http://gpfontaine.wordpress.com/2010/08/28/colonna/[/url]
[url]http://www.bakchich.info/Yvan-COLONNA-Coupable-ou-Innocent,06683.html[/url]
[url]http://www.yvan-colonna.com/joomla/index.php/les-depeches/291-mediapart[/url]
Concernant les OGM, j’ai l’intention de faire un prochain article.
Mon cher Vieilleforge,
[u]Votre article pose indubitablement une question cruciale :[/u]
[b]La France est-elle en état de légitime révolte ?[/b]
A vos plumes, citoyens !
Ce sont des petits pas, mais cela prouve que les gens ne sont pas décidés à se laisser faire.
Merci pour votre article, et vos références… que j’irais regarder! ^^
Pourquoi cette exception pour les faucheurs d’OGM ? Parce qu’ils ont eu le tord d’avoir raison trop tôt ?
Un faucheur volontaire d’OGM.
Correction: ont-ils eu tort …