On l’oublie souvent, mais la culture est un énorme vecteur d’emplois et de croissance économique. De trop nombreuses personnalités politiques plaident régulièrement pour la fin des subventions afin de rééquilibrer les finances publiques. Or, ces subventions rapportent bien plus qu’elles ne coûtent. En effet, aussi bien les institutions publiques (opéras, musées…) que les grands acteurs du secteur et du numérique (Orange, Vivendi…) ont un impact largement positif sur leur environnement économique. Par exemple, à l’Opéra de Lyon, pour 29 millions d’euros de subventions, les retombées économiques s’élèvent à 80 millions.

 

 

Il serait temps que les politiques le réalisent, la culture a un énorme poids dans l’économie nationale et européenne. Ce secteur représente 57,8 milliards d’euros en France, soit 3,2 % du PIB et 670.000 emplois, selon une étude rendue publique en début d’année. Cette somme correspondait, pour l’année 2011, à la valeur ajoutée de l’agriculture et des industries alimentaires (60,4 milliards d’euros). 


Les autres pays européens ne sont pas en reste. En Grande-Bretagne, les «industries créatives», qui comprennent les filières du cinéma, de la télévision et de la musique, pèsent 71,4 milliards de livres (86,3 milliards d’euros) et 1,7 million d’emplois. Outre-Rhin, l’économie de la culture est aussi le deuxième secteur d’activité après l’auto­mobile.

 

C’est pourquoi la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, rassemblera, les 4 et 5 avril à Paris, lors du premier ­Forum européen sur la culture, politiques et professionnels de l’UE pour peser sur l’avenir des politiques culturelles. Co-financé (entre autres) par Vivendi, Orange et la Sacem, cet événement combinera un sommet ministériel et des conférences sur les grandes questions de politique culturelle de l’UE.

 

La politique culturelle a une importance primordiale, notamment dans la bataille pour l’emploi. En effet, selon le Conseil d’Analyse Stratégique, il se créera 716.000 emplois dans l’ensemble des «services à la personne et à la collectivité», d’ici 2030. Parmi ce, 158.000 emplois relèvent des activités culturelles, récréatives et sportives, avec un taux de croissance de 24%.

 

Alors, va-t-on enfin sortir de la démagogie consistant en permanence à protester contre les subventions aux industries culturelles?