C’est curieux les Dames ! Il faut toujours se demander si on les a rendues heureuses…(J.Anouilh)


 

Née des Amours d’un père Corrézien et d’une mère Basque,  Martine Delors voit le jour à Paris le 8 août 1950.

Trois ans plus tard, la petite famille s’agrandit  avec l’arrivée d’un frère, Jean-Paul.  

 
Scolarisée dans l’enseignement privé catholique, puis au lycée public Paul-Valéry de Paris, elle poursuit ses études à l’Université Paris II Panthéon-Assas où elle décroche une licence de sciences économiques.  
Diplômée de l’Institut d’études politiques de Paris en 1972, elle intègre l’ENA (promotion Léon Blum) de 1973 à 1975 et en sort administratrice civile  au Ministère du Travail et des Affaires Sociales.  
 
En octobre 1973, elle épouse en premières noces Xavier AUBRY.  
 
Parallèlement, elle milite à la CFDT, enseigne à l’ENA en 1978, puis est détachée au Conseil d’Etat entre 1980 et 1981. 
Après l’élection de François Mitterrand, elle poursuit discrètement sa carrière au Ministère du Travail et des Affaires Sociales et se fait remarquer par la qualité de son travail. 
Elle est amenée notamment à rédiger  les lois « Auroux » qui  orchestrent  les relations dans le monde du travail, mais reste cependant inconnue du grand public.

 

 

 

 

En 1991, le premier ministre Edith Cresson la nomme Ministre de l’emploi, du travail et de la formation professionnelle; poste qu’elle occupe  avec un succès tout relatif  jusqu’en 1993, qui voit la victoire de la Droite aux législatives. 

 
Concomitamment, la période vit une montée inquiétante du chômage.  
Elle ne souhaite pas se présenter aux élections législatives, pas plus qu’aux élections  européennes l’année suivante. 
 
C’est en 1991 qu’elle déclare « ne pas croire qu’une mesure générale de diminution du temps de travail créerait des emplois »  (Rosalie Lucas, Marion Mourgue, Martine Aubry : les secrets d’une ambition, Éditions Archipel, 2011, p. 39).

 

 

En 1993 elle crée, en partenariat avec les collectivités locales et autres acteurs associatifs et institutionnels, la  FONDATION AGIR CONTRE L’EXCLUSION dont  l’acronyme FACE fait désormais référence. 

Reconnue d’utilité publique et présidée aujourd’hui par Gérard Mestrallet, qui n’est autre que le PDG de GDF SUEZ, l’objet de cette fondation est de faciliter l’insertion par l’emploi. 
Elle regrouperait plus de 3 500 entreprises locales et nationales.    

Je reste néanmoins interrogative sur la réelle performance de cette fondation, à l’instar de tant d’autres d’ailleurs  http://www.fondationface.org/faceframe/face-presentation-intro.php, nonobstant un partenariat d’entreprises qui me laisse pensive http://www.fondationface.org/faceframe/face-entreprise-partenariat.php

 

En 1995, Pierre Mauroy lui propose le poste de première adjointe à la Mairie de Lille. 

Six ans plus tard elle lui succède au poste de Maire, mais considérée comme parachutée, ses débuts sont tourmentés.  
 
Toujours en 1995, Dominique Strauss Khan et Elisabeth Guigou lui suggèrent de se présenter à l’élection présidentielle.  
Âgée alors de 45 ans et s’estimant trop jeune, elle décline la proposition. 
 
De concert avec Claude Allègre, elle élabore dans un premier temps le programme du candidat  Lionel Jospin, pour devenir ensuite son porte-parole, mais  battu par le candidat Chirac, Lionel Jospin devient par la suite Premier secrétaire du parti socialiste. 
Martine Aubry est pressentie pour devenir son second, poste qu’elle refuse d’intégrer.  
 
En 1997, la Gauche est de retour au gouvernement et Lionel Jospin devenu Premier Ministre la nomme Ministre de l’Emploi et de la Solidarité. 
C’est cette même année qu’elle lance les « emplois jeunes » et la « Couverture Maladie Universelle (CMU) », puis démissionne de son poste  en 2000 pour se consacrer aux élections municipales de Lille.  

Suite à une mesure préconisée par Dominique Strauss Kahn, et pour lutter contre un chômage exponentiel,  une première loi en juin 1998, suivie d’une seconde en janvier 2000, fixent les règles du passage aux 35 heures. 
 
Si Martine Aubry ne fait que contribuer à la mise en place des 35 heures, elle se voit néanmoins attribuer l’AOC « Dame des 35 heures » et ses relations avec le patronat s’en trouveront affectées.  
 
La faillite rapide de l’épisode  « emplois jeunes » entachera durablement sa réputation. 
Elle sera accusée d’avoir exclu les jeunes de la société en les enfermant dans des emplois bidon.
Il n’est toutefois pas interdit de considérer une autre hypothèse, à savoir : comment faire sortir les exclus des statistiques du chômage. Technique éprouvée s’il en est.  
 
Le rapport DARES de décembre 1999 cible directement les associations d’insertion créées par Martine Aubry (ETTI – Entreprises de Travail Temporaire d’Insertion), lesquelles associations étaient subventionnées pour  placer des chômeurs. 
Ce rapport établit que 220 ETTI avaient placé 34 300 chômeurs pour un équivalent de  4 050 travailleurs à plein temps. 
 
Dans une enquête effectuée par l’IFRAP de 1999 à 2001, un médiateur de la RATP confesse s’être senti satisfait d’avoir pu orienter dans le métro en une journée 10 passagers (dix), alors que dans un même temps, des bac +7 avaient trouvé un emploi d’appariteur d’accueil dans quelques Palais de Justice.   

 

En mars 2004, Martine Aubry épouse en secondes noces l’avocat lillois et homme politique Jean-Louis Brochen, lequel  se présente comme défenseur de la liberté d’expressions.  

 
Entre-temps, la CGEP « COMPAGNIE DE GESTION DES EMPLOIS PARTAGES», est liquidée non sans un parfum de scandale financier le 30 janvier 2004 suite à une déclaration de cessation de paiement portant sur un passif de 7.6 millions d’euros. 
Créée par Martine Aubry pour gérer les emplois jeunes de la RATP et la SNCF, ces emplois étaient subventionnés à hauteur de 15 000 € par an et par emploi.    
 
Selon Christophe Dubois (Le Parisien du 27 février 2005), un certain nombre d’intérêts privés, profitant d’un manque de contrôle généralisé,  se seraient aimablement servis de l’argent public. 
 
Le Comité d’Entreprise de la CGEP aurait dénoncé un « système de sous-facturation permanente au profit de la RATP »,  « la production de faux bilans comptables »,  « abus de notes de frais », « primes de départ conséquentes à des cadres ayant fait un passage éphémère »,  et « des emplois fictifs de complaisance ». 
 
La RATP « aurait » fait les avances de trésorerie pour renflouer les caisses.

 

 

 

 

Faisant ressortir dans le programme du parti socialiste courant 2011,  l’idée de la création de 300 000 emplois jeunes, pieusement qualifiés alors  « d’emplois d’avenir », Martine Aubry présume-t-elle que tous les Français souffrent d’anosognosie ?  

 
Interrogée  le 4 avril 2011 sur I TELE, elle traduisit parfaitement sa vision énarchique de la société, et  allégua comme exemple  d’emploi jeune : « établir des bilans énergétiques ».  
 
Voilà aphorisme qui ne saurait déplaire à Eva Joly et autres Cécile Duflot.    
 
Cependant, à la décharge de Martine Aubry, il faut reconnaître que la Droite n’a pas mieux fait.  

Une fois devenu Président, Nicolas SARKOZY  a tenté  de combler le trou de financement de créations d’entreprises http://www.ifrap.org/Trou-de-financement-en-amorcage-des-entrepreneurs-temoignent,1183.html  par le biais de l’ISF-TEPA http://www.ifrap.org/Loi-TEPA-et-ISF-quelle-efficacite-sur-l-emploi-et-les-PME,11606.html  sans comprendre, ou en faisant semblant d’ignorer que ce pouvoir tutélaire ne serait efficace que si on mettait à dispositions des fonds suffisants pour créer des entreprises viables.

Or, sans investisseurs privés, l’Etat n’est pas capable de sélectionner les projets d’entreprises et, par définition, là n’est pas sa vocation.

 

A ne pas avoir su ou voulu combattre les poncifs qui lui étaient modelés,  la Dame des 35 heures a hypothéqué toute chance de crédibilité.   

 

 


Voilà pourquoi, la Gauche ne réussira pas à résoudre le problème du chômage et, si elle devait passer avec un tel programme, la Droite serait assurée de revenir au pouvoir en 2017.

 

Quant à la France….