Comme le héros de son livre dans « une journée d’Ivan Denissovitch », Soljenitsyne a du se rappeler les longues journées dans le camp, cet endroit où il a appris sur le tard à marcher droit sans jamais faiblir.

Arrêté en 1945 pour avoir critiqué Staline, il avait été condamné sans jugement au Goulag à 8 ans de déportation en Sibérie.

Qu’à cela ne tienne : après de brillantes études scientifiques et une carrière militaire couronnée pendant la seconde guerre mondiale, il décide d’y apprendre un nouveau métier. Il sera maçon !

Reclus pour 3 ans supplémentaires au Kazakhstan, les médecins lui découvrent un cancer. Il continue de vivre et d’écrire comme si de rien n’était ! Et le cancer se résorbe de lui-même.

 

 

Son cas est réexaminé en 1957 par le Tribunal Suprême. Pour unique défense, il se contente de lire son propre livre « Une journée d’Ivan Denissovitch », et ose ainsi dévoiler à tous la vie dans les camps… Il est réhabilité.

Entre dégel politique et durcissement du Goulag, il plaide pour l’abolition de la censure.

Pendant longtemps, « Le Pavillon des cancéreux » et « le premier cercle » ne circuleront que sous le manteau. Alors qu’en France, ils sont publiés en 1968 et primés.

Il refuse alors d’aller à Stockholm, de crainte de ne plus pouvoir rentrer dans son pays, tandis qu’il vient de recevoir le Prix Nobel de littérature.

Son pressentiment sera fondé. Les autorités l'expulsent peu après "l'Archipel du Goulag" vers l’Occident jusqu’en 1994.

Qu’il soit en exil, ou de retour dans son pays, il continue de fustiger, ici , la société de consommation, là-bas, l’ostracisme permanent des autorités russes.

 

        Grincheux et pessimiste en matière d’Histoire et de Politique pour la société, Soljenitsyne s’est sans doute une dernière fois souvenu combien la nature de son pays est rude, mais si apaisante pour les cœurs simples qu'il aimait tant décrire dans ses livres.

 

Il n’aura eu de cesse que de rester près de la nature pour se blottir et se réfugier « dans la maison de Matriona », au plus profond de cette Russie dont il aura sans cesse recherché l’âme, par delà tous ses malheurs.